Devant les salariés et dirigeants d'Airbus et de ses partenaires, le Premier ministre a salué le savoir-faire et l'excellence de l'industrie aérospatiale européenne, à l'occasion de l'inauguration de la chaîne d'assemblage final de l'A350, dernier-né du groupe. Retour sur les caractéristiques du bâtiment, dont la construction a été achevée en décembre 2011.

« J'ai tenu à assister aujourd'hui à la naissance de cet important et de cet imposant Airbus A-350 et de partager avec vous cet évènement formidable parce qu'il marque une étape majeure dans le développement de l'entreprise, mais aussi de son évolution technologique car cet avion est un avion plus léger, plus économe en énergie, plus respectueux de l'environnement, plus confortable pour le passager (…) », a déclaré Jean-Marc Ayrault sur le site toulousain d'Airbus.

 

Outre les qualités de l'appareil - produit de haute technologie puisqu'il sera composé massivement de matériaux composites - le chef du gouvernement a également salué l'engagement du secteur aéronautique en faveur de la transition écologique.

 

Aventure pérenne
Il a aussi applaudi « l'excellent carnet de commandes » d'Airbus, avec « déjà plus de 550 appareils commandés, de quoi garantir une activité, donc des emplois stables pendant de très nombreuses années à Toulouse (…) ».

 

Puis, il a félicité l'ensemble des partenaires du projet, dont les bénéfices « sont visibles jusque dans la construction de cette immense ligne d'assemblage puisque 80% des entreprises qui sont intervenues depuis le début des travaux il y a deux ans, sont des entreprises de la région toulousaine ». Et d'ajouter : « Elles ont apporté leur savoir-faire pour transformer cette chaîne d'assemblage en un bâtiment de haute technologie capable de produire plus de la moitié de la consommation électrique grâce à des panneaux solaires ».

 

Il y a quelques mois, Batiactu s'était rendu sur le site d'Airbus pour visiter les halls d'assemblage de l'A350. Retrouvez en pages suivantes la visite en images.

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Un écrin sobre et esthétique pour le futur A350 (diaporama)

FAL A350
FAL A350 © Airbus - e*m company/P. Masclet

Le site aéronautique d'Airbus à Toulouse vient de se doter de nouveaux halls d'assemblage pour l'A350. Les bâtiments, dessinés par Francis Cardete et Gérard Huet, se veulent l'expression architecturale de la nouvelle génération d'avions qui allie innovation technologique et nouvelles matières. Visite en avant-première.

C'est sur plus de 80.000 m2 que se dressent les nouveaux halls d'assemblage de l'A350 (FAL A350), prochain étendard du groupe Airbus. Plus que de simples hangars, les bâtiments sont le reflet d'un parti pris architectural à la fois sobre, maîtrisé et au plus juste des besoins. En effet, les concepteurs du projet, Cardete Huet Architectes, ont souhaité un ensemble de bâtiments simples et esthétiques. « On n'a jamais voulu basculer dans la complexité, l'originalité de forme qui aurait engendré un surcoût inévitable », explique Gérard Huet.

 

A partir de là, ils ont imaginé un complexe aux lignes rigoureuses, constitué de panneaux sandwich modulaires et démontables, dont le revêtement extérieur est lisse, métallisé pour l'ensemble des ateliers, en opposition aux grands halls qui sont bardés d'un revêtement à ondes verticales plus conventionnel. De plus, les formes et couleurs des structures diffèrent selon les étapes du process. Ainsi, dans un souci d'économie et de maîtrise des coûts, les bâtiments ont été conçus « au plus près de l'avion », d'où la présence de deux hauteurs de couverture, l'une à 35 m sur la partie dérive (arrière de l'appareil), l'autre à 28 m sur le nez de l'avion. Ces deux volumétries sont marquées par une faille verticale en polycarbonate opalescent : le volume bas (bardage gris) et le volume haut (bardage bleu). Mais cette apparente rigueur ne se fait pas au détriment du confort, de l'ergonomie et de la lumière, triptyque essentiel auquel n'auraient jamais dérogé les architectes. « Certes le coût a été une contrainte majeure du projet, mais nous n'aurions pas mis de côté ces axes prioritaires », souligne Francis Cardete. Regrettant toutefois avoir été limité dans l'utilisation de certains matériaux. « On aurait pu aller au-delà - comme à l'époque de l'A 340 où il y avait plus de 'gras' - mais nous sommes restés rationnels et avons privilégié les matériaux existants dans le commerce », ajoute-t-il.

