Le siège d'Iter Organization a été inauguré ce jeudi 17 janvier par la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, et par le Commissaire européen en charge de l'énergie, Günther Oettinger. Signés par Rudy Ricciotti et Laurent Bonhomme, les bâtiments abritent du personnel depuis octobre 2012.
Le chantier du réacteur expérimental de fusion thermonucléaire "Iter" franchit une nouvelle étape. L'organisation scientifique internationale vient d'inaugurer son nouveau siège à Cadarache (Bouches-du-Rhône), en présence de la ministre de l'Enseignement supérieur, du Commissaire européen en charge de l'énergie et du directeur général de l'organisation internationale en charge du projet, le japonais Osamu Motojima.
Perception évolutive
Les travaux de construction du siège d'Iter avaient débuté au mois de septembre 2010. L'ensemble a été dessiné par les architectes Rudy Ricciotti et Laurent Bonhomme et réalisé par le groupement d'entreprises Léon Grosse-Axima pour un budget de 40 M€. Les bâtiments de 20.500 m² comprennent un immeuble de bureaux principal de cinq étages, incluant un amphithéâtre de 500 places et un espace de restauration prévu pour servir un millier de repas par jour, ainsi que deux autres immeubles pour la gestion des accès, l'accueil visiteur et le service médical. Les concepteurs ont été attentifs au choix des matériaux utilisés pour aider à l'intégration des constructions dans leur environnement naturel.
La façade nord-ouest est ainsi équipée de brise-soleil composés de béton fibré de 7 cm d'épaisseur, créant un voile extérieur dont la perception évolue en fonction de l'angle de vision et de la lumière ambiante. Les parties opaques des façades sont principalement en béton brut, de couleur claire et les parties vitrées, teintées dans une couleur vert-de-gris. Le squelette des deux plus petits bâtiments est terminé depuis le printemps 2011 et se caractérise par des formes géométriques architectoniques. Le bâtiment ouvrant l'accès vers la plateforme de recherche Iter, et qui abrite les équipes en charge du service médical, est quant à lui terminé depuis l'été 2011.
Vinci Construction choisi pour réaliser le bâtiment principal
Interrogée sur l'intérêt du programme Iter, dont les coûts ont explosé, passant de 5 à 16 Mrds €, Geneviève Fioraso déclare au quotidien Les Echos : "Iter porte de multiples enjeux scientifiques, technologiques et sociétaux pour l'humanité. C'est une réponse aux défis énergétiques à venir dont la communauté internationale a besoin". L'Europe finance le chantier à hauteur de 6,6 Mrds € dont 1,16 Mrd pour la France.
L'étape suivante résidera dans la construction, par un groupement composé de filiales de Vinci (Vinci Construction Grands projets, Dodin Campenon Bernard) et de Ferrovial-Agroman et Razel-Bec, du bâtiment du réacteur proprement dit et de neuf bâtiments annexes sur le site. Le montant global de ces marchés est de 300 M€ pour une durée estimée de 5 ans et demi. Les études démarreront au mois d'avril et les principaux travaux de génie civil à l'automne suivant. Le cœur de l'équipement scientifique, un cylindre de 28 mètres de diamètre, 29 mètres de haut et de 23.000 tonnes, sera abrité dans un véritable sarcophage en béton armé de 120 mètres de long sur 80 mètres de large et autant de haut. Des portes résistantes, spécialement étudiées, de grandes dimensions (carrés de 4 m de côté et poids de 40 t) seront conçues et réalisées par Cegelec (autre filiale de Vinci) et Sommer. Les bâtiments annexes comprennent le bâtiment d'assemblage, un immeuble de deux niveaux qui servira de tour de contrôle, et divers autres bâtiments industriels.
Iter (International Thermonuclear Experimental Reactor) est une machine expérimentale de type tokamak (à confinement magnétique du plasma porté à 200 millions de degrés) qui doit démontrer la faisabilité d'un réacteur nucléaire utilisant la fusion des atomes en lieu et place de leur fission. Le prototype, actuellement en construction à Cadarache, ne produira pas d'électricité mais de la chaleur. Son entrée en service est prévue pour 2020. De nombreux pays participent au projet : outre l'Union européenne, le Canada, les Etats-Unis, l'Inde, la Chine, le Japon, la Corée du Sud et la Russie sont associés.