Pas besoin d'être lauréat du Grand Prix National de l'Architecture pour découvrir l'oeuvre de Jacques Ferrier. L'architecte français se livre dans une récente monographie : Jacques Ferrier, architectures utiles.
Construit sur la métaphore du voyage en train, le livre laisse défiler les images des projets et réalisations de Jacques Ferrier sur les trois quarts de la page, tandis qu'une frise de texte court au-dessus. «Lors de voyage en train, nous dit l'architecte, je regarde le panorama défiler à la fenêtre : passent des hangars agricoles, des entrepôts, des usines dont les bardages métalliques peu à peu patinés s'ajoutent doucement au paysage». Ce qui fait la «poésie des choses utiles» c'est ce mouvement fluide du voyage durant lequel on les capte avec le regard.
«Conçues en dehors de la discipline architecturale, les constructions industrielles répondent de façon simple, directe, brutale même, à des fonctionnalités bien précises. Elles tirent leur légitimité de leur utilité et leur beauté singulière de leur nécessité». C'est ce que recherche Jacques Ferrier dans ses projets : une réponse simple et directe au programme, dont la beauté serait avant tout, comme pour une usine ou un hangar agricole, la pertinence, la justesse par rapport au réel.
Centralien et architecte, Jacques Ferrier (né en 1959) considère dès ses débuts que le processus du projet ne relève pas de la seule recherche formelle et esthétique, mais découle du travail de la pensée, perméable à toutes sortes d'informations capables de mettre en mouvement des idées.
Après un séjour à Londres chez Norman Foster, il rentre en France, écrit dans l'Architecture d'Aujourd'hui, puis fonde sa propre agence en 1990, associé à François Gruson jusqu'en 1992. Deux grands projets les lancent dans le système des concours publics : le Centre de recherche des matériaux de l'École des mines de Paris, à Évry, et un important projet d'infrastructure urbaine, l'usine des eaux de la SAGEP, à Joinville, tous deux achevés en 1999 et en rupture avec l'imagerie techniciste à la mode à l'époque.
Jacques Ferrier privilégie une relation sensorielle plutôt que formelle entre le bâtiment et l'environnement, entre l'objet architectural et l'homme. Ce souci d'humanisation apparaît dans toutes ses réalisations. Sa sympathie pour l'usager et pour la nature se manifeste par la présence de jardins systématiquement imbriqués dans le construit, apportant calme et équilibre aux espaces de travail : ainsi l'INRA à Sophia-Antipolis (1995) ou les laboratoires Isomer de l'université de Nantes (1997).
Concernant les plans des bâtiments de Jacques Ferrier, souvent basés sur une grille orthogonale, ils doivent l'emporter sur les considérations esthétiques et exprimer les besoins de notre époque. Quand aux enveloppes, l'architecte exige des matériaux qu'ils respectent l'histoire et la poésie des lieux : cuivre et feuilletage pour les ateliers du tramway de Bordeaux (2003), verre pour une scénographie mémorable au pavillon de l'Arsenal, « Paris sous verre » (1997), mais aussi briques et roseaux pour la peau amovible de la maison « des canisses » dans l'Aude (2001).
Souvent confronté à des programmes de bureaux, (bureaux Philidor, bureaux pour la RATP, 2003), Jacques Ferrier a élaboré un nouvel axe de recherche : le concept office. Il s'agit de constituer un catalogue virtuel des technologies de pointe au regard des nouveaux modes de vie et de l'évolution du monde du travail, à l'intérieur des contraintes du développement durable (exemple : le siège social de Total Energie, 1999).
