L'entreprise de bâtiment et travaux publics de taille moyenne Aoki a annoncé jeudi s'être placée sous la protection de la loi japonaise sur les faillites, avec une dette de 522 milliards de yens (4,7 milliards d'euros).

Aoki a renoncé à ses efforts de restructuration alors que les banques étaient de plus en plus inquiètes de sa situation financière en raison de la baisse de la demande dans le secteur de la construction au Japon, a indiqué lors d'une conférence de presse son directeur général Yoichiro Yano.

"En raison de la chute actuelle importante des commandes, nous avons jugé que nous ne parviendrions pas à réaliser un bénéfice sur l'exercice achevé fin mars 2002... Nous avons donc décidé de demander la protection de la loi et de nous donner une chance nous reconstruire dans les six mois", a-t-il déclaré.

Les principaux créanciers de l'entreprise Asahi Bank et Industrial Bank of Japan (IBJ), ont cessé de lui faire crédit.

"Je suis en discussion avec des candidats mais nous ne sommes parvenus à aucune conclusion. Nous aimerions pouvoir tenir nous-même sur nos pieds", a déclaré M. Yano. "Nous n'avons pas de projets de réductions d'emplois pour le moment", a-t-il assuré.

Aoki avait bénéficié d'un abandon de créance dans le cadre d'un plan de restructuration élaboré avec l'aide d'Asahi Bank et d'IBJ, selon l'agence privée de recherche Teikoku Data Bank.

Néanmoins, le chiffre d'affaires d'Aoki a chuté à 141,18 milliards de yens sur l'exercice achevé en mars 2001 après un pic de 347,47 milliards de yens atteint en 1993, a précisé Teikoku.

Aoki, qui emploie 1.241 personnes avec un capital de 21,5 milliards de yens, est la première entreprise du bâtiment cotée à la bourse de Tokyo à faire faillite après avoir obtenu un abandon de dette, a précisé l'agence.

Cette société est la victime des tentatives des banques de se débarrasser de leurs mauvaises créances, poussées par le gouvernement dont le plan de réformes comprend parmi ses priorités un assainissement du secteur financier.

Le Premier ministre Junichiro Koizumi s'est d'ailleurs réjoui jeudi de la nouvelle. "Cela montre que l'élimination des mauvaises créances et les réformes structurelles progressent bien", a-t-il déclaré lors d'un entretien accordé aux journaux japonais en excluant l'injection de fonds publics dans le secteur financier.

Créé en 1947, Aoki s'était diversifié dans un grand nombre d'activités allant de la gestion d'hôtels au secteur minier. "Cependant, toutes ces activités ont eu pour effet de créer une dette massive (...) qui a pesé sur la gestion de la société-mère", a commenté Teikoku.

Le yen a reculé face au dollar sur cette nouvelle, ont indiqué des cambistes. Le dollar s'est échangé à 124,65-68 yens à 17h00 (08h00 GMT) contre 124,14 yens mercredi soir à New York et 124,10-13 yens à Tokyo mercredi soir.

"(La nouvelle) a déclenché la crainte parmi les investisseurs de voir cette faillite affecter le secteur financier, qui lutte pour traiter une montagne de mauvaises créances", a déclaré Hideyuki Tsukamoto, un cambiste de Fuji Bank.

"La faillite d'Aoki a rappelé aux investisseurs que le secteur financier japonais est très affaibli et n'a pas les moyens d'aider les entreprises faibles".

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