Pour rappel, la volonté affichée par la FFR d'avoir son propre stade a longtemps été perçue comme un moyen de faire pression sur le Stade de France. « La convention avec le consortium de l'enceinte dionysienne, signée en 1995, se termine en 2013 et est très contraignante pour la Fédération, puisque les coûts d'organisation d'un match à Saint-Denis s'élèvent à 5 millions d'euros », nous précise la FFR. Le président, Pierre Camou, a déjà estimé le manque à gagner à 160 millions d'euros en quinze ans alors que le rugby français rêve d'une «cash machine» similaire à celle que les Anglais ont bâtie avec Twickenham à Londres. Un match au Stade de France génère 2 M € de bénéfices contre 6 M € pour une rencontre dans le «Temple» londonien.
En revanche, le choix de la ville ne signifie pas que le projet sera transformé. Demeure la grande question du financement, entièrement sur fonds privés et estimé à 600 millions d'euros. La FFR devrait apporter entre 150 et 200 millions d'euros en fonds propre. En complément d'une opération de «naming», le reste sera levé grâce à différents mécanismes financiers. Il n'est pas sûr, en cette conjoncture fragile, que les banques se laissent convaincre, même si ce qui serait la plus grande enceinte de France a aussi pour vocation d'accueillir concerts et spectacles.
Autre obstacle, le ministère des Sports ne considère pas ce projet d'un bon œil. Que va devenir le Stade de France (SDF), occupé une dizaine de dates par an par l'ovalie? «S'il y a deux stades, les deux crèveront», avait alerté Philippe Auroy, directeur général du SDF, ces jours-ci dans la presse. Et puis l'Ile-de-France, jusque-là en manque d'infrastructures, va-t-elle frôler la saturation avec le Parc des Princes (qui va être rénové), l'Arena 92 du Racing-Métro à Nanterre, le nouveau Jean-Bouin, et le stade Charléty ?
[PUB]Autre question, les décideurs du rugby ont-t-ils eu les yeux plus gros que le ventre? 700.000 € ayant déjà été dépensés en études de faisabilité, reculer maintenant s'apparenterait à inscrire un essai cette fois-ci contre son camp…
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