Il y a bel et bien une seconde vie pour les bâtiments industriels. La Sucrière, ancienne usine de sucre lyonnaise utilisée jusque dans les années 90, vient d'être transformée en un lieu mêlant activités artistiques et tertiaires. Repensé par Z architecture, le nouveau site affiche avec fierté les stigmates de son passé dont ses emblématiques silos. Visite.

Fini la production de sucre ! Même si cette activité a été stoppée depuis longtemps, l'ancienne sucrière lyonnaise a longtemps joué le rôle d'entrepôt industriel, et ce, jusque dans les années 90.

 

Laissée à l'abandon par la suite, elle a trouvé un second souffle en 2003 grâce à un premier programme de réhabilitation dont le but était d'accueillir la biennale d'art contemporain. «Ce projet a servi de catalyseur et de locomotive», indique William Vassal, en charge des travaux, à l'époque au sein de l'agence AT'LAS. Et le pari est réussi puisque l'ancienne usine intrigue tellement qu'elle suscite de multiples sollicitations. «De nombreuses demandes ont afflué pour organiser des événements», indique l'architecte. De plus, impactée par le lancement de La Confluence dans les années 2000, la Sucrière ne pouvait faire autrement que grandir et prendre de l'ampleur. Toujours entre les mains de William Vassal mais cette fois chez Z Architecture, le projet devait répondre à une exigence : «Créer un lieu unique mixant des activités culturelles dédiées au public, un club/bar et des espaces tertiaires privés».

 

La boîte des possibles
En quelque sorte, le lieu devait être modulable notamment en rez-de-chaussée, afin de pouvoir abriter des concerts, des banquets et des expositions. Une multiplicité d'activités qui lui vaut aujourd'hui le surnom de «Boîte des possibles». Et justement pour que le projet devienne possible, il a fallu supprimer des poteaux de 10 mètres de haut afin d'offrir de grands espaces capables de recevoir des défilés de mode et des shows musicaux. Mais ce n'est pas tout, la réhabilitation devait également contenir des bureaux : «L'idée était de proposer une nouvelle façon de travailler plus conviviale et plus agréable. C'est pourquoi nous avons créé des loggias afin de favoriser le rapport entre l'espace de travail et le paysage», confie William Vassal. Une expérimentation qui se retrouve également au sommet du bâtiment. Ici, un étage de 100 mètres de long, 20 mètres de large et de 5 mètres de haut a été entièrement construit pour accueillir un club de musique où doit se mêler concerts live et performances artistiques de plasticiens. Résultat : la Sucrière devrait vivre 24h/24, 7 jours sur 7 : «Un bâtiment tout en un», plaisante l'architecte. Enfin, le dernier défi et, pas des moindres, consistait à participer à la construction de la ville grâce à un bâtiment sublimant son environnement et plus particulièrement l'eau.

 

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Des silos, symboles du passé

Sucirère
Sucirère © Micahel Vertat
Un challenge en partie réalisable grâce à l'implantation de la Sucrière mais également grâce au bâtiment lui-même, véritable témoin historique de l'ancien port. Preuve en est : la conservation des silos, figures de proue et symboles de l'histoire de la Sucrière. Dans un quartier neuf dessiné par des pointures de l'architecture, le nouveau programme a su trouver sa place : «On ne voulait pas entrer en concurrence avec les autres bâtiments de la Confluence réalisés par des stars comme Jean-Michel Wilmotte ou Rudy Ricciotti. Notre objectif était de conserver un élément qui parle la langue du site et qui affiche les stigmates du temps», explique William Vassal. D'ailleurs, pour lui, pas question d'opposer les bâtiments les uns aux autres. Ainsi, le cube orange, showroom du spécialiste du Design JCB imaginé par Jakob et MacFarlane, situé à proximité, sublime l'ancienne usine et inversement : «Ils se nourrissent respectivement», insiste l'architecte qui a au final su faire rimer expérimentation et conservation.

 

La sucrière de Lyon en quelques dates
1930 : Construction du bâtiment
1960 : agrandissement du bâtiment
Jusque dans les années 90 : utilisation comme un entrepôt
2003 : Réhabilitation pour accueillir la Biennale d'art contemporain
2012 : Lieu mixte mêlant activités artistiques et tertiaires

 

Fiche technique
Maître d'ouvrage : Voie navigable de France
Maître d'œuvre : Z ARCHITECTURE
CYPRIUM (économiste de la construction)
CEH (BET Structure)
AXESS (BET Fluides / SSI)
GENIE ACOUSTIQUE (BET Acoustique)
BLB CONSTRUCTION / DEMATHIEU & BARD
Budget : 9,3 millions d'euros

Un programme mixte

Sucrière
Sucrière © Michel Denancé
Ce lieu abrite des bureaux et des expositions, concerts, défilés de mode...

La Sucrière, un témoin du passé

Les silos
Les silos © Michel Denancé
Ancienne usine de sucre, la Sucrière s'offre une seconde vie, notamment artistique, depuis 2003.

Lieu d'exposition

Sucrière
Sucrière © Michel Denancé
Au rez-de-chaussée, des événements sont organisés dont des expositions artistiques, des concerts, etc.

Espace

Rez-de chaussée
Rez-de chaussée © Michel Denancé
Au rez-de-chaussée, des poteaux ont été supprimés pour offrir un grand plateau.

Lieu artistique

Art
Art © Michel Denancé
Un performance artistique.

Un club sur le toit

Club
Club © Stephane Rambaud
En toiture, un club a été créé. Celui-ci accueillera des concerts et des performances artistiques.

Loggias des bureaux

Bureaux
Bureaux © Michel Denancé

Vue sur l'extérieur

Loggias
Loggias © Z architecture

Des bureaux expérimentaux

Bureaux
Bureaux © Z architecture
"L'idée était de proposer une nouvelle façon de travailler convivial et agréable. C'est pourquoi nous avons créé des loggias afin de favoriser le rapport entre l'espace de travail et le paysage", confie William Vassal, l'architecte du projet.

Des bureaux conviviaux

Bureaux
Bureaux © Z architecture

Cube JCB de Jakob et MacFarlane

Cub de jakob Mc Farlane
Cube orange de Jakob Mc Farlane à la Confluence à Lyon. © CG - batiactu
A proximité de la Sucrière, le cube orange de Jakob et MacFarlane. Ces deux architectures «se nourrissent respectivement», explique l'architecte