Cet état d'esprit de mise en relation des espaces et des hommes, de la ville et du bâtiment, on le retrouve aussi dans ses projets de musées : la fondation Tabarly, à Lorient (2001), le musée des Confluences, à Lyon (2000). « Je pense, dit jacques Ferrier, que le rôle de l'architecte n'est pas seulement d'accompagner la réalité, mais comme tout art, de lui donner un aspect nouveau, de façon à ce que les gens y portent un autre regard. »
Jacques Ferrier, architectures utiles, par Alexander Tzonis et Emmanuel Caille, aux éditions Birkhäuser, 256 pages (français/anglais), 50 Euros. Production et réalisation : Ante Prima consultants. Concept graphique : Frank Tallon.
«Conçues en dehors de la discipline architecturale, les constructions industrielles répondent de façon simple, directe, brutale même, à des fonctionnalités bien précises. Elles tirent leur légitimité de leur utilité et leur beauté singulière de leur nécessité». C'est ce que recherche Jacques Ferrier dans ses projets : une réponse simple et directe au programme, dont la beauté serait avant tout, comme pour une usine ou un hangar agricole, la pertinence, la justesse par rapport au réel.
Centralien et architecte, Jacques Ferrier (né en 1959) considère dès ses débuts que le processus du projet ne relève pas de la seule recherche formelle et esthétique, mais découle du travail de la pensée, perméable à toutes sortes d'informations capables de mettre en mouvement des idées.
Après un séjour à Londres chez Norman Foster, il rentre en France, écrit dans l'Architecture d'Aujourd'hui, puis fonde sa propre agence en 1990, associé à François Gruson jusqu'en 1992. Deux grands projets les lancent dans le système des concours publics : le Centre de recherche des matériaux de l'École des mines de Paris, à Évry, et un important projet d'infrastructure urbaine, l'usine des eaux de la SAGEP, à Joinville, tous deux achevés en 1999 et en rupture avec l'imagerie techniciste à la mode à l'époque.
Jacques Ferrier privilégie une relation sensorielle plutôt que formelle entre le bâtiment et l'environnement, entre l'objet architectural et l'homme. Ce souci d'humanisation apparaît dans toutes ses réalisations. Sa sympathie pour l'usager et pour la nature se manifeste par la présence de jardins systématiquement imbriqués dans le construit, apportant calme et équilibre aux espaces de travail : ainsi l'INRA à Sophia-Antipolis (1995) ou les laboratoires Isomer de l'université de Nantes (1997).
Concernant les plans des bâtiments de Jacques Ferrier, souvent basés sur une grille orthogonale, ils doivent l'emporter sur les considérations esthétiques et exprimer les besoins de notre époque. Quand aux enveloppes, l'architecte exige des matériaux qu'ils respectent l'histoire et la poésie des lieux : cuivre et feuilletage pour les ateliers du tramway de Bordeaux (2003), verre pour une scénographie mémorable au pavillon de l'Arsenal, « Paris sous verre » (1997), mais aussi briques et roseaux pour la peau amovible de la maison « des canisses » dans l'Aude (2001).
Souvent confronté à des programmes de bureaux, (bureaux Philidor, bureaux pour la RATP, 2003), Jacques Ferrier a élaboré un nouvel axe de recherche : le concept office. Il s'agit de constituer un catalogue virtuel des technologies de pointe au regard des nouveaux modes de vie et de l'évolution du monde du travail, à l'intérieur des contraintes du développement durable (exemple : le siège social de Total Energie, 1999).
Cet état d'esprit de mise en relation des espaces et des hommes, de la ville et du bâtiment, on le retrouve aussi dans ses projets de musées : la fondation Tabarly, à Lorient (2001), le musée des Confluences, à Lyon (2000). « Je pense, dit jacques Ferrier, que le rôle de l'architecte n'est pas seulement d'accompagner la réalité, mais comme tout art, de lui donner un aspect nouveau, de façon à ce que les gens y portent un autre regard. »
Jacques Ferrier, architectures utiles, par Alexander Tzonis et Emmanuel Caille, aux éditions Birkhäuser, 256 pages (français/anglais), 50 Euros. Production et réalisation : Ante Prima consultants. Concept graphique : Frank Tallon.