Après quatre années successives de ralentissement, les investissements éoliens sont repartis à la hausse en 2014 dans l'Hexagone qui s'inscrit dans une tendance mondiale. Le parc français dépasse maintenant les 9 GW, dont 1 GW a été raccordé au cours de l'année écoulée, de quoi alimenter 1 million de foyers selon France Energie Eolienne. Zoom.

La filière éolienne française a repris des couleurs en 2014, après quatre années de ralentissement de la croissance - il y avait eu seulement 0,63 GW raccordés en 2013 - le nombre d'installations étant reparti à la hausse. La puissance nouvellement installée a même dépassé le gigawatt, chose qui n'était plus arrivée depuis 2010. Selon France Energie Eolienne (FEE), cette puissance additionnelle pourrait permettre de couvrir la consommation électrique domestique d'un million de foyers français (hors chauffage). Et elle porte la puissance du parc national au-dessus de la barre des 9 GW. "Cette dynamique retrouvée s'explique notamment par le volontarisme des pouvoirs publics", note FEE. "Plusieurs mesures clés ont été adoptées comme la sécurisation du tarif d'achat réglementé et l'adoption de la loi Brottes (2013) qui supprimait les zones de développement éolien et le seuil de cinq mâts pour la construction d'un parc éolien".

La FEE demande le maintien du tarif d'achat au-delà de 2015

"Mais il ne faut pas se réjouir trop tôt", tempère Frédéric Lanoë, le président de France Energie Eolienne. "Cette croissance doit absolument être amplifiée dans les années à venir si la France veut atteindre ses objectifs de transition énergétique", prévient-il. Selon FEE, afin d'atteindre la part des énergies renouvelables prévue pour 2020 (23 % grâce notamment à 19 GW d'éolien terrestre installés), il faudrait raccorder 1,6 GW par an pendant les dix prochaines années. Le président de FEE précise : "Nous maintenons qu'il y a trois conditions essentielles d'une progression conséquente de la part d'énergie éolienne en France : un système de rémunération plus juste, une instruction efficace et rapide, et enfin, des espaces clairement dégagés pour installer des projets acceptés". Les acteurs de la filière demandent au gouvernement et parlementaires "de lever un malentendu qui subsiste dans le projet de loi pour la transition énergétique concernant le tarif d'achat". Ils évoquent la date butoir du 1er janvier 2016 pour l'abandon de ce tarif et proposent qu'il soit au contraire maintenu "dans l'attente d'une réforme indispensable du marché de l'électricité (…) Tant que le marché de l'électricité français n'aura pas été fluidifié et modernisé, il serait impensable que la France ne garantisse pas ce tarif et s'exclue d'un contexte mondial qui s'avère porteur : les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables ont crû de +16 % en 2014". FEE rappelle qu'environ 1,5 milliard d'euros ont été nécessaires aux raccordements éoliens français en 2014 et que la filière emploie plus de 11.000 personnes dans l'Hexagone à ce jour.

Tenir compte des contraintes militaires

Autre source d'inquiétude, l'équilibre à trouver avec les zones d'entraînement de l'Armée de l'air et celles couvertes par les radars militaires. Les éoliennes en fonctionnement renvoient en effet les ondes radar dans toutes les directions, produisant des échos indésirables sur les terminaux de surveillance. Les professionnels évoquent la situation de la région Lorraine, qui avait connu un essor de l'éolien dans les années 2000 mais qui marque le pas en 2014 (voir encadré) : "En effet, le développement éolien en terre lorraine est fortement ralenti par le renforcement des contraintes militaires dans cette région". Entre 97 et 98 % des surfaces favorables seraient impactées dans la région. FEE déclare être engagée dans des discussions avec les pouvoirs publics "pour atteindre un point d'accord".

 

Les raccordements en 2014 dans les régions (MW) :
Champagne-Ardenne : +259,2
Languedoc-Roussillon : +125,5
Picardie : +115,2
Nord-Pas-de-Calais : +114,8
Bourgogne : +110,6
Centre : +68,7
Poitou-Charentes : +63,8
Basse-Normandie : +45,8
Bretagne : +44,8
Pays-de-la-Loire : +30,2
Auvergne : +20
Haute-Normandie : +19,8
Lorraine : +10
Limousin : +2

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