EXPOSITION. Le mois d'octobre sera celui de Franck Gehry. Si l'ouverture prochaine de la Fondation Vuitton fait grand bruit, une exposition détaillée et documentée du travail de l'architecte démarre ce mercredi 8 octobre au Centre Pompidou à Paris. L'occasion de revenir sur les constructions si singulières du prix Pritzker 1989. Découverte.
"Un projet de Franck Gehry nécessite 10 à 15 ans avant d'être abouti", le commentaire de Frédéric Migayrou, directeur-adjoint du musée national d'art moderne, service des collections architecture et design, et commissaire de l'exposition, en dit long sur le travail de précision fourni par l'architecte américain dans chacune de ses œuvres.
Et ce choix du détail et cette minutie se retrouvent dans l'exposition qui lui est consacrée au Centre Pompidou de Paris, à partir de mercredi 8 octobre. Après deux ans d'échange, la manifestation présente 65 maquettes et 250 dessins et croquis qui renferment des secrets de fabrication. On pourra alors découvrir qu'il s'appuie sur un trait continu, sans relâche : "Quand le stylo est parti, il ne se relève jamais", confie Frédéric Migayrou. Et de compléter : "Il pense son projet en dessinant. Ensuite, c'est un travail d'orfèvre qui s'enchaîne avec la relation dessin/maquette calculée au millimètre près". Ces deux éléments sont essentiels dans le travail de Franck Gehry, mais ils reflètent aussi son goût des matières. D'ailleurs, ses maquettes mêlent le bois, le papier, le carton, le plastique etc. Des pièces qu'il a exploitées autour de sa propre maison réalisée en 1982 avec l'introduction de matériaux pauvres tels que la tôle et les grillages industriels. Cette expérimentation, Franck Gehry l'a beaucoup développée dans ses programmes de maisons individuelles qu'il a réalisés au début de sa carrière. Là sont apparus l'éclatement de boîtes, la déformation des cubes, véritable griffe de l'architecte.
Franck Gehry, l'urbaniste
Enfin, si Franck Gehry fait aujourd'hui partie du cercle restreint des "starchitectes", on comprend tout au long du parcours qu'il a mis du temps à se trouver et à s'imposer. Après avoir vécu un an à Paris où il a pu visiter les œuvres de Le Corbusier, Franck Gehry, qui a vécu à Meudon de manière modeste, dans un petit sous-sol avec sa famille, mettra longtemps à ouvrir sa propre agence. C'est aux Etats-Unis, à Santa Monica, en 1962, qu'il créera son atelier. Mais ce qui fera de Gehry, "Monsieur" Gehry, reste le Guggenheim de Bilbao. Cette structure traduit les forces de l'architecte, et notamment son âme d'urbaniste. "C'est Franck Gehry lui-même, qui a réclamé que le musée soit déplacé vers le port de manière à tisser une relation forte avec les ponts", souligne Aurélien Lemonier, conservateur au service architecture du musée national d'art moderne, et commissaire de l'exposition. Un pari gagné puisqu'aujourd'hui la ville industrielle est portée par le modernisme de l'ouvrage qui attire chaque année de nombreux visiteurs. Autre exemple : la maison dansante à Prague implantée au bord du fleuve, fait office de rotule entre deux mondes. De même, le musée Jimi Hendrix à Seattle accueille le métro dans le bâtiment, "une manière d'exprimer les flux et les énergies de la ville", confirme un des commissaires de l'exposition. Pas de doute, l'homme aime se confronter à la ville d'hier et d'aujourd'hui. D'ailleurs, ses photographies de paysages industriels en sont l'illustre exemple. Et à défaut de s'attarder sur l'homme, l'exposition permettra d'appréhender l'ensemble de la vision de Franck Gehry. Mais pour prendre davantage l'ampleur de son architecture, le mieux sera encore de la vivre. Pour cela, direction la Fondation Vuitton, inaugurée à Paris à la fin du mois et plus tard la Fondation Luma à Arles.Exposition Franck Gehry, du 8 octobre 2014 au 26 janvier 2015, au centre Pompidou de Paris.