La géothermie permet de produire de l'électricité à partir de la chaleur contenue dans le sol. Selon une étude réalisée par l'Ademe et Capgemini, le marché mondial devrait plus que doubler dans les 10 ans. De quoi attiser la convoitise des industriels du secteur et motiver la filière française pour organiser une offre à l'export.

L'électricité produite par la géothermie de haute température - dans des couches profondes du sol qui atteignent 100 à 350 °C - est une énergie d'ores et déjà compétitive dans plusieurs pays du monde. D'après l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) et Capgemini Consulting, le marché mondial pourrait même plus que doubler d'ici à 10 ans. Car cette énergie propre, présente de nombreux avantages : constante, elle ne subit pas de variation saisonnière ou journalière, contrairement aux énergies intermittentes comme le photovoltaïque ou l'éolien. Les zones propices, notamment où l'activité volcanique est importante sont réparties sur toute la surface du globe : ceinture de feu du Pacifique, rift africain, région des Caraïbes, etc. Son coût, compris entre 60 et 120 €/MWh, la placerait donc à un niveau comparable à celui des autres sources d'énergies comme le nucléaire ou les carburants fossiles.

 

Proposer une offre française à l'export
Afin de tirer parti de cette manne potentielle, la France disposerait d'atouts comme les compétences et les savoir-faire de ses scientifiques et de ses industriels "présents sur l'ensemble de la chaîne de valeur", estiment l'Ademe et Capgemini, "avec des points forts en exploration, ingénierie, équipements, exploitation et maintenance". Ainsi, le pays se situerait au 4e niveau mondial pour la production d'électricité géothermique, notamment grâce aux départements et régions d'outremer insulaires qui recèlent, par leur contexte géologique, d'importantes ressources exploitables. Cependant, l'Hexagone serait déjà en train de prendre du retard, par rapport à d'autres pays comme l'Islande, l'Italie, le Japon, la Nouvelle-Zélande ou les Etats-Unis, des pays qui auraient déjà développé des stratégies pour l'export.

 

C'est pourquoi la filière française doit dynamiser et positionner une offre nationale en mettant en place "un outil de mutualisation des risques exploratoires, pour être présente et active dans les régions à potentiel n'ayant pas encore achevé leur phase d'exploration, comme par exemple l'Amérique latine. Elle doit être capable de répondre à des offres complètes avec un ou plusieurs développeurs français ou étrangers leaders sur leurs marchés. Des groupes de construction peuvent prendre le rôle d'ensembliers-développeurs, notamment en Afrique. Des énergéticiens ou des équipementiers français sont déjà présents sur de grosses installations en Indonésie, au Chili ou au Mexique", poursuivent l'Ademe et Capgemini. Les plus gros potentiels de développement existeraient en Afrique (où le marché pourrait être multiplié par 9 dans les dix ans), dans la zone Asie-Pacifique (multiplié par 4), en Amérique centrale et Caraïbes (doublement).

 

Une stratégie qui passe par les Antilles
L'Agence française propose donc une démarche visant à fédérer les acteurs nationaux pour enclencher une dynamique de succès commerciaux sous 12 à 48 mois. "Une stratégie centrée sur les Antilles françaises (…) mobilisant des acteurs publics et privés, est d'ores et déjà en cours au travers d'une site en exploitation en Guadeloupe". Il s'agit de la centrale géothermique de Bouillante (photo), près du volcan de la Soufrière, d'une puissance de 16 MW, qui fournit environ 6 % de toute l'électricité de l'île. "Les premiers résultats, positifs, ouvrent la voie aux différents acteurs de la filière en cours de structuration pour le développement de l'offre française", soulignent les auteurs de l'étude. Philippe Laplaige, ingénieur au service Réseaux & énergies renouvelables de l'Ademe, estime que la France pourrait se mettre en situation d'exportateur pour la production d'électricité géothermique et décrocher 10 à 15 % du marché mondial… si elle parvient à s'organiser en fédérant les acteurs, y compris des PME, des banques et des organismes publics comme le Bureau de Recherches Géologiques et Minières.

 

La géothermie mondiale (en 2010) et en 2023 :
Parc de production : (11 GW) 25 GW ;
Chiffre d'affaires : (1,4 Mrd $) 3,3 Mrds $ ;
Rythme de progression : (350 MW/an) 835 MW/an.

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