Alors que se tient le Forum des innovations de l'Ademe ce 20 juin 2013, l'opérateur désigné des investissements d'avenir pour la transition énergétique dresse un bilan d'étape des projets financés et des actions de R&D valorisées. Détails avec François Moisan, directeur Stratégie Recherche International, et Jean-Guillaume Peladan, directeur des Investissements d'avenir.

Dans le cadre général de la transition énergétique, dont le débat est actuellement en cours, les entreprises françaises sont appelées à se préparer à consommer moins et à intégrer davantage des procédés plus respectueux de l'environnement. Le "Programme d'Investissements d'Avenir" (PIA, ex-Grand Emprunt engagé en mars 2010) est donc mis en œuvre par l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) à la demande de l'Etat et du Commissariat général à l'investissement. "Nous sommes opérateur de quatre grands domaines : les énergies renouvelables, les réseaux électriques intelligents, l'économie circulaire et les transports", explique François Moisan, directeur Stratégie Recherche International de l'agence. Des domaines qui couvrent des thématiques clefs visant notamment au développement de nouvelles technologies de stockage de l'énergie, de démonstrateurs EnR, ou de systèmes électriques intelligents permettant la maîtrise des consommations. "Il existe deux modes de financement : les aides de l'Etat, qui représentent 83 % du total, et les interventions en fonds 'propres' de l'Ademe, dans 17 % des cas", poursuit François Moisan. "Et nous disposons de deux outils complémentaires de capital risque avec les interventions directes et les interventions du fonds écotechnologies dans les PME".

 

Des perspectives de remboursement avec intéressement
Quant au PIA, il se caractérise par sa cible : des projets innovants ambitieux, portés par des entreprises anticipant les opportunités ouvertes par les marchés de l'économie verte. "A ce jour, 31 appels à manifestation d'intérêt (AMI) ont été lancés, dont 27 sont clos et 4 encore en cours", détaille Jean-Guillaume Peladan, le directeur de la mission. "Nous disposons d'un véritable outil d'accompagnement du risque, car l'étape de démonstration et d'expérimentation en conditions réelles ou d'industrialisation, est une étape où les investisseurs 'classiques' hésitent devant les incertitudes du résultat final", poursuit-il. "Un outil de financement souple, qui s'adapte aux différents domaines et qui est bien sûr plus efficace quand il est coordonné avec une politique de recherche. Un outil utile, enfin, à la création et à la transformation des filières industrielles".

 

Car tous les grands secteurs et équipementiers français des filières traditionnelles sont représentés dans les différents projets retenus : énergie, automobile, construction navale ou ferroviaire, etc. Si les grandes entreprises se taillent la part du lion, avec 63 % des financements (573 M€), les TPE/PME/ETI bénéficient de 24 % de l'enveloppe totale (218 M€), et les organismes de recherche et collectivités se partagent les 13 % restants (118 M€). "La rémunération de la prise de risque sera intéressante en cas de réussite des projets", explique François Moisan. "Les perspectives de remboursements avec intéressement systématique de l'Etat, à l'horizon de 2020, et pour le seul domaine du photovoltaïque où ont été investis 150 M€, sont de 1 milliard d'euros !". C'est pourquoi, d'autres AMI devraient être prochainement lancés, dont un second dans le domaine des énergies marines pour le développement de fermes pilotes (après le premier volet du mois de mai qui concernait le développement de démonstrateurs), et un AMI dans le domaine des déchets.

 

Prebat, pour le domaine du bâtiment
Dans le domaine du bâtiment, les programmes de recherche lancés en 2007 avec les entreprises du secteur ont abouti à la commercialisation de plusieurs technologies comme le chauffe-eau thermodynamique, les vitrages isolants ou les pompes à chaleur. Les six premiers projets lauréats du PIA couvrent notamment une plateforme technologique dédiée à la réhabilitation, la rénovation de logements sociaux et la maison à énergie positive. "Les appels à projets Prebat ont porté sur 2.950 bâtiments exemplaires, neufs ou réhabilités", précise Anne Varet, directrice Recherche & Prospective de l'Ademe. "Ils mettent en œuvre des technologies issues de la recherche comme des enveloppes très performantes, une forte étanchéité à l'air, des modes de chauffage performants, une ventilation améliorée, une intégration poussée des renouvelables et un recours au triple vitrage". D'après l'Ademe, le soutien aux innovations sur les matériaux isolants, les équipements de production de chaleur et les systèmes multifonctions de ventilation permettront d'accélérer la rénovation des bâtiments existants qui continueront de constituer l'essentiel du parc jusqu'en… 2050.

 

Le Programme Investissements d'Avenir en chiffres :
4 grandes thématiques pour 2,45 Mrds € de crédits ;
31 AMI lancés ;
541 projets reçus ;
136 projets retenus (dont 4 avec le Fonds Ecotechnologies) ;
115 projets engagés ;
940 M€ d'interventions mais 3 Mrds € d'activités générés (soit un effet de levier supérieur à 2 : pour 1 € de fonds publics, les industriels ajoutent 2 €).

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