Après l'affaire des rames trop larges pour les quais de la SNCF et RFF, une nouvelle concerne cette fois-ci les escalators de la RATP. L'établissement public qui gère les transports en commun de Paris et sa banlieue doit prochainement remplacer une trentaine d'escaliers mécaniques du métro parisien installés en 2006-2007 mais dont les marches se sont révélées trop larges, rapporte Le Figaro Economique .

Après le scandale révélé en mai dernier des rames trop larges pour les quais de la SNCF et RFF, c'est au tour de la RATP de devoir faire face à un problème de taille inadaptée de son matériel. D'après une information dévoilée ce mardi 15 juillet par le Figaro économique, la Régie autonome des transports parisiens va devoir changer près de 30 escaliers mécaniques installés en 2006-2007 dans le métro parisien (lignes 14, 6 et 13) dont "les marches sont trop larges."

Un mètre de large au lieu de 0,90 mètre

"Les marches de ces modèles font un mètre de large au lieu de 0,90 mètre. Ce qui devait nous permettre d'augmenter les débits d'utilisateurs", signale dans Le Figaro, David Courteille, responsable de l'électromécanique à la RATP. Mais ce gain de 10 cm s'est révélé inadapté, d'après le journal, à l'espace prévu pour accueillir les escalators, ce qui a entraîné des incidents et des surcoûts de maintenance estimés à plusieurs milliers d'euros par an et par escalier.

 

D'ailleurs, la RATP a décidé de "remplacer d'ici à 2015 les escaliers mis en cause, les opérations sont déjà en cours", affirme-t-elle. Une mesure qui pourrait coûter 6 millions d'euros en se basant sur les estimations les plus basses : "On évalue entre 200.000 et 500.000 euros le prix d'un escalier neuf", indique à son tour, toujours au Figaro, Olivier Saiz, directeur de la maintenance des tunnels et des stations de la RATP.

La RATP dément un problème de taille

En réponse au scandale médiatique, la RATP refuse d'accréditer l'idée que la largeur des escaliers mécaniques pose problème. "Contrairement à ce qui a été écrit, la largeur des marches n'a jamais constitué un problème de non-conformité (...) Le produit n'a jamais tenu ses objectifs contractuels de disponibilité malgré une assistance technique importante de la RATP, explique la régie de transport dans son communiqué. La polémique actuelle, prétendant que les escaliers sont trop larges, est donc sans objet."

 

En d'autres termes, la RATP rejette la faute sur le fournisseur, c'est-à-dire les Construction industrielles de la Méditerranée (Cnim). "Un marché pour fournir des escaliers mécaniques a été passé en avril 2005 avec la société CNIM, après appel d'offre européen", reconnaît tout d'abord la RATP. Le cahier des charges précisait, pour le confort des voyageurs, que les marches devaient être d'une largeur de 1 mètre, ce qui correspond au standard courant à la RATP, puisque c'est le cas de 85 % des escaliers mécaniques du réseau."

 

A l'usage, indépendamment de cette question de dimensionnement, l'équipement fourni par la CNIM s'est révélé fragile, insiste la régie parisienne nécessitant d'après elle "une maintenance corrective et préventive renforcée".

 

D'ailleurs en juin 2009, après avoir mis en œuvre toutes les solutions de maintenance corrective, la RATP a décidé de résilier ce marché, aux torts du fournisseur, ce qui est une sanction grave, justifiée par l'insuffisance de la prestation.

A qui la faute ?

La société de transport public précise par ailleurs que la "CNIM conteste devant le tribunal administratif la décision de la RATP", et attend la décision de justice avant, le cas échéant, de tirer "toutes les conséquences en termes indemnitaires vis-à-vis de la CNIM, pour réparation du préjudice."

 

Alors, à qui la faute et qui paiera la facture ? Il reviendra au Tribunal administratif d'en décider. Un expert a été nommé pour établir l'origine des incidents : qui peut-être soit un problème de commande et de cahier des charges, soit un problème de conception comme l'affirme la RATP.

 

Enfin, la RATP rappelle qu'elle possède 850 escaliers mécaniques sur la totalité de son réseau, dont le taux de disponibilité est supérieur à 97 %, meilleur que le seuil contractuel demandé par le STIF.

 

 

La décision soudaine de la RATP en 2009 de résilier unilatéralement le contrat et de reprendre à son compte la maintenance, ainsi que le non-respect du plan de maintenance préconisé par le constructeur CNIM, peuvent être à l'origine des dysfonctionnements des escaliers mécaniques dont il est question actuellement.

 

A son tour le constructeur français d'installations industrielles CNIM s'est fendu d'un communiqué dans la soirée pour rappeler que la
"CNIM a toutes les raisons d'attendre dans une totale sérénité les conclusions des procédures judiciaires actuellement en cours avec la RATP et en particulier en ce qui concerne la réparation du préjudice de CNIM lié à la résiliation du contrat de fourniture des escaliers mécaniques." Et d'indiquer auparavant: "La décision soudaine de la RATP en 2009 de résilier unilatéralement le contrat et de reprendre à son compte la maintenance, ainsi que le non-respect du plan de maintenance préconisé par le constructeur CNIM, peuvent être à l'origine des dysfonctionnements des escaliers mécaniques dont il est question actuellement."

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