Par ailleurs, les managers sont rarement formés et équipés pour mesurer ces risques. L'organisation internationale de normalisation ISO qui a publié fin 2009 une norme chapeau traitant de la gestion des risques, ne consacre ainsi qu'une seule ligne à la problématique spécifique posée par les risques psychosociaux. La réalité est que la gestion de ces risques, pourtant majeurs et qui explosent, n'apparaît pas ou trop peu dans la boîte à outils des gestionnaires de projet. Ils ne figurent d'ailleurs pas plus dans les tableaux de bords des dirigeants, qui, à leur décharge, n'ont souvent pas été formés aux indicateurs de santé au travail. Aujourd'hui, les conditions d'une politique de prévention efficace des risques psychosociaux ne sont donc pas présentes, à commencer par leur mesure. Or, sans mesure, toute gestion de ces risques est impossible.

Quelle doit être la démarche des employeurs ?

G.P : Ces risques qui pénalisent la santé des salariés, la bonne conduite des projets, la qualité de service et les performances économiques des entreprises sont devenus trop importants pour les ignorer et ne pas les prévenir. Il existe un triple enjeu de sensibilisation, de formation à la santé sécurité au travail et de validation de techniques managériales préalablement à leur déploiement. Si le document unique engage les entreprises vers l'observation des risques professionnels « classiques », la gestion des risques psychosociaux doit urgemment se renforcer d'outils et d'une méthodologie pour prévenir et gérer la dimension humaine.

La prévention de ces risques doit-elle passer par des actions collectives ou individuelles ?

G.P : Le stress au travail touche désormais une population statistiquement importante. Selon le dernier sondage de l'observatoire de la vie au travail, 65 % des personnes interrogées se disent y être exposées dans leur entreprise. C'est 10 % de plus que l'an dernier. En tant que tel, il s'agit donc bien d'un phénomène collectif. Il est devenu impossible aujourd'hui de soutenir que le stress est uniquement une problématique de subjectivité individuelle. Ce qui pouvait se défendre il y a encore dix ans, ne trouve plus de justification quand 10 % des salariés de certaines entreprises sont absents et 30 % sont démotivés. Au même titre que les autres risques professionnels, ce phénomène doit donc être traité par l'analyse et la prévention collective.

 

Pour autant, si la souffrance du plus grand nombre sous-tend un problème de nature collective, le bien-être de ne serait-ce qu'un individu placé dans les mêmes conditions, doit offrir une lecture complémentaire du problème. Autrement dit, si la progression du stress en entreprise implique des mesures collectives, sa dimension individuelle ne doit pas être occultée par les employeurs.

Quel doit être le principe directeur de la politique de prévention de l'entreprise ?

G.P : En priorité, gérer la relation humaine. Sachant que 90 % des problèmes dans une entreprise sont étroitement liés aux relations entre les hommes, il ne faut pas négliger l'importance de ce facteur. C'est au manager de faire en sorte que la « charge émotionnelle » ne prenne pas le pas. Il lui faut pour cela, prendre de la distance. Les entreprises ont tout intérêt à recourir pour cela à des outils spécifiques, tels que par exemple le « Process Communication » qui fournit une méthode d'analyse des personnalités et de leurs échanges et aide à résoudre les conflits et les incompréhensions. Il est temps de revenir au fondamental et de remettre l'humain au cœur de l'entreprise et les managers au centre de la relation humaine.

 

Pour la mise en place de votre démarche de prévention du stress au travail et des autres risques psychosociaux, les Editions Tissot vous proposent la formation « Risques psychosociaux : repérez les souffrances au travail ».

 


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