JUSTICE. Des juges d'instruction français ont convoqué LafargeHolcim pour une mise en examen ce mardi 5 juin, mais le cimentier est parvenu à obtenir un report de son interrogatoire. En cause : le PDG de Lafarge SA, holding de la filiale syrienne de l'industriel mise en cause dans l'affaire de financement du terrorisme présumé en Syrie, a récemment démissionné.

Les ennuis judiciaires de LafargeHolcim sont loin d'être terminés. Ce mardi, des juges d'instruction français avaient convoqué le cimentier pour un interrogatoire avec mise en examen dans l'affaire ultrasensible de financement du terrorisme présumé en Syrie. Pour rappel, Lafarge est soupçonné d'avoir versé une enveloppe d'environ 13 millions d'euros via sa filiale syrienne pour pouvoir maintenir l'activité de sa cimenterie sur place, alors que le pays s'embourbait dans une guerre civile sans précédent. Sur une période allant de 2011 à 2015, des factions armées dont le groupe jihadiste Etat Islamique auraient ainsi profité d'une partie de ces sommes, lesquelles comprenaient notamment le paiement de taxes pour garantir le passage des employés ou des achats de matières premières. A la suite de quoi sept anciens cadres ou dirigeants de LafargeHolcim ont été mis en examen pour "financement d'une entreprise terroriste", et une huitième personne a été mise en cause pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

 

Lourds motifs de mise en examen

 

D'après l'AFP, la holding actionnaire à 98% de la filiale syrienne visée par cette enquête, Lafarge SA, a donc réussi à obtenir un report de son audience chez les juges d'instruction. La raison : son PDG, Saad Sebbar, qui devait représenter légalement la société aujourd'hui lors de cette convocation, a démissionné fin mai. L'absence de représentant légal annule de facto la tenue de l'interrogatoire, le conseil d'administration n'ayant pas eu le temps de nommer un remplaçant. Selon une source proche du dossier contactée par l'Agence France Presse, la juge Charlotte Bilger envisageait de mettre en examen Lafarge SA aux motifs de "financement d'une entreprise terroriste", de "mise en danger délibérée de la vie d'autrui" mais également de "complicité de crimes contre l'humanité" en tant que personne morale.

 

 

Un nouveau directeur général d'ici fin juin

 

Citée par l'AFP, Me Marie Dosé, avocate de l'ONG Sherpa qui s'est portée partie civile, a pointé des "méthodes dilatoires", ajoutant : "Lafarge SA est maintenant sans représentant légal dans le seul but de gagner du temps". De son côté, le groupe LafargeHolcim n'a fait aucun commentaire, la holding Lafarge SA s'étant engagée à convoquer une assemblée générale et à disposer d'un directeur général avant la fin du mois de juin, de manière à ce qu'un nouveau représentant légal puisse bel et bien se rendre chez les juges.

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