Le cimentier Lafarge place l'innovation au cœur de sa stratégie de développement afin de proposer de nouveaux produits et de nouveaux services dans les prochaines années et créer des sources de profit plus importantes. Bruno Lafont, le président-directeur général, explique l'orientation qu'entend suivre son groupe.
"Le groupe Lafarge est engagé dans une dynamique de transformation profonde depuis plusieurs années. Notre activité dans les pays émergents est plus importante et nous nous sommes recentrés sur les ciments et le granulat-béton", explique Bruno Lafont, le président-directeur général du cimentier français. "Nous avons opéré un changement dans notre organisation, qui n'est plus orientée 'business' mais 'pays', au plus près des marchés", précise le dirigeant. L'entreprise a entamé une mutation au cours des dernières années : en 2005, Lafarge réalisait 18 % de son chiffre d'affaires dans les éléments de toiture et le plâtre, la cession de ces activités (le plâtre devenant Siniat) a permis un recentrage sur l'activité ciment, qui, de 48 % a grimpé à 66 % du CA en 2012. Géographiquement, durant la même période, les pays émergents sont passés de 32 % du CA (2005) à 59 % du CA (2012), imposant, là encore, un déplacement du centre de gravité.
Politique de R&D mondiale
"Dans le cadre du plan stratégique 2012-2015, nous espérons réaliser 1,3 milliard d'euros de réduction de coûts et 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires supplémentaires, grâce à l'innovation", annonce Bruno Lafont. "Ce qui se traduira par 450 M€ d'EBITDA* additionnels, dont 80 M€ en 2012 et 200 M€ en 2013. Ils proviendront de nos produits nouveaux (30 %), de nos nouveaux services (30 %), de l'efficacité accrue de notre organisation (15 %) et de notre développement sur des segments de marché spécifiques comme les routes, l'industrie du pétrole et du gaz, ou le logement à bas coût". Pour y parvenir, Lafarge a donc mis en place une politique de recherche et développement d'envergure, avec des investissements continus : ils étaient de 118 M€ en 2012 pour un effectif de 1.000 personnes impliquées. "Notre organisation globale et locale doit nous permettre de mieux répondre aux contraintes et de pouvoir développer des partenariats avec des universités", explique Bruno Lafont. "Et les investissements ne souffriront d'aucun compromis, même durant la crise, nous espérons même accroître nos moyens de recherche", martèle le p-dg.
Un réseau de 1.000 personnes en R&D
De fait, la R&D de Lafarge se décentralise pour constituer un réseau de centres techniques, d'antennes de recherche et de laboratoires de développement sur tous les continents, au plus près des marchés. Outre les centres de l'Isle-d'Abeau et de Lyon en France, la groupe dispose de centres au Caire (Egypte) et à Pékin (Chine), d'antennes techniques à Montréal (Canada), Vienne (Autriche) et Kuala Lumpur (Indonésie), de laboratoires à Bombay (Inde) et à Chongqing (Chine), et va ouvrir, d'ici à la fin de l'année, deux nouveaux centres dédiés à la construction en Algérie et au Brésil. "Probablement à Rio de Janeiro puisque nous avons un partenariat avec l'université de la ville", précise Carlos Espina, le directeur R&D du groupe.
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