Jeux olympiques : ce qu'il faut savoir sur les conditions de circulation en Île-de-France

 

D'après les autorités, les perturbations liées à l'organisation de l'évènement sportif le plus important de la planète pourraient s'étendre jusqu'à la fin du mois d'octobre. Dans la mesure où les routes franciliennes devraient être plus chargées que d'habitude, du fait de cet afflux de touristes mais aussi des restrictions d'accès à certains axes et des périmètres de sécurité instaurés autour des sites de compétition, des difficultés de circulation sont à prévoir.

 

Celles-ci devraient notamment impacter les professionnels du bâtiment amenés à se rendre intramuros ou à traverser la capitale. Batiactu fait le point avec Philippe Servalli, président de la Fédération française du bâtiment Grand Paris - Île-de-France (FFB GP-IDF).

 

 

Quelle est la différence entre les périmètres bleus, rouges et gris ?

 

La Préfecture de police a mis en place trois niveaux de périmètres de sécurité en fonction des arrondissements et quartiers, chacun disposant de ses propres modalités d'accès.

 

Les périmètres bleus ne nécessitent pas de Pass Jeux pour les piétons, cyclistes, trottinettes et véhicules motorisés, mais les conducteurs de ces derniers doivent présenter un justificatif.

 

Les périmètres rouges ne requièrent pas non plus de Pass Jeux pour les piétons, cyclistes et trottinettes, mais la circulation des véhicules y est interdite, sauf pour les personnes présentant un Pass Jeux.

 

Le périmètre gris, aussi appelé SILT (Sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme), est le plus restrictif de tous.

 

Pour faire simple, il est déjà déployé sur les bords de Seine en vue de la cérémonie d'ouverture qui se déroulera sur le fleuve le 26 juillet. Dans les semaines suivantes, il sera déployé autour des sites de compétition, la plupart du temps 2 heures avant le début des épreuves et jusqu'à 1 heure 30 après leur fin.

 

L'accès des piétons, cyclistes et trottinettes est contrôlé : seuls les riverains, les personnels accrédités de Paris 2024, les spectateurs munis d'un billet ainsi que les athlètes pourront circuler dans le périmètre gris. Les véhicules seront interdits, sauf ceux des riverains, de l'organisation Paris 2024, des secours et des forces de l'ordre.

 

Quelles sont les conséquences de ces trois niveaux de périmètres pour les artisans du bâtiment ?

 

"Nous sommes particulièrement concernés par les périmètres bleus et rouges, mais pas a priori par le périmètre gris qui entoure les sites de compétitions car il ne s'y trouve pas d'habitations", explique Philippe Servalli à Batiactu.

 

Attention cependant, il existe des particularités pour le périmètre gris de la cérémonie d'ouverture le 26 juillet, différent de celui des sites de compétition instauré dès le 27.

 

"Pour la cérémonie d'ouverture, le périmètre gris a été étendu en plein centre de Paris, au niveau des quais et parfois jusqu'au pied des immeubles, depuis le 18 juillet et jusqu'au 27 au soir. Sur ce point précis, nos entreprises peuvent éventuellement être concernées", reprend le responsable.

 

Ajoutant : "Les accès au périmètre gris sont conformes à ce que nous avait annoncé la Préfecture de police : ils sont contrôlés et réservés aux riverains et professionnels avec un Pass Jeux jusqu'au 26 juillet à 13h. Au-delà, plus aucun accès ne sera possible en-dehors des spectateurs munis d'un billet, des riverains et de leurs proches. Mais c'est un épiphénomène de quelques heures."

 

Pour les périmètres rouges :

 

Les entreprises du bâtiment sont aussi impactées par les périmètres rouges, où peuvent se trouver leurs locaux, des ateliers et magasins où elles se fournissent, ou encore des chantiers sur lesquels elles interviennent.

 

"Là encore, la situation est conforme aux annonces des pouvoirs publics : l'accès est libre pour les piétons, cyclistes et trottinettes, et contrôlé pour les véhicules autorisés et détenteurs d'un Pass Jeux. Les entreprises ont été invitées à faire leur demande de Pass Jeux en amont, et pour l'instant le système fonctionne bien", précise le président de la FFB GP-IDF.

 

Dans les périmètres rouges, les artisans doivent toutefois se plier à un calendrier précis pour les livraisons et interventions motorisées, sur le même modèle que les restrictions d'accès du périmètre gris autour des sites olympiques. Pour rappel, ces restrictions se mettent en place 2h avant et 1h30 après les épreuves. Les déplacements sont toujours possibles à pied - pour les compagnons se déplaçant en métro par exemple. Pour le reste, les livraisons sur chantiers doivent se faire sur les plages horaires indiquées.

