Après une timide reprise le mois dernier, la construction neuve de logements continue d'afficher une faible hausse sur les trois derniers mois, mais les perspectives semblent s'assombrir, indiquent les chiffres du ministère de l'Ecologie publiés ce mardi.
Ça va un peu mieux dans le secteur de la construction de logements, au moins pour les mises en chantier qui progressent de 2.1% sur un an entre juin et août 2013, contre +4.7% entre mai et juillet derniers. Si les indicateurs sont toujours au vert, l'euphorie n'est plus de mise. Les derniers chiffres publiés par le ministère de l'Ecologie montrent ainsi que le nombre de mises en chantier - soit le nombre de logements commencés - est en décélération légère par rapport à fin juillet, à 78.075 unités. En outre, sur les douze derniers mois (sept.-12/août-13), la baisse s'élève à -11.1%, à 342.815 unités.
"Ces chiffres sont sans surprise, a commenté Bruno Heitz, économiste à la Société Générale, au micro de l'AFP. Les mises en chantier se sont stabilisées à un très bas niveau ces derniers mois, comme le montrent les enquêtes de conjoncture dans le bâtiment, qui ne donnent aucun signe de reprise, contrairement à celles de l'industrie". Plus en détail, on notera que les mises en chantier des logements neufs, sur les trois derniers mois, croissent de 3.6% (69.409 unités), tandis que les constructions sur bâtiment existants chutent de 8.7% (8.666 unités). Sur un an, les deux secteurs enregistrent des baisses respectives de -11.5% (302.523 unités) et de -7.9% (40.292).
Effondrement des permis de construire
En revanche, du côté des permis de construire, soient les futures mises en chantier, c'est la descente aux enfers qui se poursuit. On assiste ainsi à une chute globale très prononcée de25.2% sur un an, entre juin et août derniers, à 98.795 unités. Sur douze mois, la baisse atteint -13.5%, à 457.669 autorisations à construire.
De fait, les observateurs ne s'attendent pas à une amélioration de la situation, à l'instar de Bruno Heitz qui estime que la morosité perdurera : "L'environnement économique n'aide vraiment pas, la crise ne pousse pas à s'engager à long terme, et l'environnement fiscal n'est pas très stable, ce qui n'est pas bon pour le secteur". Et d'insister : "Je ne m'attends ni à une reprise ni à un effondrement… à l'image de l'économie française qui stagne. Pour que la construction redémarre, il faudrait une amélioration de l'environnement économique". Il ajoute même : "On sait d'ores et déjà que l'année 2013 sera une mauvaise année pour le bâtiment, et on ne s'attend pas à une véritable amélioration l'an prochain".
Vivement 2015…
Il y a quelques jours, la Fédération française du bâtiment tenait des propos peu ou prou similaires. Même si elle se gardait bien de parler de "reprise" ou de "sortie de crise", elle révisait à la hausse ses prévisions pour l'activité de 2013, à -2.5%, au vu justement des remontées des mises en chantier. "On attend un deuxième semestre [2014, ndlr] qui montre, au pire, un palier, au mieux une reprise", indiquait Didier Ridoret.