A l'heure où des mesures sont prises pour donner un coup d'accélérateur au dispositif de l'autoconsommation d'électricité dans les secteurs tertiaires, combien de Français seraient intéressés par investir dans l'énergie solaire pour leur propre compte ? Des réponses ont été apportées au cours du premier colloque sur l'autoconsommation qui s'est tenu ce mercredi.
Annoncé comme un événement pour le secteur, le 1er colloque national dédié à l'autoconsommation photovoltaïque a tenu ses promesses. Si la ministre de l'Environnement n'était pas physiquement présente pour l'ouverture de la manifestation, ce mercredi 25 mai 2016, elle a néanmoins pu faire passer une annonce importante pour le secteur.
Ainsi, Virginie Schwarz, directrice générale de l'énergie au ministère de l'Environnement, a relayé le lancement d'un appel d'offres dédié à l'autoconsommation, qui ciblera différents secteurs, industriel, agricole ou tertiaire, et sera ouvert à diverses technologies, le photovoltaïque bien sûr, mais aussi l'hydroélectricité (moulin...). D'une capacité de 50 MW, dont 10 réservés à la Corse et à l'outre mer, il concernera des projets entre 100 et 500 kW, soit environ 500 projets, a précisé la représentante de Ségolène Royal. Avant d'ajouter que le cahier des charges de cet appel d'offres sera défini avant l'été.
Jean-Louis BAL, Président du SER et Arnaud MINE, Président de SER-SOLER, se sont réjouis : « Le lancement de cet appel d'offres, que nous attendions depuis de nombreux mois, est une bonne nouvelle. Nous avons fait des propositions pour tester l'autoconsommation dans un contexte financier sécurisé. Cet appel d'offres nous semble être une première étape vers d'autres expérimentations à l'échelle d'un îlot urbain, nécessitant une adaptation du cadre réglementaire. En ce qui concerne les autres segments de marché, nous sommes désormais très impatients que la Ministre annonce les résultats de l'appel d'offres ZNI, lance les appels d'offres pluriannuels dédiés aux bâtiments et aux centrales au sol, et publie le nouvel arrêté tarifaire, pour achever de donner toute la visibilité dont notre secteur a besoin. »
Des Français intéressés mais prudents
Pour remettre dans son contexte, le « phénomène » qu'est devenu l'autoconsommation, comme l'a souligné Daniel Bour, président d'Enerplan, organisateur de ce colloque, un sondage OpinionWay a été réalisé, intitulé « Les Français et l'autoconsommation photovoltaïque »*.
En premier lieu, ils sont une très large majorité (86%) à savoir que l'on peut produire sa propre électricité grâce à des panneaux solaires. Et que produire et consommer de l'électricité avec des panneaux solaires peut surtout s'avérer moins cher que de l'acheter chez un fournisseur d'énergie (68%). La recherche d'un avantage financier est donc la première motivation des particuliers.
Des particuliers qui seraient prêts à investir (47%), d'abord pour devenir autonomes (15%), ensuite pour couvrir entre 20 et 40% de leur consommation (23%), et pour couvrir plus de 50% de leur consommation pour 9% d'entre eux. Cependant, notre le sondage OpinionWay pour Enerplan, quand on évoque la question de l'échéance de leur projet, ils ne sont que 10% à l'envisager dans moins de deux ans, contre 62% dans plus de cinq ans.
Vers un label PV Autoconsommation ?
Ainsi, trois freins principaux ont été identifiés par l'institut de sondage : le cadre réglementaire, connu par seulement 23% des personnes interrogées ; le coût financier pour 37% d'entre eux ; un manque de confiance dans les entreprises installatrices. D'ailleurs, sur ce point, ils sont 63% à déclarer qu'ils auraient plus confiance en une entreprise certifiée QualiPV. Dans une table ronde qui a suivi la présentation de ces résultats, Teddy Puaud, directeur général adjoint de l'organisme de certification Qualit'ENR, a ainsi rappelé que, si 98.4% des clients se disaient satisfaits lors de audits après installation d'un équipement PV, il y avait des craintes à avoir dans la mesure où, à ce jour, il n'existe pas d'éco-conditionnalité pour l'autoconsommation, ni d'obligation de qualification et encore peu de contrôle de la part de Consuel. « C'est un nouveau marché pour certains 'éco-délinquants' », n'a-t-il pas hésité à dire. Laissant entendre qu'un nouveau label PV Autoconsommation pourrait être créé prochainement…
Enfin, une petite moitié des répondants (49%) souhaiteraient un accompagnement de leur fournisseur d'électricité. Rappelons qu'ERDF a décidé récemment, d'agir en faveur des autoconsommateurs, en assumant le coût d'un second compteur et en avançant la mise en place des compteurs intelligents Linky au 1er janvier 2017 au plus tard.
*Enquête réalisée du 27 au 28 avril 2016 par questionnaire auto-administré en ligne sur système CAWI auprès d'un échantillon de 1.010 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.