 

Place à la lumière
Pour répondre à la nécessité d'un site lumineux et optimum en termes de confort des ouvriers, les apports naturels ont fait l'objet d'une étude particulière : les ouvertures de façade favorisent l'entrée de lumière naturelle, grâce aux grandes bandes de polycarbonate opalescent, qui filtrent les rayonnements sans éblouir. Tandis que des voûtes en toiture viennent compléter cet éclairage naturel. Enfin, les halls d'assemblages sont ceints d'une bande vitrée de 3 m de hauteur afin d'offrir une vision directe au sol sur l'extérieur. Côté bien-être des ouvriers, les concepteurs ont largement pris en compte l'innovation technologique des appareils désormais composés majoritairement de carbone. D'où un soin tout particulier apporté au système d'aspiration puisque le carbone génère de la poussière au moment de la découpe notamment. Ainsi, pour appréhender cette contrainte, l'analyse des flux a été un des premiers axes de travail des architectes, afin de pouvoir séparer flux propres et flux sales.

 

Si ce type de bâtiment ne fait pas encore l'objet d'une réglementation en termes de respect de l'environnement, le maître d'ouvrage - Airbus - a souhaité inscrire ce projet dans une démarche environnementale exemplaire. Ainsi, certains bâtiments, notamment les bureaux, respectent le seuil de 65 kWhep.m2.an. Pour ce faire, le développé des façades a été limité, le béton armé a été privilégié pour son inertie, la toiture s'est végétalisée, les ponts thermiques ont été traités, l'étanchéité à l'air a été soignée, tandis que l'isolation a été renforcée.

 

Il aura fallu près de 4 années, et 120 M€ d'investissement, entre le moment des premières études sur le projet et la livraison d'une grande partie des bâtiments, en mai 2011.

 

Fiche technique
Maître d'ouvrage : SAS Airbus France
Maîtrise d'œuvre :
- Architectes : Cardete & Huet Architectes
- Bureau d'études : Setec industries, Setec TPI, Jaillet Rouby
Bureau de contrôle : Socotec
Montant des travaux : 120 M€

 

Le FAL A350 en chiffres
82.338 m2 de surfaces Shon (dont 8.150 m2 de bureaux)
89.252 m2 de surfaces Shob
35 m de hauteur de halls
20 m hauteur grandes portes des halls
4 postes d'assemblage voilure et PHR sur fuselage pour cadence 13 avions/mois
4 hectares de membranes d'étanchéité avec 2.5 ha de photovoltaïque
2 postes jonction fuselage
7.200 tonnes de structure métallique
50 km réseaux sous dallage
550 m de galerie technique
14.000 m3 de béton de dallage
Façades hall : 24.280 m2 de bardage double peau - 5.000 m2 de polycarbonate

Chantier

FAL A350
FAL A350
Les travaux de terrassement ont débuté en janvier 2009. Les déchets engendrés par démolition du taxiway, sur lequel est implanté le bâtiment, ont été récupérés et concassés pour constituer le fond de fouille de la FAL A350. En phase chantier, une faible nuisance par un tri sélectif des déchets, la création d'une zone de lavage avec débourdeur en périphérie de la fabrication et de la livraison de béton, l'option volontaire de produits manufacturés ou préfabriqués. Les bâtiments profitent d'une structure métallique.

