Le marché français de la pompe à chaleur, premier d'Europe, se porte bien. L'Afpac (Association française pour les pompes à chaleur) profite de cette situation pour prendre l'initiative et lancer des outils originaux dont un document prospectif intitulé "Ambitions PAC 2030". Ce dernier veut démontrer la contribution possible des différentes technologies à la transition écologique en cours.
Thierry Nille, le président de l'Afpac, est satisfait : "Le monde des PAC va plutôt bien, avec une croissance sur la plupart des marchés européens", résume-t-il. "L'avenir est plutôt réjouissant sauf pour la géothermie où le marché n'est pas encore stabilisé", précise le responsable. En effet, le marché français de la pompe à chaleur est un colosse en Europe, qui représente, à lui seul, un tiers de la demande continentale. "Malgré un début d'année en demi-teinte, les objectifs de croissance sont confirmés", assure Jean Pradère, l'administrateur de l'association.
Il détaille : "L'aérothermie ou PAC air-eau a vu s'écouler 24.000 machines sur les quatre premiers mois de 2015, soit une augmentation de +22 %. Ce marché se répartit entre technologies mono (11 % des machines) et bi-blocs (89 %)". Les solutions PAC ECS (eau chaude sanitaire), ont connu une progression similaire au cours du premier quadrimestre : +22 % et 20.700 engins installés. "Pour les PAC air-air d'une puissance inférieure à 17,5 kW, il y a eu un effet d'ajustement des stocks de fin d'année 2014", note le spécialiste. En tout, près de 111.400 machines ont été commercialisées (-10 %) dont 86.000 mono-splits (-9 %) et 25.000 multi-splits (-14 %). "Ces solutions subissent une TVA à 20 %, contrairement aux autres technologies de PAC. D'où le lancement d'actions auprès des pouvoirs publics", renchérit Gérard Charney, le secrétaire de l'Afpac. Du côté des PAC hybrides - une solution émergente - environ 900 unités ont trouvé acquéreur, tandis que la situation reste compliquée pour la géothermie. Un peu plus de 1.000 machines ont été écoulées sur les quatre premiers mois de l'année (-15 %), ce type de solution ne représentant que 4 % du marché national.
Trois projections ambitieuses
"Ces statistiques sont satisfaisantes et correspondent aux estimations faites il y a plusieurs mois", se félicitent les cadres de l'Afpac qui ont souhaité aller plus loin dans leur démarche de valorisation. "Nous avons effectué un travail prospectif, afin de donner un éclairage sur ce que pourrait être l'avenir de la filière à l'horizon de 2030, avec des points de passage intermédiaires en 2018 et 2023", explique Gérard Charney. "C'est un exercice réalisé en interne à l'Afpac, qui s'est réunie en conclave et a reconstitué la situation, à partir d'élément bibliographiques et de témoignages, afin de donner une vision", poursuit-il. Car les industriels des pompes à chaleur veulent jouer un rôle de premier plan dans la transition énergétique grâce aux réponses qu'ils proposent en matière de performance ou de rénovation thermiques. Trois scénarios ont été envisagés, un conservateur, n'anticipant aucun changement sur le marché national, un médian poursuivant la tendance actuelle, et un haut, plus optimiste pour les membres de l'association.
Une filière en manque de reconnaissance
Si l'association semble confiante dans la performance des solutions avancées, elle note toutefois de nombreuses difficultés à les faire adopter. Pêle-mêle, l'Afpac note que le prix de l'énergie est un paramètre défavorable, tout comme l'absence de communication sur les couplages entre électricité d'origine renouvelable et PAC ou l'instabilité des politiques publiques de soutien. Les professionnels soulignent également l'exigence d'obligations liées au règlement F-gaz (pour limiter les gaz fluorés) ou la pénalisation dont souffrent les pompes à chaleur dans la RT2012, avec une iniquité entre la chaleur et l'électricité des EnR (et l'application d'un coefficient de 2,58 qui abaisse les rendements). Mais, paradoxalement, la croissance du secteur, en 2014, n'a été portée que par le développement des solutions dans la construction neuve, imposée par la RT. "La filière est souvent oubliée dans les dispositifs d'accompagnement des pouvoirs publics", précise Gérard Charney. "Il y a une chute des placements de PAC air-eau en rénovation. Nous manquons d'installateurs qualifiés et certains sont encore frileux pour vendre ces produits", conclut-il. Une concertation avec l'Ademe et les ministères concernés (Ecologie et Logement) est donc prévue dans les prochains mois.