Créée en 2007 par l'Union des Maisons Françaises (UMF) et l'Union des Constructeurs Immobiliers (UCI FFB), l'association Thermorenov regroupe à ce jour quelque 55 membres constructeurs de maisons individuelles, qui ont décidé de diversifier leur activité vers le marché de la rénovation. Un point avec son président, Maurice Armand.

Batiactu : Quid du marché de la rénovation dans le secteur de la maison individuelle ?
Maurice Armand : Le démarrage est bien lent en ce début d'année, malgré toutes les incitations gouvernementales comme l'éco-prêt à 0% ou encore la baisse des taux de prêt. Le Français reste prudent, on sent une certaine peur du changement, peut-être aussi la peur d'un chantier salissant, qui s'éterniserait… Et contrairement à ce que l'on pense, investir dans des travaux n'est pas forcément qu'une question d'argent. D'ailleurs, on a trop longtemps parlé de « temps de retour », comme si vouloir récupérer son argent immédiatement était la priorité. Ça ne rime à rien, et je pense que cette notion est dissuasive car elle minimise les travaux, en raisonnant « temps de retour », on finit par ne faire que des petits travaux. Nous, thermorénovateurs, nous parlons davantage de rentabilité d'investissement et de placement. Or, dans le marché global de la rénovation, qui croît plutôt bien, la partie thermique n'a pas encore trouvé, à mon sens, sa place.

 

Batiactu : Comment s'organise votre activité, notamment par rapport à d'autres récents métiers comme les Eco-artisans ou les Pros de la Performance Energétique ? Etes-vous concurrents ou complémentaires ?
M. A. : Le marché des économies d'énergie a en effet suscité bien de nouvelles vocations. Mais avec ceux que vous venez de citer, il n'y a aucune concurrence. Ces gens-là ne font pas de commerce, ils ne vendent pas de prestations. En revanche, c'est notre travail à nous thermorénovateurs. Et à ce titre, on les fait travailler ! Ainsi, la sous-traitance pèse pour 80 à 90% dans notre activité. Donc, on ne leur prend pas leur travail, mais, au contraire, on leur en apporte ! Notre rôle sur un chantier s'apparente à celui de chef d'orchestre qui coordonne tous les corps de métier.

 

Batiactu : Où en est l'activité des thermorénovateurs actuellement, comment va évoluer cette profession, et quelles sont les priorités de votre association pour les mois à venir ?
M. A. : Nous sommes en phase de démarrage de l'activité, même si l'association existe depuis maintenant deux ans. Nous sommes 55 adhérents, nous espérons être aux environs de 70 à la fin de l'année, mais seule une dizaine d'entre nous travaille réellement à la thermorénovation. Je pense que 2010 verra la montée en puissance de notre système. Nous n'avons pas de lourds moyens de communication en place, mais nous comptons sur le travail fait avec les mairies, les Espace Info Energie et surtout sur le bouche à oreille et l'effet de propagation qu'il pourra déclencher. Au-delà, nos instances mères (UMF et FFB) nous aident à nous faire connaître auprès des pouvoirs publics. Vous savez, le nombre potentiel de maisons à rénover est actuellement de 10 millions en France. C'est un marché gigantesque, alors, même si nous n'avons pas encore de nombreuses réalisations à montrer (en 2009 : 5.000 chantiers réalisés), nous saurons être patients.
Les Français sont encore peu sensibles aux économies d'énergie, surtout lorsqu'il s'agit de leur propre habitation. En théorie, tout le monde trouve ça bien, mais personne ne le fait ! Sérieusement, je crois qu'un contrôle technique des maisons, à l'instar du CT dans l'automobile, serait la meilleure solution pour stopper le gaspillage d'énergie. Aujourd'hui, seul le diagnostic de performance énergétique (DPE) permet, au moment de la vente ou de l'achat d'un bien, de contrôler les déperditions énergétiques de celui-ci. Mais pensez à toutes ces habitations qui ne connaîtront jamais de transactions et qui passent à travers les mailles du filet… C'est dans l'air du temps ! Plus proche dans le temps, en 2010, le développement de notre marché s'appuiera sur la mise en place de partenariats avec des grands réseaux d'agences immobilières afin que nous puissions intervenir en amont des transactions. En effet, dès lors que l'affichage de l'étiquette énergétique sera rendu obligatoire dans les petites annonces immobilières (lire article), il sera plus aisé de convaincre les agents et de faire faire des études de performance énergétique préalables à la mise en vente d'un bien.
C'est un de nos combats cette année !

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