ECO-DELINQUANCE. L'Italie avait lancé des subventions mirobolantes pour accélérer les chantiers de rénovation énergétique. Elle se retrouve aujourd'hui confrontée à l'une des fraudes les plus "importantes" que le pays ait connues.
C'est possiblement la "fraude la plus importante que [la république italienne] ait connue". L'expression est du ministre italien de l'Économie, Daniele Franco, cité par nos confrères du Figaro. Ce sont visiblement plusieurs milliards d'euros de "transactions suspectes" qui font l'objet d'investigation, à la suite du détournement de dispositifs financiers massifs d'incitation à la rénovation énergétique. Le gouvernement italien n'y était pas, il est vrai, allé de main morte : des déductions allant de 50% à 90% du montant des travaux, comme il est détaillé dans le quotidien, et un dispositif baptisé "Super bonus" pouvant financer jusqu'à 110% des travaux. De plus, il était devenu possible, depuis l'été 2020, de faire financer les travaux directement par l'État italien. Le prestataire pouvait ainsi "récupérer un crédit d'impôt auprès du fisc" et le revendre à une banque, nous informe le quotidien national. Cette dernière possibilité aurait ouvert la voie à la création d'un véritable marché du crédit d'impôt. "Au 31 décembre 2021, 38,4 milliards d'euros de crédits d'impôts ont été présentés au fisc pour 4,8 millions de chantier."
Ce n'est qu'après coup que professionnels et pouvoirs publics mettent au jour des dispositifs véreux de travaux non effectués, signalés dans le seul but d'obtenir des crédits d'impôts pour les revendre à des banques, en réalisant une plus-value d'un établissement financier à l'autre. Cette méthode aurait séduit tous types de fraudeurs, de petits escrocs jusqu'à la mafia italienne, d'après le procureur italien antimafia. 4,4 milliards d'euros de transaction sont aujourd'hui considérées comme suspectes. Les pouvoirs publics locaux réagissent depuis l'automne 2021 pour stopper cette malsaine ruée vers l'or. "Mais, à chaque tentative de resserrer le dispositif, les professionnels du bâtiment [...] hurlent au blocage des chantiers", conclut la journaliste du Figaro.