Pérennité, confort, souplesse de mise en œuvre et économies à long terme… Voici quelques uns des avantages de l'isolation thermique par l'extérieur (ITE). Un point avec Dominique Delassus, président de G2M, groupement des industries du Mur Manteau. Avant de découvrir en images un exemple de chantier à Gennevilliers.
Batiactu : Qu'est-ce que l'isolation thermique par l'extérieur (ITE) ?
Dominique Delassus : Le principe consiste à isoler l'intégralité des murs par l'extérieur, à l'aide d'un manteau qui apporte une protection hygrothermique. Pérennité, confort, souplesse de mise en œuvre et économies à long terme… en sont ses multiples avantages. De plus, le dénommé «Mur Manteau» s'inscrit en plein dans le Grenelle de l'Environnement en participant aux économies d'énergie et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Toutes les variantes de finition sont possibles et elles s'appliquent à tous types d'ouvrage.
Batiactu : Pourquoi faut-il isoler ?
Dominique Delassus : Isoler une maison, c'est la première bonne décision à prendre pour économiser l'énergie ! C'est le bon sens de l'isolation ! Isoler est indispensable pour limiter la consommation de chauffage en hiver et se prémunir des excès de chaleur en été. Vient s'ajouter à cela la notion de confort, comme la suppression de l'émissivité en hiver par les parois froides ou les vitrages.
Batiactu : Quelles sont les différentes solutions d'applications de l'ITE ?
Dominique Delassus : Il convient de rappeler qu'il existe différentes techniques d'isolation thermique sur le marché qui sont au nombre de quatre. La première est l'isolation par l'intérieur, puis l'isolation en cavité, l'isolation répartie et enfin l'isolation par l'extérieur. Cette dernière est de loin la plus efficace.
Sur le plan technique, l'ITE ne se limite pas à une seule solution puisqu'on distingue plusieurs familles de systèmes. La première, est l'enduit mince ou épais sur isolant. Le système mince est composé d'un isolant, le plus généralement un polystyrène expansé recouvert par un enduit armé d'un tissu de fibres de verre et d'un enduit de finition. Le polystyrène est soit collé à la paroi, soit fixé de manière mécanique avec des chevilles ou des rails, soit les deux.
La seconde est le bardage avec lame d'air ventilée, une ossature est fixée à la paroi sur laquelle vient s'attacher un parement. Cela peut être de la pierre mince, du bois, de l'ardoise, des bardeaux, du PVC... L'isolant (polystyrène, laine de roche, laine de verre ou autre) est fixé directement au support entre les éléments d'ossature. La troisième est la vêture, un panneau pré-monté en usine associant l'isolant et le parement et fixé mécaniquement à la paroi.
Pour être complet, il faut également citer le contre-mur en brique, le voile béton facilement dilatable ou le mortier allégé, mais dont la performance est plus faible pour ce dernier.
Batiactu : Quels sont les avantages de l'ITE ?
Dominique Delassus : Les avantages de l'isolation thermique par l'extérieur sont nombreux. Citons en trois, les plus importants, sont la correction des ponts thermiques, la protection de la maçonnerie des agressions du temps et enfin le gain en surface habitable.
Batiactu : L'isolation thermique par l'extérieur modifie une façade, est-ce qu'elle peut être utilisée sur toutes les devantures ?
Dominique Delassus : En effet, l'isolation par l'extérieur modifie l'aspect extérieur de la façade d'un bâtiment. Mais la plupart des matériaux utilisés en façade se retrouvent dans les systèmes d'isolation thermique par l'extérieur. Sur les constructions dont les façades possèdent une expression architecturale particulière, comme l'immeuble Haussmannien, évidemment, cette solution n'est pas recommandée.
Une tour se pare d'un manteau isolant
A Gennevilliers (92), une tour de logements caractéristique des années 1970 bénéficie actuellement d'une réhabilitation exemplaire anticipant les exigences du Grenelle de l'Environnement. Détail.
Le quartier du Luth à Gennevilliers fait l'objet d'une vaste opération de rénovation liée à l'extension de la ligne du métro 13, située à quelques centaines de mètres. La mairie a donc mis en place un important plan de sauvegarde pour la mener à bien.
