Les prix des logements baisseront-ils, comme l'espère le chef de l'Etat ? Oui, selon le Pdg de Century 21, Laurent Vimont, qui affirme que l'augmentation de 30% du nombre de logements fera diminuer les prix. Bémol ? « Les effets positifs se feront surtout sentir dans la construction neuve, les particuliers n'ont pas obligatoirement besoin de s'agrandir », réfute-t-il dans les colonnes du journal Le Monde. « C'est tout le contraire qui va se passer, estime Thierry Repentin, président de l'USH et porte-parole Habitat du candidat Hollande, dans le même quotidien. Les propriétaires de terrain vont les vendre plus chers ». L'Union des Constructeurs Immobiliers-FFB pense « qu'il est nécessaire que cette augmentation de capacité de construction se fasse à coût foncier constant, c'est-à-dire que la valeur totale du terrain ne soit pas supérieure à ce quelle était, compte tenu de la capacité à construire supplémentaire. C'est à cette condition que nous pourrons obtenir une baisse effective du prix du logement. »
Les collectivités aux aguets…
Mais tous perçoivent une inquiétude de taille : l'opposition des collectivités locales, dont la fixation du coefficient d'occupation des sols est jusqu'ici une de leurs prérogatives. Nicolas Sarkozy avait prévenu qu' « un conseil municipal pourra refuser ce droit, mais il faudra qu'il prenne une délibération ». « Restons vigilants, il n'est pas sûr que [les collectivités] ne s'y opposent pas », lance Didier Ridoret. « Les communes n'autoriseront certainement pas facilement ces modifications du COS », confirme Marie-Françoise Manière. « En outre, il est aisé de les contourner », ajoute-t-elle. Pour sa part, le président du Conseil national de l'ordre des architectes (Cnoa), Lionel Carli, est plus mesuré. « J'attends de voir dans quelles conditions on attribuera ces 30% et dans quel cadre ce dispositif sera appliqué, mais je pense que cela peut être l'occasion pour les collectivités de réviser ou refondre leurs documents d'urbanisme, de voir sur quelles zones peuvent être acceptés ces constructions supplémentaires, tout en prenant en compte les règles de hauteur et d'emprise au sol… Bref, d'amener une réflexion nécessaire en matière d'urbanisme ».
Contacté également, Jacques Pélissard, président de l'Association des Maires de France, entend rester ferme sur une chose : « Le pouvoir d'appréciation sur la construction doit dépendre des maires et des conseils municipaux, qui savent appréhender les spécificités des territoires, les tensions, les contraintes ou les risques ». Il a également rappelé qu'assouplir les règles de construction devait s'articuler avec celles déjà en place - le dépassement du COS est déjà possible pour les HLM et les constructions BBC, ndlr - ainsi qu'avec celles qui régissent la loi littoral ou le Plan de Prévention des Risques naturels. Il reste donc favorable à une certaine souplesse des règles, mais récuse « toute règle générale et impersonnelle ». Une rencontre entre les élus locaux et Benoist Apparu est prévue cette semaine, nous a-t-il indiqué.
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