"L'intelligence artificielle ne remplacera pas le métier d'architecte" (J. Rousseau)

 

Ils sont aussi lauréats de plusieurs prix, dont le Archi Design Club Awards en 2014, 2015 et 2019, et Europan 6 en 2008. Aujourd'hui basée à Paris, Bordeaux et Nice, leur agence compte une soixantaine de collaborateurs, dont certains pilotent des missions de maîtrise d'œuvre d'exécution. Pour parler des grands défis d'aujourd'hui et de demain, mais aussi des activités de l'agence, Julien Rousseau s'est prêté au jeu de l'interview.

Batiactu : Votre agence compte de très nombreux projets de logements. Quel regard portez-vous sur la crise actuelle du logement ?

Julien Rousseau : Le constat est clair. Des maîtres d'ouvrage et promoteurs sont en grande difficulté à cause du nombre de constructions en baisse. La crise actuelle est un contraste des années passées, qui ont été vertueuses pour le secteur. Hormis 2008, le secteur n'a connu que des années de croissance depuis 1995. Les promoteurs, qui prennent les risques de porter des projets et d'imaginer le logement de demain, ont été habitués à ce que les appartements se vendent facilement. On a pu voir de nombreuses opérations vertueuses se réaliser durant cette période. Aujourd'hui, cette crise nous amène, chez Fresh Architectures, à défendre encore davantage la qualité des logements. Ce n'est parce qu'il y a une crise aujourd'hui qu'il faut se résoudre à construire plus petit pour pouvoir vendre. Il faut garder une certaine exigence pour offrir aux habitants un cadre de vie agréable.

Votre agence s'est aussi spécialisée dans la conception d'espaces commerciaux pour des marques de luxe. On pense, par exemple, au 6 rue de Sèvres, dans le VIe arrondissement de Paris, que Batiactu avait pu visiter. Cet ancien bâtiment bancaire a récemment été transformé en flagship store [magasin dédié à une marque]. Quelles sont les spécificités de ce type d'opérations ?

Concevoir du logement ou un flagship est un plaisir, bien que différent. Le logement est magnifique à penser. Il demande du temps, d'être rigoureux, soigneux et attentif. Le luxe est, lui, challengeant. C'est le beau, la qualité des matières, l'excellence de la mise en œuvre des métiers. Ces plaisirs, selon moi, se complètent. Un flagship demande des savoir-faire et une façon de travailler différente des projets immobiliers plus classiques. Ce n'est aussi pas le même schéma créatif. Nous devons connaître les objectifs de la marque et penser l'expérience client. Il existe un véritable échange entre la production de produits du client et les bâtiments dans lesquels il s'installe. On peut, trois semaines après la conception ou réalisation d'un bâtiment, retrouver l'édifice en clin d'œil sur un vêtement. Pour répondre à la demande et aux exigences de ces marques, notre agence a développé un pôle d'expertise spécifique. Nous proposons à ces maisons de luxe un flux tendu d'idées "wahou", "instagrammable".

 

 

"Il y a beaucoup de choses à inventer avec le verre."

C'est-à-dire ?

Ce qui plaît aux marques est ce qui n'a encore jamais été vu. À l'instar de la mode, il faut aller très vite dans ce genre d'opérations. Il faut comprendre les tendances, et être à la fois intemporel et en avance.