INTERVIEW EXCLUSIVE. Ce mercredi, le président de la Métropole du Grand Paris et ses équipes sont parvenus à se mettre d'accord avec le Conseil de l'Ordre des architectes d'Ile-de-France (CROAIF) et l'Unsfa Ile-de-France sur les questions de la rémunération et de l'indemnisation des architectes et leur présence systématique dans les jurys de sélection. Patrick Ollier, son président, répond à Batiactu.
Batiactu : Depuis l'annonce des sites retenus pour "Inventons la Métropole", le 10 octobre 2016, deux préoccupations restaient en suspens pour de nombreux architectes : la rémunération et l'indemnisation, d'une part, et la présence systématique d'architectes dans tous les jurys, d'autre part. Comprenez-vous l'inquiétude des représentants du CROAIF et de l'Unsfa Ile-de-France, ce mercredi 16 novembre 2016 ?
Patrick Ollier : Non seulement, j'ai compris leur inquiétude, au cours justement d'une rencontre organisée, le 16 novembre 2016, avec les représentants du Conseil de l'Ordre des architectes d'Ile-de-France (CROAIF) et l'Unsfa Ile-de-France, mais je le répète, j'en ai pris conscience avec eux dès le départ de l'appel à projets "Inventons la Métropole", au printemps dernier.
J'avais donc reçu Jean-Michel Daquin (CROAIF) et Didier Chinardet (UNSFA IDF) au cours des deux mois d'avril et mai 2016, mes équipes également à plusieurs reprises, dans le but de ne pas commettre la même erreur que l'appel à projets "Réinventer Paris" sur la question de rémunération et d'indemnisation des architectes. A la suite de ces réunions, nous avons pris des dispositions avec Martin Guespereau, nouveau directeur de projet de ce concours.
Je peux comprendre qu'il y ait eu un malentendu, le jour de la présentation, au Pavillon Baltard, à Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne), le 10 octobre 2016, des 61 sites retenus et répartis dans toute l'Île-de-France, en vue de l'appel à projets "Inventons la Métropole du Grand Paris". J'ai alors fait état d'une 'esquisse affinée', qui n'avait pas de rapport, dans mon esprit, avec l'esquisse de la loi MOP. L'inquiétude à ce jour est dissipée. Je suis très satisfait de la tenue de cette rencontre et d'avoir pu m'expliquer auprès de la profession.
"La notion d'esquisse est donc supprimée."
Batiactu : Qu'est-il ressorti de votre rencontre avec le CROAIF et l'Unsfa Ile-de-France ?
Patrick Ollier : Nous sommes tombés d'accord afin qu'une note méthodologique et un seul croquis d'intention, format A3, soient exigés en phase 1 de sélection des équipes, comme spécifié dans le Règlement général de la Consultation. La notion d'esquisse est donc supprimée. Désormais, le croquis va donner le sens architectural du bâtiment et une 'planche A3' devra être présentée par les architectes.
Batiactu : Qu'en est-il de la présence des architectes dans les jurys de sélection ?
Patrick Ollier : Je souhaite également que les jurys de sélection puissent bénéficier de l'expertise objective d'un ou plusieurs architectes désignés par la profession, comme personnalités qualifiées, pour éclairer la décision des élus. J'ai demandé aux équipes du CROAIF et de l'Unsfa Ile-de-France pour qu'il n'y ait plus de conflit, ils en sont d'accord ! Enfin, je leur ai demandé de participer à un futur conseil scientifique dans le but d'achever la gouvernance de la Métropole. Nous avons besoin de leurs pistes de réflexion, ce sont des experts et techniciens de l'architecture et de l'urbanisme.
"J'espère donc voir naître des projets audacieux."
Batiactu : Enfin, quelle est l'opportunité pour les architectes de participer à cet appel à projets Inventons la Métropole ?
Patrick Ollier : C'est une chance extraordinaire à saisir, pour la première édition de l'appel à projets. Au final, sur les 112 sites portés candidats par 75 collectivités et répartis sur 12 territoires constituant la Métropole du Grand Paris (MGP), 61 sites ont été choisis le 10 octobre 2016.
Ce qui représente au total près de 230 hectares de bâti. En détails, ces terrains, de 800 m², pour le plus petit, à 32 hectares, pour le plus grand, pourront être dès aujourd'hui dans les mains des futures équipes candidates, composées de promoteurs, aménageurs, architectes et urbanistes. C'est en quelque sorte 'un Mipim en Ile-de-France' et je ne veux pas que l'on déçoive tous ces maires candidats.
Sans les architectes, il n'y aura pas de projet et sans les investisseurs non plus ! Au cours d'un déplacement effectué au Japon du 20 au 25 octobre 2016, j'ai présenté au Tokyo Metropolitan Government, l'attractivité et le rayonnement de la métropole du Grand Paris. Nous avons parlé avec les Japonais de partenariats stratégiques sur les sujets et thématiques d'intérêts métropolitain et constaté l'intérêt qu'ils ont porté sur l'appel à projets. Je suis très étonné que les investisseurs japonais souhaitent participer à Inventons la Métropole. Je le répète, c'est une première en Europe !
Je précise que la CDC est partenaire à hauteur de 100 millions d'euros, le Commissariat général à l'Investissement, également pour aider les aménageurs. J'espère donc voir naître des projets audacieux. La désignation des lauréats aura lieu en septembre 2017. Et il y aura une deuxième édition d''Inventons la métropole', et sans doute une troisième !