REACTIONS. Le président de la République a choisi de nommer un nouveau chef du Gouvernement. C'est Jean Castex, délégué interministériel aux Jeux olympiques et paralympiques mais surtout connu ces dernières semaines comme "Monsieur Déconfinement", qui succède à Edouard Philippe.
La dernière partie du quinquennat se fera sans Edouard Philippe. Ce 3 juillet 2020, Emmanuel Macron a décidé de remplacer celui qui l'a accompagné depuis trois ans comme Premier ministre. Pour lui succéder à la tête du prochain gouvernement, le président de la République a désigné Jean Castex, connu ces dernières semaines comme "Monsieur Déconfinement".
Jean Castex a en effet piloté la stratégie de sortie du confinement, initiée à partir du 11 mai 2020. Mission considérée comme réussie par de nombreux observateurs, l'activité économique et la vie reprenant doucement leurs cours, tandis que l'épidémie de covid-19 reste maîtrisée. Le suivi du déconfinement devrait être un atout pour le nouveau Premier ministre, alors qu'un plan de relance global doit être annoncé à la rentrée.
Une personnalité rassurante pour le BTP ?
Pour le secteur du BTP, le CV de Jean Castex peut être vu comme rassurant. Travaillant auprès d'Edouard Philippe à Matignon, il était délégué interministériel aux Jeux olympiques et paralympiques 2024. Il accompagnait donc la préparation de cet événement sportif et devait coordonner les actions entre les différentes administrations, ministères, et établissements publics nationaux, tout en veillant à la bonne réalisation des infrastructures.
C'est aussi un élu local. Il a d'ailleurs été réélu maire de la commune de Prades (Pyrénées-Orientales) le 15 mars 2020, pour un troisième mandat. Il a également été conseiller régional et départemental. Ce qui devrait lui permettre d'être particulièrement sensible à certaines problématiques touchant le BTP et l'aménagement du territoire.
Jean Castex a aussi la réputation d'être un technicien. Voire un technocrate, diront certains. Passé par l'ENA, ce haut fonctionnaire a été conseiller-maître à la Cour des comptes, président de la Chambre régionale des comptes d'Alsace, secrétaire général de la préfecture du Var, directeur de cabinet du ministre Xavier Bertrand et secrétaire général adjoint du président de la République Nicolas Sarkozy à la fin de son mandat.
Alors qu'Emmanuel Macron promet, depuis le début de son mandat, plus de décentralisation et de différenciation pour les territoires, les collectivités locales seront attentives à la direction que donnera le nouveau Premier ministre à cette intention, et à l'équilibre qu'il donnera entre son passé d'élu local et de haut fonctionnaire.
Les territoires au coeur de l'action ?
Mais il faut noter - doit-on y voir un premier signe vers les territoires ? - que ses premiers mots à la suite de sa nomination, ont été réservés à sa commune de Prades, à travers un communiqué de presse (disponible en ligne sur le site de la mairie) : "Le Président de la République m'a proposé de me nommer Premier ministre. Compte tenu des circonstances exceptionnelles dans lesquelles se trouve notre pays, j'ai accepté. Je mesure l'immensité de la tâche qui m'attend." Et d'ajouter : "Pour la remplir, je serai puissamment aidé par l'expérience acquise à votre côté en tant que maire et par le fort soutien démocratique que vous m'avez depuis longtemps manifesté", précise-t-il, avant d'annoncer laisser sa place de maire à son premier adjoint, comme le veut la coutume.
"Un 'maire du Sud', du monde rural, vient donc remplacer un 'Maire du Nord' de la Loire, industrielle, maritime, une France dans sa diversité"
Lors de la passation de pouvoir ce vendredi soir, Édouard Philippe et Jean Castex ont chacun salué et loué leur travail respectif. L'ancrage territorial de M. Castex a été plusieurs fois rappelé par le Premier ministre sortant et, de son côté, Jean Castex, après les remerciements d'usage, s'est projeté dans sa mission, avec "solennité", "gravité" et "émotion". Revendiquant une communauté de valeurs "démocratiques" et "républicaines" avec E. Philippe, où "le service de l'intérêt général et de l'État doivent prévaloir sur toute autre considération", il a lancé les premières lignes de sa future action, dans un contexte inédit. "Une nouvelle étape clé du quinquennat s'ouvre, dans un contexte nouveau, pesant, difficile. La crise sanitaire n'est malheureusement pas terminée (...) la crise économique et sociale, elle, est déjà là." Et d'ajouter : "Les priorités devront donc évoluer, les méthodes devront donc être adaptées, il nous faudra plus que jamais réunir la Nation pour lutter contre cette crise qui s'installe, dans la continuité des réformes de fond que vous avez entreprises, pour faire en sorte d'en sortir plus forts et plus solidaires."
Il lui reste désormais à former le Gouvernement qui amorcera la relance, annoncée d'ici mercredi.
Premières réactions plutôt positives dans le secteur du BTP
Une "bonne surprise" pour les acteurs TP
Côté TP, contacté par la rédaction, Bruno Cavagné, président de la FNTP nous déclare : "J'ai un a priori plutôt favorable. Jean Castex a toutes les qualités pour parler aux élus locaux et aux entrepreneurs du BTP. Mais je suis comme Saint Thomas. Je solliciterai un rendez-vous rapidement et jugerai en fonction des premières décisions qu'il prendra." De son côté, José Ramos, à la tête de la Fédération régionale des TP d'Ile-de-France, parle de "bonne surprise" : "C'est un bon signal. Avec Jean Castex, il y a une continuité de l'action post-covid et de sa mission. Il connaît les difficultés et les risques liés à la reprise et à un virus qui circule toujours. Il a préparé la reprise au moment du déconfinement, et pour la suite, faire appel à quelqu'un qui n'était pas à la tête d'un ministère me semble être ce qu'il fallait faire. Cela évite de déstabiliser les ministères, même si nous devons attendre la formation du nouveau gouvernement pour en être sûrs. Par ailleurs, Jean Castex avait pris le sujet des Jeux olympiques et paralympiques très à cœur comme délégué interministériel. Alors que nous démarrons tout juste ces chantiers, il ne devrait pas oublier l'enjeu important qui se joue en Île-de-France." Propos recueillis par J.I et P.P.