JUSTICE. Le cimentier Lafarge, accusé d'avoir financé des groupes jihadistes en Syrie - dont l'organisation État islamique -, pour maintenir son activité en pleine guerre, a été mis en examen jeudi 28 juin 2018 notamment pour "complicité de crimes contre l'humanité".

Le cimentier Lafarge, accusé d'avoir financé des groupes jihadistes en Syrie - dont l'organisation État islamique -, pour maintenir son activité en pleine guerre, a été mis en examen jeudi notamment pour "complicité de crimes contre l'humanité", a-t-on appris de source judiciaire.

 

Lafarge saisira la cour d'appel

 

Entendu jeudi par les trois juges chargés de cette enquête hors-norme, Lafarge SA, holding actionnaire majoritaire de la filiale syrienne Lafarge Cement Syria mise en cause, a été mise en examen également pour "financement d'une entreprise terroriste" et "mise en danger de la vie" des anciens salariés de l'usine de Jalabiya (nord). Cette décision de mises en examen est "conforme" aux réquisitions du parquet de Paris, a précisé la source judiciaire. Lafarge SA est soumis à un contrôle judiciaire comprenant une caution de 30 millions d'euros. Le groupe LafargeHolcim, né de la fusion en 2015 du francais et du suisse Holcim, a aussitôt annoncé que sa filiale LSA saisirait la cour d'appel pour contester des "infractions qui ne reflètent pas équitablement (ses) responsabilités".

 

"C'est la première fois dans le monde qu'une entreprise est mise en examen pour complicité de crimes contre l'humanité, ce qui marque un pas décisif dans la lutte contre l'impunité des multinationales opérant dans des zones de conflits armés", réagit pour sa part l'association Sherpa, qui avait saisi la justice. "En France, il s'agit aussi de la première fois qu'une multinationale, maison mère, est mise en examen pour les activités de l'une de ses filiales à l'étranger."

 

La société aurait vendu du ciment à l'EI

 

Le cimentier est soupçonné d'avoir versé via sa filiale LCS près de 13 millions d'euros entre 2011 et 2015 pour maintenir son usine en Syrie, alors que le pays s'enfonçait dans la guerre, nous rappelle l'AFP. Ces sommes, qui ont bénéficié en partie à des groupes armés dont l'organisation jihadiste Etat islamique (EI), correspondaient notamment au versement d'une "taxe" pour sécuriser la circulation des salariés et des marchandises, à des achats de matières premières - dont du pétrole - à des fournisseurs proches de l'EI et à la rétribution d'intermédiaires chargés de négocier avec les factions, d'après l'enquête.

 

A ces canaux de financement s'ajoutent désormais des soupçons sur la possible vente de ciment au groupe EI, apparus dans de récentes investigations, selon une source proche du dossier.

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