Isolation paille et ossature bois pour une maternelle en rénovation en région parisienne

 

"Les fenêtres, en simple vitrage, étaient cassées. Il n'y avait pas de ventilation et le bâtiment est orienté nord-sud, ce qui fait que les usagers avaient froid dès l'automne. C'étaient des conditions bien trop rudes pour les enfants et le personnel", raconte Lisa Armone Caruso, architecte et chargée de mission au sein de l'équipe de la Ville de Rosny-sous-Bois, lors d'une visite organisée par Ekopolis le 28 novembre 2023.

 

"Le site est concerné par un fort aléa de retrait-gonflement des argiles. Le bâtiment repose sur des semelles en béton qui ne peuvent donc pas accueillir de poids supplémentaire, d'autant plus que des fissures sont déjà visibles." L'idée est donc de créer une enveloppe extérieure autoportante sur pieux vissés composée d'une ossature en bois feuillu et d'une isolation en bottes de paille bio provenant de la région, et en bottes de thinopyrum intermedium d'Isère.

 

Être économe en matériaux

 

Pour rendre le bâtiment "pérenne et confortable", le bas de la façade a été décollé du sol, et des pieux métalliques ont été vissés. Une enveloppe en ossature bois et isolation paille est posée, afin "d'avoir le moins d'impact possible, être économe en matériaux et éviter l'utilisation de béton partout". Le renouvellement d'air est privilégié avec une ventilation naturelle double flux permise par des tours à vents sans moteurs, disposées en façade. En été, les usagers seront protégés par des brise-soleil. Pour évacuer la chaleur, les classes seront ventilées la nuit. Certaines fenêtres ont été prévues pour être laissées ouvertes tout en interdisant l'accès par l'extérieur. Et pour se chauffer en hiver, un chauffage centralisé équipé de radiateurs à eau sera installé.

 

La toiture a, elle, été isolée avec du verre recyclé. "Elle n'est pas régulière et il n'y avait pas moyen de créer des pentes et contre-pentes, c'est pourquoi nous avons choisi du verre cellulaire produit à 60% à base de pare-brise recyclé pour garder une toiture plate." Le projet permet aussi de repenser les espaces intérieurs et ainsi d'agrandir ceux réservés au personnel, créer un hall d'accueil traversant et une loge gardien de jour.

 

 

Du bois sur cette opération

 

Le bois a représenté un grand enjeu, dans ce projet, pour la maîtrise d'œuvre. "Nous étions intransigeants sur ce sujet. Nous voulions une essence de feuillu locale, et si possible provenant de la sylviculture douce [qui fonctionne en effectuant des éclaircies plutôt que des coupes rases, NDLR]", explique Mel Chevron, ingénieur structure pour la Ville de Rosny-sous-Bois. "Nous ne sommes pas autorisés, dans les marchés publics, à définir un critère de localité de provenance du bois mais nous pouvons contourner cette contrainte en indiquant que nous voulons du feuillu." Cela a permis à la Ville de s'assurer que les entreprises travaillaient avec des scieries locales. Le débardage d'une partie du bois a pu se faire à cheval par la Bergerie de Vilarceaux, située à 60 kilomètres de Paris. Une façon pour la ville de favoriser savoir-faire locaux et circuits courts, et de réduire les intermédiaires. Le reste du bois a été fourni par l'entreprise de charpente, Herminette.

 

La structure principale de l'enveloppe est en chêne et le bardage en châtaignier, non traité, des forêts de Sarthe. "Le charpentier a été très à l'écoute de nos demandes. Nous voulions du réemploi mais nous ne pouvions pas l'imposer non plus." Les portes du bâtiment ont pu être conservées, nettoyées et réinstallées. Les cloisons intérieures et la cage d'ascenseur sont également issues du réemploi.

 

Le bâtiment devrait être livré en 2024. Des portes ouvertes au public ont été organisées par la Ville, en septembre et novembre 2023, pour informer les habitants et leur présenter le projet, ainsi que les matériaux et techniques déployés. "La mission de la Ville est de communiquer sur son travail et la rénovation thermique des bâtiments franciliens est un grand enjeu pour le territoire", estime Mel Chevron.