Les technologies informatiques qui rendent possible la superposition de modèles virtuels en deux ou trois dimensions à la réalité perçue, en temps réel, dites "réalité augmentée", font leur entrée dans le monde de la construction. Explications avec Jean-Louis Dautin, directeur du centre de recherche Clarté, et Souheil Soubra, responsable du programme numérique du CSTB.
La réalité augmentée consiste à incruster des objets virtuels, de façon réaliste et immédiate, dans un environnement réel. Les technologies qui sous-tendent ces applications s'améliorent chaque jour et permettent une utilisation toujours plus simple et aboutie. De la presse et l'édition à la publicité, en passant par les loisirs ou le tourisme, ces fonctionnalités ont désormais gagné le monde industriel, celui du patrimoine et de la construction. "Nous travaillons sur la réalité virtuelle depuis 15 ans et sur la réalité augmentée depuis 5 ans", nous explique Jean-Louis Dautin, le directeur de Clarté (centre de recherche en réalité virtuelle et réalité augmentée). "Nous collaborons avec un chantier naval, des équipementiers automobiles, des industriels de l'aéronautique et même sur l'ergonomie de lignes de production dans l'agroalimentaire", poursuit-il. Car, si la réalité augmentée a une approche tournée vers le grand public, grâce à la généralisation des smartphones et des tablettes, il y a également une approche industrielle, celle que le spécialiste appelle : la "réalité augmentée projective" (qui requiert un projecteur).
Le problème du "matching dynamique"
"Pour aménager l'intérieur des navires par exemple, et installer des équipements techniques dans des espaces limités, nous utilisons la maquette CAO en projetant sur les parois les différents éléments qui doivent y être fixés", détaille Jean-Louis Dautin. "On peut même indiquer les étapes de pose par un marquage des points et un déroulé de scénario préétabli", précise-t-il. La difficulté est alors d'associer une caméra, qui capte l'environnement, et un projecteur pour que l'image soit placée exactement là où elle doit l'être, et en permanence, quelle que soit la position de ce projecteur ambulant, ce que Souheil Soubra, responsable du programme numérique au CSTB nomme "le matching dynamique à la volée". Le recalage s'effectue grâce au positionnement d'un marqueur fixé à une paroi que la caméra suit en continu afin d'orienter correctement dans l'espace le dispositif. Sa précision ? "Sur une paroi de 4 à 5 mètres de large sur 2,5 mètres de hauteur, elle est de 2 à 3 mm au centre de l'image et de moins de 1 cm aux extrémités", fait valoir le directeur de Clarté. L'équipement, contenu dans une valise, trouverait donc également un emploi dans tout type de chantier de construction.
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