A Séoul, des architectes ont conçu un immeuble où les gens et notamment les couples peuvent vivre séparément. Cette tendance pourrait-elle émerger en France ? Sommes-nous prêts à vivre avec notre ex ? Le sociologue Jean-Marie Violeau nous éclaire.
Le micro-logement peut-il répondre à la vie quotidienne d'un couple divorcé ou séparé ? Si l'initiative de construire ce type de logement est encore loin de prendre le chemin en France, l'agence d'architecture internationale "SsD architecture + urbanism" a inventé en Corée du Sud un concept de bâtiment quelque peu original.
Composé de deux unités reliées par un couloir, l'immeuble baptisé "Songpa Micro Housing" imaginé à Séoul vient d'être dessiné dans une seule optique : Faire face notamment aux changements de vie comme le divorce ou la séparation dans un couple, rapporte les porteurs du projet.
Composé de deux unités reliées par un couloir, l'immeuble baptisé "Songpa Micro Housing" imaginé à Séoul vient d'être dessiné dans une seule optique : Faire face notamment aux changements de vie comme le divorce ou la séparation dans un couple, rapporte les porteurs du projet.
Le concept s'avère simple : le couple habitant dans cet appartement a la possibilité de l'agrandir annexant les deux unités d'une surface chacune de 11 m². Et a contrario, en cas de période de "tempête" dans le couple, il est possible de scinder en deux le logement. Ces appartements incluent également un café et un auditorium.
Flexibilité pour les utilisateurs
"Les 14 appartements qui le composent sont amovibles, et composés d'unités que l'on peut bouger à souhait", signale l'agence SsD architecture + urbanism. Avant de plaider la cause de la conception : "Ce micro-logement fournit une nouvelle typologie qui prolonge les limites de l'unité de logement pour aussi inclure la circulation semi-publique, des balcons et l'épaisseur des murs."Cette "flexibilité" permet ainsi aux utilisateurs d'occuper la construction plus longtemps et plus durablement dans les cas où ils ne souhaitent pas déménager, insiste l'agence.
Pour rappel, l'ambition initiale n'était pas de s'adresser directement aux utilisateurs séparés ou divorcés. "L'agence a souhaité créer une colonie d'artistes où les résidents pourraient interagir entre eux très facilement", indique les architectes. De plus, les unités ne sont pas forcément résidentielles, elles peuvent aussi être transformées en bureau ou en galerie d'art, estiment les porteurs du projet asiatique.
Quel avenir en France ?
L'immeuble "Songpa Micro Housing" de Séoul pourrait-il voir le jour en France ? "Effectivement, la question peut se poser, ici en pleine crise du logement mais toutefois je n'y crois guère, notre société n'est pas adaptée à ce système d'habitation", nous indique Jean-Louis Violeau sociologue et professeur à l'Ecole nationale supérieure d'architecture Paris-Malaquais. Alors qu'un couple sur cinq resterait ensemble uniquement pour des raisons financières et que deux trois divorcent en région parisienne et un sur trois en province, cette idée inspirée par ces architectes anglo-saxons est purement alternative ! La cohabitation est à mon avis une des explications de la pénurie du logement en France. Mieux vaudrait construire 70.000 logements par an en région parisienne que repartitionner des logements dans lesquels les occupants ne s'aiment pas forcément ! C'est un comble."
Fiona Meadows, diplômée de l'école d'architecture de Paris-La Villette en 1990, fondatrice d'Archi media aux côtés de Frédéric Nantois a réalisé la "maison du divorce" à Veules-les-Roses (Seine-Maritime). "C'était tout simplement le titre d'un travail en série évoluant à partir de projets de différentes natures : un triptyque vidéo, des publications, des installations interactives, des constructions… Elle se veut l'expression d'une situation organisée autour de la recherche permanente de plus d'homogénéité et d'uniformité, et de revendications pour plus d'autonomie et d'individualisme… ", ajoute Fiona Meadows dans son ouvrage 'La maison du divorce'. La maison étant elle-même depuis son origine, un lieu construit autour de ces logiques ambivalentes.