Cet audit, qui met notamment en doute l'intérêt des projets de liaison ferroviaire Lyon-Turin et de la deuxième phase du TGV Est Paris-Strasbourg, a suscité de vives protestations dans les régions concernées.

"L'audit financier sous-estime gravement les enjeux économiques et les attentes de cadre de vie des habitants de Rhône-Alpes", a déploré la présidente du conseil régional, Anne-Marie Comparini (UDF) citée par l'AFP. Ce rapport "repose uniquement sur des critères financiers", a-t-elle ajouté, appelant le gouvernement à mener "à son terme" le projet Lyon-Turin, qualifié d'irréversible début 2001 par le président de la République Jacques Chirac.

C'est en effet le projet le plus controversé de ce rapport. La liaison Lyon-Turin, souvent comparée dans son ampleur au tunnel sous la Manche, est aussi le plus vaste des 100 projets examinés.
Les auteurs de l'audit estiment que la partie française du projet, qui comprend le percement d'un nouveau tunnel, coûtera 5 milliards d'euros à l'Etat. Une somme jugée "très élevée" par les experts, qui considèrent que "l'intérêt pour la collectivité est loin" d'être démontré.

"On a révisé un petit peu à la baisse (les prévisions de trafic) pour tenir compte des évolutions (notamment) démographiques", a expliqué à l'AFP Jean-Didier Blanchet, un des auteurs.
Les auditeurs comptent aussi sur un réaménagement du tunnel du Mont-Cenis, par où passent les trains en attendant la mise en service d'un nouveau tunnel que Paris et Rome avaient annoncée pour 2012. Il table aussi sur les "importants investissements" en Suisse, pays qui s'apprête à ouvrir deux tunnels.

Une analyse d'autant plus inquiétante pour les défenseurs du projet que le ministère des Transports a jugé que l'audit avait "le mérite de poser la question de la liaison Lyon-Turin".
Rome de son côté garde son sang-froid. Le ministre français des Transports "a réitéré à son homologue italien que la France a l'intention de respecter les engagements politiques pour la construction du lien ferroviaire entre les deux pays", a déclaré le ministère italien des Transports.

Autre région où le rapport est vivement contesté : l'Alsace. Ses élus ont exprimé mercredi leur amertume face à un audit qui "ne retient pas comme prioritaire" la deuxième phase du TGV Est Paris-Strasbourg.
Le président (UMP) du conseil général du Bas-Rhin, Philippe Richert, s'est déclaré "consterné". Pour le président (UMP) de la région Alsace, Adrien Zeller, cette analyse "technico-économique" ne doit pas empêcher le gouvernement d'engager le chantier malgré tout.

Des associations de défense de l'environnement ont en outre dénoncé l'enterrement par les auditeurs de la réouverture de la ligne ferroviaire Pau-Canfranc dans les Pyrénées.

"L'audit n'est qu'un des éléments, avec les rapports parlementaires (à venir) et une étude de la Datar qui introduira un débat au Parlement en mai 2003", a tempéré mercredi Dominique Bussereau.

Le secrétaire d'Etat aux Transports s'exprimait devant le comité des armateurs fluviaux, qui ont plaidé en faveur d'un canal Seine-Nord reliant l'Ile-de-France à l'Europe du Nord, dont l'audit prône le report.

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