Les importants travaux de réhabilitation de la Poste du Louvre à Paris, réalisés depuis septembre dernier par Dominique Perrault suscitent de nombreuses interrogations. L'association Paris historique et l'université Paris I, s'inquiètent de la disparition de nefs métalliques datant du XIXe siècle. Explications et réactions.
En chantier depuis septembre 2013, l'un des bâtiments emblématiques de la capitale, considéré comme le "navire amiral" de La Poste, s'étalant sur 35.000 m² dans le 1er arrondissement de Paris fait aujourd'hui parler de lui. Et plus particulièrement : "L'Usine postale". (Ndlr: l'édifice est constitué de deux parties : l'"Hôtel des Postes" -bureau de poste et services administratifs- et l'"Usine postale.)
"C'est cette dernière qui apparaît comme la plus menacée par le projet Perrault", nous signalent l'association Paris historique et l'université Paris I. En particulier pour les 'doubles vaisseaux', des structures métalliques qui s'y trouvent."
L'association Paris historique et l'université Paris I, s'inquiètent, de la disparition des nefs métalliques datant du XIXe siècle, voulue dans le programme de rénovation de Dominique Perrault. "C'est, en fait, lors d'une visite d'expertise du site, le 18 janvier 2013 que le projet de reconversion confié à l'architecte de renom, nous a interpellé", confie à Batiactu, Jean-François Jean-François Cabestan, historien de l'architecture à l'université Paris I et membre de la Commission du Vieux-Paris.
Cette expertise entreprise par la Commission du Vieux-Paris, a été, l'occasion d'une découverte "stupéfiante": "L'existence des nefs métalliques, qui font du lieu l'un des chefs-d'œuvre de l'architecture industrielle de la IIIe République pourrait disparaitre, poursuit Jean-François Cabestan. Nous n'y croyons pas nos yeux, ce jour-là, poursuit Jean-François Cabestan. Nous parlons d'ici d'un volume sensationnel et gigantesque des structures métalliques existantes, construites par Julien Guadet entre 1880 et 1888. Mesurant entre 14 et 16 mètres, avec une épaisseur de 30 mètres, elles sont emblématiques."
Sur son site Archicab, l'enseignant Jean-François Cabestan, qui se définit comme un passionné des débats échanges patrimoniaux, s'inquiète des prochains travaux à l'encontre du patrimoine notamment dans l'Usine postale. "L'agrandissement et la fusion des cours ont forcément pour conséquences le démantèlement des nefs, la destruction de toutes les élévations de brique et d'importances surfaces de plancher, souligne Jean-François Cabestan. La suppression de matière construite prive les structures métalliques de leur cohérence architecturale originelle."
Un débat sur ce jeudi 7 novembre 2013
Et de poursuivre ses arguments : "Nous posons une question centrale sur laquelle Paris historique et l'université Paris I, y réfléchiront tout au long d'une journée d'étude, à l'Institut national d'histoire de l'art, ce jeudi 7 novembre : pourquoi ce projet compte élargir la cour centrale de l'édifice au détriment de la volumétrie des structures d'acier ? A quel prix coûte l''éthique' ? En 2017, la vocation postale de l'immeuble sera ramenée à 20% des surfaces, 17% seront affectés à des services municipaux et 60% à des activités commerciales (hôtel de luxe, bureaux et commerce)… Nous avons d'ailleurs invité Christian Cléret (Ndlr : directeur général de Poste Immo/directeur immobilier du Groupe La Poste, maître d'ouvrage) et Dominique Perrault, ils n'ont toujours pas confirmé, à ce jour, leur présence. La commission du Vieux-Paris a souhaité les rencontrer ces mois-ci, nous n'avons pas eu non plus de retours… C'est regrettable."
Au final, quel est l'objectif de cette "alerte" ? d'experts ? " Nous sommes des gens civilisés, nous signale Jean-François Cabestan. Nous avons déposé à cette heure aucun recours et je peux vous assurer qu'on n'a pas l'intention d'enclencher des procédures pour le moment. Nous souhaitons, avant tout négocier avec l'architecte Dominique Perrault. Pour la réalisation du couvent des Clarisses à Ronchamp (Haute-Saône), Renzo Piano, a finalement écouté les associations, pour remodeler son projet, j'invite Dominique Perrault à suivre cette voie", conclut le membre de la Commission du Vieux-Paris.
Contactées, l'agence Dominique Perreault et la maîtrise d'ouvrage, en l'occurrence, Poste Immo, n'ont pas donné suite aux réactions ce mardi 4 novembre 2013. A suivre.
Retour sur ce projet "ambitieux"
Sélectionné le 3 juillet 2012, le projet de restructuration lourde de la Poste du Louvre, imaginé par Dominique Perrault Architecture avance à grand pas. Les travaux ont démarré septembre dernier pour faire sortir en principe en, 2017 un bâtiment "plus moderne, plus fonctionnel mais également respectueux de son patrimoine", signalait, en 2012, les équipes de Dominique Perrault en charge du projet. Et de compléter: "Cette réhabilitation devrait transformer non seulement la vie du bâtiment mais aussi celle de ses principaux occupants : les postiers." A noter également, que le projet estimé à 80 millions d'euros prévoit la modernisation des activités postales sans oublier la réalisation de logements sociaux et d'un hôtel.
Fiche technique
Maître d'œuvre : Groupe La Poste/Poste Immo.
Maîtrise d'œuvre : le groupement Dominique Perrault Architecture (DPA), composé de Dominique Perrault Architecture (architecte mandataire), SNC Lavalin (bureau d'études), Jean-François Lagneau (Architecte en chef des Monuments Historiques), Après La Pluie (paysagiste), RPO (économiste), Jean-Paul Lamoureux (acousticien)
Surface : 35.000 m²
Début des travaux : septembre 2013
Livraison : 2017
Coût des travaux : 80 millions d'euros HT.
Maître d'œuvre : Groupe La Poste/Poste Immo.
Maîtrise d'œuvre : le groupement Dominique Perrault Architecture (DPA), composé de Dominique Perrault Architecture (architecte mandataire), SNC Lavalin (bureau d'études), Jean-François Lagneau (Architecte en chef des Monuments Historiques), Après La Pluie (paysagiste), RPO (économiste), Jean-Paul Lamoureux (acousticien)
Surface : 35.000 m²
Début des travaux : septembre 2013
Livraison : 2017
Coût des travaux : 80 millions d'euros HT.