La municipalité de Kaboul, qui veut réhabiliter la capitale afghane ravagée par 23 ans de guerre selon le plan de cadastre établi en 1978, prépare le grand chantier de reconstruction qui commencera vraiment à entrer en oeuvre au printemps.

Depuis l'arrivée de l'Alliance du Nord le 13 novembre dans la capitale, l'aspect de Kaboul, ville dont certains quartiers ont été complètement détruits durant la guerre civile (1992-1996), n'a pratiquement pas changé.

Seuls quelques signes avant-coureurs de la réhabilitation à venir sont visibles: quelques rues commencent à être réparées et de premiers coups de marteaux sont donnés, comme au lycée français Estiqlal. Mais pour le moment, l'aide reste cantonnée à l'urgence, comme la distribution de bâches de plastique pour colmater murs ou fenêtres manquants, le temps de passer l'hiver.

"Nous commencerons après le mois de mars, quand le temps le permettra", a indiqué à l'AFP le responsable du plan à la mairie, Abdul Rachid Janbaz.

Entre 1,8 et 2 millions de personnes vivent à Kaboul, selon les estimations, mais 500.000 à 600.000 déplacés ou réfugiés sont attendus dans les prochains mois selon le Haut commissariat des Nations unis pour les réfugiés (HCR).

La mairie, qui a demandé pour l'année à venir 26 millions USD, a déjà établi son plan de bataille.

Dans les trois premiers mois, elle entend s'attaquer aux systèmes de ramassage des ordures et de drainage, à l'amélioration de l'alimentation en eau, au déblayage et l'asphaltage des principales rues, à la réparation des maisons en partie détruites.

"La première étape est de nettoyer la ville, asphalter 308,45 km de routes et construire 121,3 km de rues", selon une note de la mairie.

A plus long terme, cinq ou dix ans, elle prévoit de goudronner l'ensemble des routes de la ville - notamment celle reliant l'aéroport à l'hôtel Intercontinental -, réhabiliter totalement le système sanitaire, recycler les zones dévastées, reconstruire bâtiments publics et habitations.

Le défi est de taille, d'autant que la municipalité a besoin de créer de toutes pièces un système efficace de gestion urbaine capable de coordonner les aides, trouver des partenariats ou suivre le cheminement des fonds, souligne Richard Ragland, de l'agence de l'ONU Habitat.
En attendant, elle multiplie les contacts avec délégations étrangères et ONG.

Selon la mairie, une délégation allemande a promis de donner une usine d'asphalte. Une autre, japonaise, a proposé 3 M USD pour réparer notamment écoles et hôpitaux. La France assiste à la reconstruction des deux lycées français. La Banque mondiale doit aider à l'électrification de stations de pompage d'eau qui jusqu'à présent fonctionnaient au diesel.

Côté ONG, UNHabitat travaille déjà sur la réparation des routes non pavées et projette de commencer d'ici à deux semaines le nettoyage des maisons en ruine, tandis que Care prévoit d'augmenter le système de pompage d'eau et de connexion aux habitations.
Au cours de la dernière décennie, 60% du système d'alimentation en eau et en énergie a été endommagé, selon la mairie.

La ville compte 2.000 puits mais aucun système général d'alimentation directe en eau potable et la création d'autres puits risque de générer un manque en eau, le niveau de la nappe phréatique ayant baissé.

Le système hydroélectrique, qui fournit la ville en électricité, a été mis à mal par la sécheresse, entraînant des coupures régulières. Les lignes locales de téléphone marchent une fois sur deux et n'atteignent pas l'ensemble de la ville. Le système de drainage des eaux usées ou eaux de pluie ne couvre que la moitié de la ville.

La situation est particulièrement précaire dans les quartiers "illégaux" qui ont poussé ces dernières années hors cadastre à la périphérie mais aussi dans le centre sans aucune structure publique.

D'ailleurs, la mairie qui entend remettre de l'ordre dans la ville, a décidé de respecter le plan directeur établi en 1978. Jamais appliqué - l'invasion soviétique date de 1979 - , ce plan divise la ville en cinq secteurs. La municipalité a déjà officiellement interdit toute construction hors plan et détruit plus d'une dizaine de maisons avec l'aide de l'armée, a-t-elle indiqué. Une politique, qui si elle était généralisée, menacerait 300.000 personnes.

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