 

Pour les périmètres bleus :

 

Ils n'auront, pour leur part, quasiment aucun impact pour les professionnels du bâtiment. "Ils sont ouverts aux piétons, cyclistes, trottinettes et véhicules avec un motif légitime d'accès et un justificatif. Si on a un chantier dans ces zones, on n'a donc quasiment pas de restrictions d'accès car il faut simplement prouver qu'on se rend sur le lieu d'une intervention professionnelle", résume Philippe Servalli.

 

"La plateforme des QR codes est fluide et les réponses s'obtiennent rapidement"

 

Pour le reste, le dirigeant salue un dialogue "très positif" avec les autorités sur l'organisation des JO. "Je leur tire mon chapeau : ils ont essayé de minimiser les conséquences économiques pour notre profession ; ce qu'ils nous ont annoncé, c'est ce qu'ils font ; et le tout fonctionne. La plateforme des QR codes est fluide et les réponses s'obtiennent sous une dizaine de jours, ce qui est assez remarquable par rapport au contexte."

 

 

Quels axes de circulation sont à éviter ?

 

"D'une manière générale, ce qu'on nous a annoncé se vérifie : les voies olympiques sur les autoroutes franciliennes sont en place, des axes principaux sont certes réduits mais pour l'instant nous n'avons pas de retours très négatifs des professionnels, car il y a tout de même beaucoup moins de monde sur Paris. Ce n'est pas pire qu'un été classique avec des travaux sur les voiries urbaines", note le responsable de l'antenne francilienne de la FFB.

 

Méfiance néanmoins : de nombreuses entrées et sorties d'autoroutes sont fermées, obligeant parfois à faire des détours. Des artisans ont signalé à la fédération que cette situation avait tendance à surcharger les routes secondaires passant dans certaines communes de l'Île-de-France.

 

Globalement, les professionnels semblent malgré tout bénéficier de la baisse de la fréquentation parisienne et de la circulation francilienne, due au départ d'un grand nombre d'habitants et à des touristes qui sont, pour l'instant, moins nombreux qu'attendu. "Aujourd'hui c'est gérable, mais on reste très prudent car si ce dispositif est maintenu fin août/début septembre, lorsque tous les Parisiens seront revenus en vue de la rentrée scolaire du 2 septembre, ce sera peut-être une autre histoire", prévient Philippe Servalli.

 

Quelles conséquences sur l'activité estivale des artisans franciliens ?

 

"Malheureusement, on constate l'effet psychologique des JO. Beaucoup de nos clients ont décidé de reporter voire d'annuler leur travaux d'été, certaines entreprises ont aussi préféré fermer quatre semaines entre fin juillet et fin août", commente le président de la FFB GP-IDF.

 

Et de relever que "cela dépend aussi de l'activité des entreprises. Quand on a une clientèle intramuros, ce choix peut se justifier, mais quand on a une clientèle en petite voire en grande couronne, il ne se justifie franchement pas car les accès ne posent aucun problème."

 

Selon la profession, très peu d'opérations ont démarré en juillet. Il demeure ça et là quelques chantiers de marchés publics, mais la crise du neuf se confirme, tandis que la rénovation énergétique stagne autour de 0%. "On comptait vraiment sur la commande publique francilienne pour maintenir un rythme de croisière à +8/+10%, mais j'ai peur que les chiffres ne soient pas bons sur le dernier trimestre à cause de cette période estivale particulière", ajoute le patron de la FFB parisienne.

 

"Nos clients récurrents sont moins présents, voire aux abonnés absents"

 

Les professionnels jugent le marché "éteint". Les programmes déjà lancés sont en passe d'être terminés et l'inquiétude s'installe pour les prochains mois. Le ralentissement actuel serait imputable à la mauvaise conjoncture et à un attentisme découlant de la "psychologie ambiante".

 

Résultat, les clients particuliers comme professionnels repoussent à plus tard les décisions de chantiers. "Cet état d'esprit est un dommage collatéral aux JO. Nos clients récurrents sont moins présents, voire aux abonnés absents. On pourra dresser un premier bilan post-JO première quinzaine de septembre", conclut Philippe Servalli. En attendant, on serait tenté de dire que jusqu'ici, tout va bien.