Le centre de recherche de Lafarge vient d’inaugurer un nouveau bâtiment dédié à l’innovation béton. Sur 2.500 m², les nouvelles solutions de l’équipe de recherche et développement sont désormais expérimentées grandeur nature. Un outil pour booster la recherche dans les bétons techniques, axe majeur de la politique du groupe.

Tester en temps réel et à échelle 1 les recherches conduites en laboratoire : tel est l’objectif de la nouvelle structure inaugurée mardi par Lafarge dans son centre de recherche de l’Isle d’Abeau (38). C’est désormais dans un bâtiment de 2.500 m² alliant logiquement différents bétons de grande portée, que le groupe «prépare son avenir» selon son Pdg Bruno Lafont. «C’est le maillon qui manquait à notre recherche, car nous avons besoin de voir les choses à grande échelle pour les valider», explique Denis Maître, directeur recherche et développement.

La nouvelle structure, conçue par Jean-Yves Clément, est climatisée à 20°C. Elle abrite une centrale à béton et des zones d’essai pour mener des expériences grandeur nature tout en maîtrisant les facteurs externes. L’objectif est aussi d’accélérer la mise sur le marché des produits.

Une centrale sur-mesure
La centrale, un prototype fabriqué pour le centre de recherche, est «10 fois plus précise qu’une centrale classique». Elle dispose de deux lignes de fabrication. La première, avec un système de bypass, peut contenir jusqu’à 500 litres et la seconde est destinée au dosage pour alimenter les petits malaxeurs. Le groupe insiste surtout sur la «grande souplesse» d’utilisation et de paramétrage de la centrale. Celle-ci offre la possibilité de travailler sur 14 types de granulats et 4 ciments différents à la fois, et de choisir l’ordre d’introduction des éléments pour simuler un cas de production. Le sol du bâtiment est une dalle unique de 400 m² sans ferraillage, réalisée en Extensia, gamme lancée cette année par le groupe. «Jusqu’ici, on ne savait pas réaliser de dalles sans joint et sans fissure de plus de 25 m² : c’est une première» note Denis Maître.

Vers 50% de bétons de spécialité
Le nouveau bâtiment a couté près d’un million d’euros, mais le groupe a également renfloué le budget de la recherche sur les bétons. «C’est un budget qui a doublé en 5 ans, et cela va continuer», assure Bruno Lafont. Le groupe, qui vend actuellement 84% de bétons traditionnels et 16% de bétons de spécialité, ambitionne à terme de vendre 50% de bétons de spécialité, même si Denis Maître reconnait que «la chaine de construction dans notre métier est complexe et les changements prennent du temps.»

Conquérir de nouveaux marchés
Le groupe prévoit néanmoins de réaliser en 2008 un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros en produits à valeur ajoutée (le chiffre d’affaires global s’élevant à 17 milliards d’euros en 2006). «La recherche que nous conduisons depuis 12 ans sur le produit béton nous a donné les capacités et les connaissances qui nous permettent aujourd’hui d’avoir un temps d’avance sur l’innovation. Cette innovation est une affaire stratégique pour le groupe, et un créateur de valeur pour nos actionnaires, pour nos clients et pour le développement durable», expose Bruno Lafont. La recherche se tourne donc vers la mise en œuvre de produits résistants, esthétiques, offrant à la fois ouvrabilité et prise rapide, mais aussi thermique. Comme le remarque Denis Maître, «le béton est un produit de structure dont les propriétés thermiques ne sont pas toujours exploitées. Nous voulons développer des systèmes et les faire connaître», et ainsi conquérir des marchés où le béton n’a pas la même popularité, particulièrement en Amérique du Nord.

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