Les auteurs arrivent à une empreinte totale de 951 tonnes équivalent CO2, soit 8,6 t. par chantier de rénovation en moyenne. Rapporté à la surface habitable moyenne des maisons étudiées (145 m²), le taux d'émission des travaux de rénovation énergétique est d'environ 60 kg eqCO2/m². Ils soulignent : "Nous pouvons constater (…) une certaine homogénéité des résultats obtenus par chantier entre les différents types de maison [qui] peut s'expliquer par celle des bâtiments étudiés (tous sont des maisons individuelles), par celle des bouquets de travaux appliqués (tous correspondent à un même référentiel technique), mais également par les hypothèses de l'étude (appliquées de la même manière à chaque type)".

 

 

Choisir des entreprises à proximité et des produits naturels

 

En décomposant cette empreinte, il apparaît que la plus grande part des émissions de gaz à effet de serre est liée aux matériaux et produits de construction qui représentent les deux tiers du carbone total. Suit le poste "Déplacements" qui représente près du quart des émissions totales. Les autres postes "Immobilisation" (7 %), "Fret" (3 %) et "Fin de vie" (2 %) n'arrivent qu'ensuite, tandis que le poste "Energie consommée sur chantier" est négligeable. En analysant les choses de façon encore plus fine, il apparaît que les lots les plus émissifs sont ceux des travaux de l'enveloppe (murs, combles, planchers) avec près de 75 % de l'empreinte carbone. Les menuiseries atteignent 17 % des émissions. Un classement qui est expliqué "en grande partie par l'importance des quantités de matériaux isolants utilisés et par l'importance des surfaces d'enveloppe à traiter, pour ce qui constituait par ailleurs la priorité du programme JRBBC".

 

Le rapport propose des pistes d'amélioration du bilan carbone : "Les enquêtes menées sur les déplacements des professionnels du panel d'étude révèlent que les entreprises sont localisées à des distances du chantier variant entre 35 et 70 km". Une solution serait donc de choisir des entreprises plus proches, en définissant même des valeurs cibles optimales : 15 km de distance pour les entreprises de travaux et 25 km pour les maîtres d'œuvre et bureaux d'études, situés à proximité des plus grandes villes. Un autre axe pourrait être d'optimiser les circuits de déplacements. Du côté des produits de la construction, l'impact carbone varie selon les matériaux choisis. Ouate de cellulose, laine de verre ou complexe ouate-fibre de bois présentent les taux de CO2 les plus faibles. Les spécialistes font toutefois valoir que "le choix de l'isolant est conditionné à bien d'autres paramètres : nature du support, technique de mise en œuvre, tenue au feu, coût, etc".

 

De très bons résultats… encore insuffisants

 

 

Concernant la phase d'exploitation des bâtiments, l'impact carbone se trouve lié aux consommations énergétiques. Il est estimé qu'avant les travaux, une maison du panel considéré émettait, en moyenne, 12,2 t eqCO2/an, soit 87 kg eqCO2/m²/an. Après travaux d'amélioration, ce taux a drastiquement diminué à seulement 2,2 t eqCO2/an (soit 15 kg eqCO2/m²/an). Le coefficient de réduction des émissions de gaz à effet de serre est donc de 76 % soit une division par quatre de la quantité. Cependant, de grandes disparités existent, suivant le type d'énergie utilisée. De façon logique, les diminutions les plus importantes sont constatées lorsqu'un changement de source d'énergie a été opéré pour passer à du décarboné.

 

Mais au bout de combien de temps le carbone évité annuellement parvient-il à effacer l'empreinte générée lors des travaux, se demandent les chercheurs. Leurs calculs montrent que le "temps de retour" des rénovations est bref : seulement 10 mois d'exploitation, puisque le poids d'une opération est de 8,6 tonnes de CO2, et que le gain est de 10 tonnes de CO2 épargnés par an. Les auteurs concluent : "La démarche de rénovation énergétique apparaît donc très pertinente du point de vue du bilan carbone global. Malgré une phase de chantier émettrice de gaz à effet de serre, la réduction des consommations énergétiques dues à la rénovation compense très rapidement les émissions occasionnées". L'impact environnemental est donc très positif. Malheureusement, bien qu'important, la division par quatre des émissions de gaz carbonique pour les maisons rénovées n'est pas à la hauteur de la Stratégie nationale bas carbone dont un des objectifs est de les réduire non pas de 76 % mais de 87 % d'ici à 2050.

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