L'initiative du Plan Bâtiment Durable, lancée en octobre 2013, a recueilli une nouvelle signature ce vendredi 19 septembre 2014, celle de CBRE (conseil en immobilier d'entreprise). L'occasion de dresser un rapport sur les premiers retours d'expériences. Analyse avec Olivier Teissier, chef de projet au CSTB.
Philippe Pelletier, président du Plan Bâtiment Durable, le rappelle à chacune de ses interventions, la Charte d'engagement volontaire pour l'efficacité énergétique des bâtiments tertiaires est une initiative née, en 2013, de l'absence de décret d'application du texte sur la rénovation thermique de ces bâtiments. "L'attente de la publication du décret commençait à avoir des effets pervers : la question de la rénovation tertiaire semblait ne plus être très importante aux yeux d'un Etat distrait", raconte-t-il, décrivant une situation où les acteurs du secteur préféraient attendre plutôt que de se lancer dans l'inconnu. "Il n'y avait donc pas d'élan, pas de dynamique de rénovation dans le tertiaire. Au Plan Bâtiment Durable nous nous sommes dit qu'il n'était pas raisonnable de ne penser qu'au logement pour la rénovation. D'autant plus que les maîtres d'ouvrage sont généralement plus professionnels dans le secteur du tertiaire que dans le logement, ce qui en fait un terrain d'expérimentation idéal", poursuit-il.
Lancer le mouvement de rénovation des bureaux
L'idée de charte, afin d'initier la dynamique espérée, a donc permis d'entraîner les grands acteurs du privé - et certains acteurs publics - qui se sont mobilisés à leur rythme. Au nombre de 73, avec l'arrivée de CBRE dans ce club, les signataires disposent donc d'un certain retour d'expérience, qui a été compilé dans un premier rapport d'étape, l'ambition étant, à terme, de créer un réseau d'échanges et d'entraide sur les bonnes pratiques. "Les données constituant le rapport ont été arrêtées au 30 juin 2014 et portent sur une trentaine de contributions sur les 60 signataires d'alors", prévient Olivier Teissier, chef de projet au CSTB. "Une fois agrégées, elles représentent un peu moins de 15 millions de m², soit environ 1,5 % du parc national tertiaire", explique-t-il, précisant que les bureaux (8 millions de m²) et les commerces (4 millions de m²) sont les plus représentés dans l'échantillon.Première observation, les consommations énergétiques des bâtiments considérés sont relativement faibles, très inférieures à la moyenne nationale (170 kWh/m²/an contre 240). Une particularité qui tient à l'avancement des signataires en termes d'efficacité énergétique. "De plus, ils ont ciblé des actifs où il est plus facile de suivre les consommations et de les maîtriser", annonce Olivier Teissier. L'échantillon présenterait également davantage de grandes surfaces et d'immeubles récents que la moyenne nationale. "Le secteur public et le petit tertiaire sont peu représentés, car les maîtres d'ouvrage ont moins de moyens et il est plus difficile pour eux de travailler sur l'efficacité énergétique", analyse le spécialiste du CSTB.
Convergences sur la méthode et le calendrier
Deux tendances se dessineraient, celle des pragmatiques, qui visent une réduction de leur consommation de l'ordre de -20 à -30 % d'ici à 2020 ; et celle des ambitieux, qui souhaitent atteindre les -40 %. "Les acteurs convergent sur le délai pour atteindre ces résultats, qui est de plusieurs années, jusqu'à 10 ans", poursuit Olivier Teissier. Parmi les plans d'actions mis en œuvre, le spécialiste note également des similitudes dans les stratégies déployées : "Diagnostic de l'existant, mise en place d'un plan de progrès partagé et progressif, mobilisant l'ensemble du groupe, déploiement d'une organisation cohérente avec un dispositif de suivi sur plusieurs années". Les principaux leviers d'action choisis par les signataires se répartissent en trois catégories, dont le coût varie de quelques milliers d'euros à plusieurs millions : celle de la modification des usages (sensibilisation des utilisateurs des bâtiments), celle de l'amélioration de l'exploitation et de l'entretien (interventions légères sur l'éclairage, la ventilation, le pilotage), et celle des travaux lourds (chaudière, équipements, enveloppe). "Ces derniers n'interviennent qu'en fonction des besoins de gestion immobilière traditionnelle des biens, sans relation avec l'engagement dans la Charte", précise-t-il. Un dernier levier, uniquement valable pour les grands groupes disposant d'un parc important, serait celui de la rationalisation et de l'optimisation des surfaces et des sites."Ce rapport d'étape n'est pas un aboutissement", prévient Philippe Pelletier, qui annonce qu'une deuxième mouture enrichie des données des nouveaux signataires, devrait être publiée avant la fin de l'année. De quoi entretenir le volontarisme et l'exemplarité souhaitées par le Plan Bâtiment Durable.