Dalles en béton

FAL A350
FAL A350 © Airbus-e*m company/H. Goussé
Le site a nécessité quelque 14.000 m3 de béton de dallage.

Porte colorée

FAL A350
FAL A350 © CL-Batiactu
Les entrées de l'usine sont singularisées par des poches de couleur, véritables éléments de repérage dans les linéaires de façades.
Ces repérages se poursuivent à l'intérieur des halls, afin de personnaliser chaque poste avion et d'apporter une meilleure appropriation de l'espace par les ouvriers.

Poste de travail

FAL A350
FAL A350 © CL-Batiactu
Face à l'entrée jaune, le poste correspondant.

Intérieur

FAL A350
FAL A350 © Airbus-e*m company/P. Masclet
La volumétrie de l'usine est majeure sur ce site : 300 x 300 m, 35 m de hauteur, avec des cellules d'environ 100x100 m libre de toute structure.
De plus, les halls ont été conçus au plus près de l'avion : 35 m sur la partie dérive; 28 m sur le nez de l'avion.

Voûte

FAL A350
FAL A350 © CL-Batiactu
Des voûtes en toiture viennent compléter l'éclairage naturel des lieux.

Lumière naturelle

FAL A350
FAL A350 © CL-Batiactu
L'apport lumineux a été particulièrement soigné. Ainsi, les halls d'assemblages sont ceints d'une bande vitrée de 3 m de hauteur afin d'offrir une vision directe au sol sur l'extérieur.

Baie

FAL A350
FAL A350 © CL-Batiactu
Les façades des halls en retombée sur les ateliers sont constituées par des éléments translucides en polycarbonate qui s'étirent le long des postes de travail.

Façade polycarbonate

FAL A350
FAL A350 © CL-Batiactu

Vue d'ensemble

FAL A350
FAL A350
La forme en L du bâtiment est principalement liée aux contraintes du site, qui comportent de nombreux bâtiments existants alentours. Toutefois, il présente l'intérêt d'avoir les bureaux au plus près des halls, avec des connexions par passerelle.
En outre, cette organisation répond à des critères de flux externes, à une capacité d'évolution des halls et annexes, et à un impact moindre sur le fonctionnement des bâtiments environnants.

Niveaux

FAL A350
FAL A350
Exemple des différentes volumétries du bâtiment.

Toiture photovoltaïque

FAL A350
FAL A350 © Airbus-e*m company/P. Masclet
25.000 m2 de panneaux photovoltaïques recouvrent les toitures des bâtiments du FAL A350. Ils permettent de produire plus de 50% de l'électricité utilisée par le bâtiment.

Grandes portes

FAL A350
FAL A350 © CL-Batiactu
D'une hauteur de 20 m et d'une largeur de 80 m, ces grandes portes coulissantes permettent les flux des avions et des tronçons assemblés.

Bureaux

FAL A350
FAL A350 © CL-Batiactu
Les bureaux, où la couleur est un élément essentiel, sont organisés en barres épaisses de 17 m de large, une bande de service central, avec une double circulation de part et d'autre. Les bureaux sont disposés en façade.

Couloirs

FAL A350
FAL A350 © CL-Batiactu

Escalier

FAL A350
FAL A350 © CL-Batiactu
Un peu de bois dans cet univers de béton et de métal...

Plan masse

FAL A350
FAL A350 © Cardete Huet Architectes

Aéroscopia

FAL A350
FAL A350 © CL-Batiactu
Un musée de l'espace sera bientôt construit sur le site d'Airbus, à côté de l'usine de l'A380. Il regroupera les appareils qui ont fait et font l'histoire du groupe d'aéronautique.
Dessiné par l'agence Cardete & Huet, sa livraison est prévue pour fin 2013. Coût : 15 M€, dont 3.5 M€ apportés par Airbus.

 

A noter, qu'à ce jour, plus de 150.000 personnes viennent visiter le site de l'A380 tous les ans... tandis que la Cité de l'espace de Toulouse accueille quelque 250.000 visiteurs chaque année.