RENOVATION URBAINE. L'ancien ministre du Logement, Jean-Louis Borloo, à qui Emmanuel Macron a confié une mission sur les quartiers prioritaires de la ville, a déploré le manque de considération par les pouvoirs publics de la rénovation urbaine. Selon lui, opposer ruraux et urbains est "dément" et "grotesque".
Lors d'une conférence des territoires organisée par l'UDI, ce 15 février 2018, Jean-Louis Borloo n'a pas mâché ses mots. L'ancien ministre du Logement de Jacques Chirac a en effet déploré le manque de considération par les pouvoirs publics de la rénovation urbaine, pour laquelle il avait lancé un vaste programme en 2005, jugeant "dément" et "grotesque" l'opposition entre urbains et ruraux. "Comment une grande nation a pu laisser un programme de cette importance s'arrêter ? C'est hallucinant", a fait-il valoir. Selon lui "ça fait deux ans et demi qu'il n'y a plus une grue dans les quartiers". Jean-Louis Borloo, à qui le président de la République a confié à l'automne une mission sur les quartiers prioritaires de la ville dont les conclusions doivent être rendues en mars, a par ailleurs ironisé sur "la grande bataille, maintenant, (de) la ruralité..."
"En gros, t'avais ceux qui avaient gagné la bataille intellectuelle, c'était +la fracture sociale+ d'(Emmanuel) Todd et de Chirac ; et maintenant, c'est les ruraux qui ont gagné avec (Christophe) Guilluy", du nom du géographe controversé, théoricien de la "France périphérique", plébiscité par une partie de la droite et l'extrême droite. "Tout ça est grotesque", a fustigé l'ancien maire de Valenciennes. "Oui, il y a des problèmes de ruralité. Mais aller opposer ça aux urbains, c'est quand même dément !", a-t-il ajouté, en contestant "l'idée reçue qu'on met beaucoup d'argent dans les quartiers". "La vérité, c'est qu'on en met moins qu'ailleurs", a-t-il encore martelé, en évoquant des "territoires oubliés de la République" bien qu'"indispensables".
"La puissance d'un pays et sa croissance dépendent de ses ressources humaines: comment peut-on imaginer sérieusement qu'on gâche autant de talents, en plus différents, fertilisants, dans ces quartiers, pour la croissance de notre nation ? C'est juste un non-sens absolu. Ça défie les lois de la raison", a ajouté l'ancien député du Nord.