Le groupe britannique Kingfisher a annoncé qu'il jetait l'éponge après un an de négociation pour racheter Mr.Bricolage. Le conseil d'administration et le principal actionnaire de l'enseigne française s'étaient montrés réticents au cours des dernières semaines. Détails.
La coupe était pleine pour Kingfisher qui a décidé de ne pas poursuivre son rapprochement avec Mr.Bricolage, pour former le numéro un du secteur du bricolage en France. Entrés en négociations exclusives voilà exactement un an, les deux groupes n'ont finalement pas réussi à trouver un accord avant la date buttoir du 31 mars 2015, fixé dans l'accord préliminaire, signé le 23 juillet 2014. Ce dernier précisait en effet que le feu vert des Autorités de la concurrence devait être obtenu avant avril.
La situation s'était crispée plus tôt, au cours du mois de mars, le conseil d'administration français et le principal actionnaire de Mr.Bricolage, ANPF (l'association qui regroupe les magasins), exprimant des inquiétudes sur le bienfondé de l'opération. L'ANPF, qui détient 41,9 % du capital et 49,9 % des droits de vote de l'enseigne française, a souhaité "informer le public qu'aucun accord n'est intervenu entre les parties pour reporter cette date butoir, et qu'elle a indiqué aux autres parties qu'elle n'entendait pas accepter un éventuel report". Une prise de position qui a donc découragé la société anglaise, déjà propriétaire en France de Castorama et Brico Dépôt.
Un groupe en cours de désendettement
Les opposants français au rapprochement précisaient que les propositions de Kingfisher risquaient de "nuire gravement aux intérêts de Mr.Bricolage et donc de ses actionnaires". Ils ont souligné que les engagements "s'ils avaient été mis en œuvre, auraient conduit en France à la sortie définitive du groupe d'un nombre très élevé de magasins à enseignes Mr.Bricolage et Les Briconautes". L'accord préliminaire prévoyait que le groupe britannique rachèterait les parts de l'ANPF et de la famille Tabur, second actionnaire de l'enseigne française (25,3 % du capital), au prix de 15 € par titre, avant de racheter toutes les autres parts minoritaires au même tarif. Une transaction qui valorisait Mr.Bricolage à environ 275 M€, en incluant la dette. Le groupe français revendique être le premier acteur indépendant du commerce en bricolage de proximité avec 797 points de vente sous enseigne et affiliés. En 2014, il a publié des résultats en fort progrès à 26,6 M€ (+20,5 %), malgré "un contexte de marché difficile", qui ont permis un fort désendettement (-22,6 %), la dette financière nette repassant sous les 100 M€. Pour 2015, Mr.Bricolage annonce vouloir "poursuivre son développement en France et à l'international". Le groupe "compte sur le développement du digital pour augmenter ses ventes, développer son résultat et réduire son endettement".