La tour de la résidence François Couperin, construite dans les années 70, avec ses 15 étages, soit 50 mètres de haut, et ses 99 logements, a bénéficié dans ce cadre d'une réhabilitation modèle. «Les travaux que nous avons entrepris ont permis non seulement de pérenniser et d'embellir les 5.000 m2 de façade, mais également d'améliorer massivement les dépenses énergétiques en augmentant le confort des résidents», explique Daniel Casse, architecte d'Atelier 11 SARL, maîtrise d'œuvre sur ce chantier.
La tour de la résidence François Couperin, construite dans les années 70, avec ses 15 étages, soit 50 mètres de haut, et ses 99 logements, a bénéficié dans ce cadre d'une réhabilitation modèle. «Les travaux que nous avons entrepris ont permis non seulement de pérenniser et d'embellir les 5.000 m2 de façade, mais également d'améliorer massivement les dépenses énergétiques en augmentant le confort des résidents», explique Daniel Casse, architecte d'Atelier 11 SARL, maîtrise d'œuvre sur ce chantier.
Une enveloppe de 3.700 m2
Ce chantier, dont s'est chargée l'entreprise Marteau SAS, a débuté en avril 2009 et s'achèvera à la fin de cette année. Il comprend l'isolation thermique des façades, soit une superficie de 3.700 m2, la mise en place d'une corniche en partie haute de l'immeuble, la protection des ouvrages horizontaux par un habillage aluminium et enfin le changement des garde-corps incluant la dépose des lisses maçonnées. En effet, «les garde-corps mixtes béton et acier présentaient des faiblesses devenant dangereuses pour les occupants notamment sur la façade ouest très exposée», souligne Daniel Casse. Ainsi, l'isolant de la société STO de 100 mm d'épaisseur et son système Theerm Classic 1 mécanique sur rail ont été sélectionnés. De plus, le traitement de l'enveloppe a été complété par la pose de menuiseries PVC et les baies ont été protégées par des volets roulants.
Enfin, la copropriété a profité de cette réhabilitation pour rénover le bâti, avec la réfection de l'étanchéité de la terrasse, la remise à niveaux des ventilations, la mise aux normes des canalisations de gaz des appartements et l'accessibilité du bâtiment aux personnes à mobilité réduite. L'ensemble a été parachevé par la mise en place de 110 m2 de panneaux solaires photovoltaïques couvrant 50% des besoins annuels de la copropriété, anticipant ainsi les exigences du Grenelle de l'environnement. Grace à cette réhabilitation, l'immeuble qui était énergivore est passé de 281 à 124 kwh.ep/m2/an, donc de la classe E à la classe C. L'installation solaire commencera à produire ses effets à partir de mars 2010 et, dans un an, une baisse de 63% des charges liées au chauffage et à la production d'eau chaude sera visible.
A 50 mètres de haut
Mise en place d'une corniche pour installer l'échafaudage volant qui servira à l'exécution des travaux.
Echafaudage volant
La tour de la résidence "François Couperin" construite dans les années 70 est située dans le quartier du Luth à Gennevilliers.
Dépose des lisses
Le béton des années 70 a subi de graves dommages mettant en danger la tenue de certaines structures.
Sous-face de balcon
Détail d'un des nombreux désordres de cette tour.
Lisses hautes
Les lisses maçonnés ont été remplacés par des garde-corps avec des lisses hautes.
Façade avant les travaux
Décollement du revêtement collé en façade.
Ravalement avec isolation thermique
Encollage et pose de la fibre de verre.
Neuf mois de travaux
La réhabilitation de cette tour devrait s'achever fin décembre 2009.
Maîtrise d'ouvrage : Syndicat des copropriétaires
Maîtrise d'ouvrage déléguée : Foncia Dupont Delal
Maîtrise d'œuvre : Atelier 11
Coût des travaux réalisés par Marteau : 750.000 euros HT
Montant total des travaux réalisés par la résidence : 1.800.000 euros