Batiactu : Justement, vous parlez de standards : les architectes pointent régulièrement du doigt la multiplication des normes réduisant et limitant leur pratique. Qu'attendez-vous comme évolutions ? Nicolas Sarkozy propose de supprimer deux normes chaque fois qu'une nouvelle sera créée en France. Qu'en pensez-vous ?
Lionel Carli : Son annonce sonne comme un aveu : on est encombré de normes. Aujourd'hui, lorsqu'une nouvelle norme arrive, on ne se pose pas forcément la question de l'évaluation de celles qui existent déjà et on en rajoute une autre. Résultat : on fabrique des millefeuilles de normes. Il faut, là aussi, marquer une pause, auditer et expertiser les règlements en se posant comme questions : cette norme est-elle pertinente et si oui, adoptons-la et si elle ne l'est pas, ne l'imposons pas et toilettons au passage tout ce qui ne va pas. Quand une norme est retenue, il faut se donner une période d'évaluation, voire de tests, et ne pas céder aux lobbies. Puis si la norme est « rentable », et seulement si elle l'est, on la fait basculer dans le réglementaire. On ne change pas les règles tous les quatre matins au profit seul des lobbies mais uniquement pour le bien public.
Lionel Carli : Son annonce sonne comme un aveu : on est encombré de normes. Aujourd'hui, lorsqu'une nouvelle norme arrive, on ne se pose pas forcément la question de l'évaluation de celles qui existent déjà et on en rajoute une autre. Résultat : on fabrique des millefeuilles de normes. Il faut, là aussi, marquer une pause, auditer et expertiser les règlements en se posant comme questions : cette norme est-elle pertinente et si oui, adoptons-la et si elle ne l'est pas, ne l'imposons pas et toilettons au passage tout ce qui ne va pas. Quand une norme est retenue, il faut se donner une période d'évaluation, voire de tests, et ne pas céder aux lobbies. Puis si la norme est « rentable », et seulement si elle l'est, on la fait basculer dans le réglementaire. On ne change pas les règles tous les quatre matins au profit seul des lobbies mais uniquement pour le bien public.
Batiactu : Autre élément d'inquiétude : la surface plancher. Certains architectes sont en attente d'actions concrètes. Où en êtes-vous ?
Lionel Carli : Se battre uniquement pour la défense du seuil d'intervention de l'architecte, faire des revendications de branche, peut s'avérer contre-productif vis-à-vis de nos concitoyens, notamment en période électorale et de tensions économiques. En revanche, expliquer qu'en ce qui concerne le projet urbain, le diagnostic urbain, le diagnostic architectural et paysager, le conseil aux élus, l'interlocuteur principal, c'est l'architecte, me semble plus important. A nous de conquérir le cœur des Français et de montrer que la profession est généreuse, qu'on est à leur écoute. Actuellement nous travaillons avec les Conseils Régionaux de l'Ordre des architectes sur des mesures incitant au recours à l'architecte en-dessous des seuils. Ce qui me paraît essentiel, c'est de faire désirer l'architecture et celui qui la fait : l'architecte.
Batiactu : Justement, que vous évoque certaines remises en cause de l'emprise au sol ?
Lionel Carli : Ce qui me met en colère, c'est que les constructeurs de maisons individuelles se sont payé la tête de tout le monde, y compris celle du gouvernement. Alors même qu'ils ont participé pendant plus de six mois avec l'ensemble des acteurs de la filière du bâtiment et leurs partenaires (géomètres, notaires, Fédération du bâtiment, architectes) à la concertation mise en place par le gouvernement et qu'ils ne sont jamais opposés au décret «surface», arrêté en décembre, ils décident désormais d'entamer un recours contre ce décret auquel ils ont participé. Pire le gouvernement en toute complicité semble vouloir leur donner raison et tente de saborder son propre travail. Cette situation est inadmissible. Comment se fait-il que le lobby des constructeurs de maisons individuelles soit plus fort que tout le reste ? Cela doit nous interpeller fortement. C'est pourquoi nous avons lancé une pétition pour faire comprendre au gouvernement que l'ensemble de la profession est mobilisé sur le sujet et que nos voix, faute d'être entendues aujourd'hui, risquent de compter demain en s'unissant à celles de nos familles et collaborateurs.
Batiactu : Dans votre appel aux candidats, vous évoquez la possibilité d'accompagner le particulier en dessous des seuils, qu'en est-il exactement ?
Lionel Carli : L'idée est d'aller à la rencontre des particuliers, en organisant des journées de conseil, à l'instar de ce que font les avocats et les notaires. Nous souhaitons accompagner le particulier pour tout ce qui concerne le prêt à taux zéro ou les prêts verts car les banques se posent bien souvent des questions sur leur utilisation. Ainsi, pour garantir cet emprunt, l'intervention de l'architecte pourrait être considérée comme une caution.
Batiactu : Nous sommes le 7 mai 2012, le nouveau président fraîchement élu est en face de vous, qu'aimeriez-vous qu'il vous dise ?
Lionel Carli : J'aimerais qu'il me dise «qu'il fait sienne» les préoccupations de la profession, telles que nous les avons développées à travers notre Manifeste : « Le droit à l'architecture pour tous ». L'architecture est une cause nationale et tout le monde a le droit à l'architecture.
Batiactu : Et vous, que lui diriez-vous ?
Lionel Carli : L'ensemble de la profession est à SA disposition pour l'accompagner sur une véritable mutation dans les réflexions de réaménagement du territoire, de son aménagement. Nous sommes également à la disposition des élus pour l'aménagement de leur ville. Nous souhaitons également accompagner l'ensemble des acteurs et des pétitionnaires pour la réalisation de leurs constructions et plus particulièrement des programmes de logements. Il faut savoir puiser dans l'intelligence des architectes pour innover et débrider tout le carcan de normes !