Batiactu : Autre marché porteur, le photovoltaïque. Vous avez lancé, il y a près d'un an, Saint-Gobain Solar. Quels étaient les objectifs et quels sont les résultats à ce jour ? Vous semblez avoir anticipé ce marché…
Pierre-André de Chalendar : Saint-Gobain Solar fournit une vaste gamme de produits et de services dans le domaine du solaire. Sa stratégie s'articule autour de trois volets complémentaires : premièrement, la fabrication et la vente de composants de haute technologie pour modules photovoltaïques (verres spéciaux, plastiques haute performance, …) et de miroirs haute performance destinés aux opérateurs d'usines thermosolaires ; deuxièmement, la production par la société Avancis de modules photovoltaïques à couches minces utilisant la technologie CIS (Cuivre, Indium, Selenium), destinés aux distributeurs et aux intégrateurs ; enfin, la conception et la commercialisation de solutions photovoltaïques pour les bâtiments résidentiels, tertiaires, industriels et agricoles.Il y a 6 mois, nous avons lancé l'activité Saint-Gobain Solar System en France et en Italie, avec des solutions esthétiques pour les particuliers. J'en attends un développement important

 

Batiactu : Mais est-ce rentable ?
Pierre-André de Chalendar : Le photovoltaïque n'est pas encore une énergie rentable aujourd'hui en France, et se développe notamment dans des pays où des subventions existent. C'est pourquoi 50% du parc installé est en Allemagne. En France, la baisse des tarifs annoncée en début d'année, même s'il est peut-être encore tôt pour le dire, risque d'impacter un peu le marché et de ralentir son développement. Mais, au final, le photovoltaïque reste une filière porteuse, dans laquelle il va falloir être compétitif.

 

Batiactu : Lors de l'inauguration de l'usine de Crissey (lire article), vous avez salué ces industriels qui s'installaient à nouveau sur le territoire (selon les Echos, il y aurait 215 projets de nouvelles usines dévoilés). Est-ce un signe de reprise, qu'est-ce que cela annonce d'après vous ? D'ailleurs Saint-Gobain n'est pas en reste puisque vous venez d'inaugurer à Chemillé (49) la nouvelle unité Isover (100 M€). Cela s'inscrit-il dans la stratégie du groupe que de se redévelopper en France ? Pourquoi ? Est-ce rentable ? Quels sont les autres projets à moyen terme ?
Pierre-André de Chalendar : J'espère que c'est un bon signe. On peut être industriel en France, c'est un des messages que j'ai passé à l'occasion de l'inauguration de Chemillé. Nous produisons localement pour servir des marchés locaux. La nouvelle usine de Chemillé va nous permettre d'aborder et d'être au plus près de tout le marché Ouest du pays. Dans les produits pour la construction, le coût de transport peut être prohibitif. Cela coûte moins cher de fabriquer à proximité de ses clients. En termes de nouveaux investissements de capacité en France, Chemillé est à ce jour le seul décidé. Mais on va bientôt terminer une usine de mortier dans l'Ouest du pays...

 

Batiactu : Quelle est votre vision globale de la construction et de l'habitat ?
Pierre-André de Chalendar : Je le repète, l'habitat est un secteur porteur. La France a des caractéristiques démographiques et des espaces disponibles suffisants qui permettent à la construction de repartir. Il faudra environ 500 000 nouveaux logements au cours des 10 prochaines années… Malgré le retard accumulé ces derniers mois, je reste convaincu que la construction, et surtout la rénovation, est une activité d'avenir, au-delà de la crise.

 

Batiactu : Enfin, en juin prochain, vous serez certainement réélu au Conseil d'administration et aussi nommé Président-Directeur Général du Groupe… Quelles seront vos obligations en termes de mixité alors qu'un projet de loi se profile sur un quota de 40% de femmes dans les conseils d'administration ?
Pierre-André de Chalendar : Le conseil d'administration de Saint-Gobain compte 3 femmes sur 16 administrateurs. Cette année, seul un administrateur voit son mandat arriver à terme, et c'est moi. Mais je suis très favorable à la féminisation des entreprises, et je viens d'envoyer un signal fort en interne puisque le nouveau directeur des ressources humaines est une femme.

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