Pour obtenir une maison thermiquement homogène, réduire correctement les déperditions et apporter le confort en hiver comme en été, toutes les parois (toits, murs, combles) doivent impérativement être isolées. En matière d'isolants, les produits sont de plus en plus innovants. Mais il est actuellement un matériau qui fait débat, et ce depuis plusieurs années : les isolants minces réflecteurs multicouches ou produits minces réfléchissants. Etat des lieux.

Les isolants minces multicouches réflecteurs, présentés le plus souvent sous forme de rouleaux, sont des complexes techniques de faible épaisseur (de 5 à 30 mm) comprenant généralement un ou plusieurs films minces réfléchissants (feuilles d'aluminium ou feuilles plastiques aluminisées) et une ou plusieurs couches de matériaux donnant l'épaisseur finale (mousse plastique alvéolaire, films à bulle, laine végétale, minérale…). «De véritables millefeuilles permettant d'assurer un complément d'isolation thermique des bâtiments», souligne Jacques Planeix, secrétaire général et technique de l'Union des métiers du plâtre et de l'isolation (UMPI), à la FFB.

 

Isolant ou complément d'isolation
«Si les produits minces réfléchissants n'ont pas une performance thermique aussi élevée que celle qu'affichent certains fabricants, ils n'en ont pas moins des avantages très intéressants dans des systèmes d'isolation», explique Jean-Michel Bonnet, président de l'association pour la promotion des produits minces réfléchissants (APPMR). En effet, ils bénéficient d'un bon rapport thermique/épaisseur, et se présentant en rouleaux, ils sont très commodes à poser. «Ils se découpent au cutter et se posent par agrafage. Ils sont légers, maniables, propres et sans fibre irritante», précise Laurent Thierry, président directeur général d'Actis SA, principal fabricant de produits minces.

 

Ces isolants agissent simultanément sur tous les modes de déperditions thermiques (rayonnement, convection, conduction…) et sont en particulier très efficaces pour limiter les échanges par rayonnement et les déperditions parasites dues aux fuites d'air et au vent, qui constituent une part significative des déperditions thermiques dans les bâtiments. Ils sont parfaitement adaptés à l'isolation de bâtiments résidentiels, industriels… tant pour les constructions neuves que pour la rénovation en toiture, combles, murs et sols. «On peut effectivement le mettre en neuf, mais son principal intérêt est en rénovation. C'est dans ces cas que l'isolant mince apporte tout son intérêt et la rénovation est un marché en forte croissance», affirme Jean-Michel Bonnet.

 

Mais pour Laurent Thierry, «en règle générale, les isolants minces multicouches réflecteurs s'emploient seuls car ils permettent de réaliser des économies d'énergies similaires à celles des isolants épais, tout en permettant un gain de place significatif. Mais ils peuvent aussi s'employer en complément, lorsqu'il existe déjà une isolation épaisse que l'on souhaite conserver. Ils servent alors d'isolant et de pare-vapeur, s'ils présentent des propriétés d'étanchéité à la vapeur d'eau en étant assemblés par collage ou par ultra-sons, ce qui permet d'éviter la pose d'un pare-vapeur additionnel, comme le préconise maintenant le CSTB pour la pose des laines minérales en combles. Dans le cas d'une pose combinée, il faut impérativement que l'isolant mince soit placé côté intérieur de l'isolant épais et que l'isolant épais n'ait pas de pare-vapeur intégré. Si c'est le cas, il faut alors lacérer le pare-vapeur intégré de l'isolant épais avant de poser l'isolant mince. Et il faut réserver une lame d'air de 20 mm minimum entre les 2 isolants». En été, les isolants minces renvoient le rayonnement vers l'extérieur, ce qui procure un confort de qualité, même sous les combles, et en hiver, ils retiennent la chaleur et empêchent le froid de pénétrer à l'intérieur. Ils contribuent ainsi à réaliser d'importantes économies d'énergie (chauffage et climatisation), participant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Ce dernier souhaite ajouter qu'«il faut différencier la résistance thermique de l'isolant qui est une valeur mesurée en laboratoire dans des conditions stationnaires, de l'efficacité thermique mesurée en conditions réelles d'utilisation. La résistance thermique est le rapport entre l'épaisseur et la conductivité thermique de l'isolant. A conductivité thermique équivalente, la résistance thermique d'un isolant mince est mathématiquement inférieure à celle d'un isolant épais. Mais la résistance thermique ne rend pas du tout compte de la véritable efficacité thermique des isolants minces qui repose entre autres sur leur insensibilité aux infiltrations d'air et à l'humidité et sur leur capacité à réfléchir le rayonnement thermique, paramètres qui ne sont pas, ou mal, appréhendés en laboratoire».

 


Une bataille autour d'un même produit

Le débat porte notamment sur l'utilisation des isolants minces en sous-toiture. Les instances officielles, tels que le GS 20 de la Commission des Avis Techniques, proscrivent l'usage en sous-toiture, par dessus la charpente, des isolants minces de trop faible perméance a la vapeur d'eau, en raison des risques de survenance et d'accumulation de la condensation dans la lame d'air inerte de sous-face, et de pathologie induite à moyen terme, en particulier au niveau de la charpente. Certains industriels nient encore un tel risque et proposent leurs produits également en sous-toiture, malgré leur très faible perméance à la vapeur d'eau.

 

Mais, un débat quant à leurs réelles performances et leur efficacité thermique anime également la filière des isolants minces. D'une part, les laboratoires et instances officielles (CSTB, FFB…), les évaluant selon des méthodes d'essai normalisées et officiellement reconnues, les considèrent comme des compléments d'isolation, avec des performances thermiques réelles mais moindres que celles des isolants traditionnels épais. D'autre part, «certains industriels des isolants nient la pertinence des méthodes normalisées et
officiellement reconnues et, se basant sur des méthodes d'essais non officielles, déclarent des performances thermiques très nettement supérieures, du même ordre que celles des isolants en forte épaisseur»
, explique Jean-Michel Bonnet, président de l'APPMR.

 

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