APPEL A PROJETS. Dans un Théâtre Mogador comble, la Métropole du Grand Paris a révélé la liste des lauréats du deuxième volet d'Inventons la Métropole. Une édition plus sobre, qui se focalise sur la reconstruction, et qui a appris de ses erreurs.
Le 19 juin au soir, dans le somptueux décor du Théâtre Mogador, c'est la Métropole des projets qui était de sortie, malgré quelques invectives politiques du président de l'intercommunalité Patrick Ollier.
Après 100 heures de jury visant à départager 85 groupements pour 27 sites proposés, 23 lauréats ont été désignés. Quatre sites comme le Chemin du Groslay à Bondy ou Les Saussaies à Cachan ne seront pas portés, faute de candidats ou de proposition retoquée par l'édile.
Découvrez les lauréats d'Inventons la Métropole 2
La deuxième édition d'Inventons la Métropole du Grand Paris se démarque cette année par sa sobriété. 23 projets sélectionnés contre 51 en 2017, 2 milliards d'investissement contre 7,2 milliards pour le premier volet…la modestie du second opus ne se mesure pas qu'en volume financier ou en hectares mais aussi en partis pris urbanistiques.
Ollier en attente d'un signal présidentiel
"Cette année, ce sont des projets avec 100% de renouvellement urbain, il n'y aura aucune construction nouvelle, donc aucune surface imperméabilisée", a fait valoir Patrick Ollier. A l'heure ou le gouvernement voudrait mettre le holà sur l'étalement urbain, "il nous paraissait assez naturel d'avoir des sites sur des périmètres plus restreints", confie une élue proche de l'organisation de l'appel à projets.
La Métropole du Grand Paris veut donc montrer qu'elle est en phase avec les objectifs de l'Etat en matière d'aménagement mais aussi du logement. A la tête d'un établissement qui doit rendre des comptes et de l'habitat dans le cadre du Schéma régional de l'hébergement et de l'habitat (SRHH), Patrick Ollier fustige : "On assume nos responsabilités, on contribue à la politique de l'Etat, mais cela passe sous silence. Le président de la République va s'exprimer mais on va attendre jusqu'à la Saint-Glinglin ?".
"On a appris des erreurs de la première édition"
Avec cette seconde édition de l'appel à projets, la Métropole du Grand Paris contribuera -sous réserve de la réalisation de tous les projets dans la programmation prévue- à la production de logements à hauteur de 200.000 m², avec 3500 logements dont 20% consacrés aux logements sociaux.
De nouveaux aménageurs, une Compagnie de Phalsbourg absente et cinq sites raflés par Altarea Cogedim : la seconde édition d'IMGP se démarque de son aïeul dans sa configuration. Mais aussi dans son organisation, en se nourrissant des écueils de la première édition.
"La première leçon tirée est d'avoir demandé aux maires de fixer un prix de réserve de manière à ce que l'indicateur économique ne soit qu'un élément mineur et pour que la dimension architecturale prime", relate une source technique du dossier. Cette démarche aurait ainsi empêché "d'avoir des propositions variant du simple au triple", eu égard à de précédentes candidatures qui "faisaient de la surenchère, pensant que la charge foncière était un élément déterminant".
"Je ne peux pas prendre un engagement sur un avenir que je ne connais pas"
Et de se réjouir qu'en trois ans d'existence, l'appel à projet "qui avait cannibalisé les débats sur l'urbanisme devient un outil d'urbanisme comme un autre, rangé dans un panel plus large". Pourtant, la question de sa pérennité est posée. De nombreuses voix s'élèvent quant à une troisième édition du concours, alors que l'édition originelle a pour l'instant accouché de cinq permis de construire.
Capitaine du navire métropolitain, Patrick Ollier avait distillé à l'occasion des vœux de la MGP l'idée d'un troisième opus du concours, orienté autour des thématiques figurant dans le rapport "Paris en grand" de Roland Castro. A 9 mois des municipales, les maires se sont engagés in extremis dans une nouvelle vague de projets architecturaux.
Pour Patrick Ollier, maire de Rueil-Malmaison, la tentation de rempiler pour un troisième mandat l'interroge sur sa volonté de poursuivre à la Métropole du Grand Paris, et de l'embarquer dans un troisième appel à projets : "je ne peux pas prendre un engagement sur un avenir que je ne connais pas", concède-t-il.