MAISON D'ARCHITECTE. Comme un objet architectural non identifié, la villa Alto s'est posée en Ardèche en 1992. L'architecte Hubert Mesnier a eu carte blanche pour imaginer, pour son ami Philippe d'Aulan, la maison de ses rêves, suivant la course du soleil et offrant une vue panoramique sur les Cévennes.
Comme c'est souvent le cas pour les constructions extraordinaires, l'histoire de la villa Alto est partie d'un rêve : celui de Philippe d'Aulan, de vivre dans une maison avec vue panoramique sur la nature ardéchoise, "en étant accompagné par le soleil toute la journée", nous raconte son fils Jean d'Aulan. Il confie ce projet à son ami de longue date, l'architecte Hubert Mesnier, qui imagine alors la réalisation d'une vie, comme il la qualifie lui-même.
La suite de l'article en pages suivantes.
Une maison de rêve qui prend vie
Dans les années 70, Philippe d'Aulan et son épouse confie la réalisation des différents bâtiments du Domaine du Taillé, en Ardèche, à leur ami Hubert Mesnier. C'est donc tout naturellement que l'architecte est chargé de donner vie au rêve de Philippe d'Aulan, en 1992.
Un aménagement bioclimatique des pièces
"Au départ, l'architecte a pensé faire pivoter la structure autour d'un mât central" nous explique Jean d'Aulan, qui est aujourd'hui à la tête du Domaine du Taillé. Il abandonne bien vite l'idée, au profit d'une vision bioclimatique de l'aménagement de la maison : "ce n'est plus le bâtiment qui tourne en fonction de la position du soleil, mais la vie qui se déplace d'une pièce à l'autre, en fonction de l'heure de la journée" décrit Jean d'Aulan.
Chambre à l'est, salon à l'ouest
Ainsi, la chambre à coucher est placée à l'est, avec vue sur le lever du soleil, le salon et la cuisine se trouvent à l'ouest, pour profiter du coucher du soleil, et la véranda, au sud, pour mieux chauffer la maison.
Vue panoramique sur les Cévennes
Pour être sûr d'offrir aux habitants une vue panoramique sur les Cévennes, Hubert Mesnier a surélevé la construction de trois mètres, en posant la structure sur un fût de béton de cinq mètres de diamètre, par lequel se fait l'accès à la maison. Et pour assurer un ensoleillement permanent, l'architecte a opté pour une surprenante structure octogonale...
Une forme octogonale inédite
Elle est, plus précisément, constituée de huit demi-fermes de charpente en lamellé-collé longue portée, reliées entre elles au sommet par des pièces métalliques. Une réalisation qui aurait été impossible sans le travail extrêmement précis des Compagnons du devoir de Millau. La pointe des fermes dépasse au-delà de la maison octogonale, donnant à l'ensemble des airs de soucoupe volante...
Des baies vitrées du sol au plafond
Le mot d'ordre étant "lumière", Hubert Mesnier a cerclé la maison de grandes baies vitrées. Toutes s'ouvrent du sol au plafond, et des câbles de sécurité ont dû être installés en contrebas afin d'anticiper les éventuelles chutes ! Mais rien n'était assez fou pour donner vie au rêve de Philippe d'Aulan : vivre dans des pièces baignées de lumière, même en hiver.
Un étage pour dormir sous les étoiles
Aux 200 m² de l'étage principal, l'architecte a pu ajouter 80 m², accessibles par un escalier à partir du salon. "Mon père rêvait de s'endormir sous les étoiles", se souvient Jean d'Aulan. Son ami Hubert Mesnier lui a donc imaginé une chambre située sous le chapeau entièrement en verre de la maison.
Lumière zénithale à l'étage
C'est, par ailleurs, cette structure de verre qui, grâce à la lumière zénithale, offre à l'étage une clarté impressionnante en toute saison, tout en maintenant le bureau et la chambre à l'abri des regards. "L'été, tout de même, la chaleur est importante : des stores permettent d'occulter le soleil" nous explique Jean d'Aulan.
A l'étage, un bureau
Autre vue de l'étage, où sont installés un bureau, un bowling, et une petite chambre avec deux lits jumeaux.
Climatisation naturelle l'été
L'on pourrait imaginer que l'habitation surchauffe en été, à cause du grand nombre de baies vitrées, de l'absence d'ombre et de l'altitude. "En réalité, l'intérieur reste tempéré, grâce des bassins naturels installés au pied de la maison, qui rafraîchissent l'air, et à la facilité de créer un courant d'air en ouvrant les fenêtres" précise Jean d'Aulan.
Chauffage par la biomasse en hiver
En hiver, à l'inverse, la grande surface vitrée pourrait entraîner de fortes déperditions thermiques. Là encore, la conception est maîtrisée : la véranda, dirigée vers le sud, apporte de la chaleur en hiver. Un système de chauffage basse température est installé aux plafonds des deux étages, en complément de l'utilisation de feux foyers.
Deux poêles traditionnels pour une chaleur douce
Le premier est un poêle de masse alsacien, un kachelofen, qui accueille le visiteur dès l'entrée de la maison. Le second est un poêle en acier tout en rondeurs, installé au cœur du salon. Les deux fonctionnent à l'aide de bois récupéré sur le domaine.
Un rêve devenu réalité
Rien n'est trop beau pour réaliser un rêve insolite - et la villa Alto aura tout de même coûté un million d'euros à ses heureux propriétaires. Depuis le décès de Philippe d'Aulan, l'incroyable demeure est proposée à la location saisonnière par son fils Jean, pour "redonner vie au lieu".