CONJONCTURE. Une récente enquête déchiffre la réalité économique des agences d'architecture françaises. Chiffre d'affaires, effectifs, types d'activités... zoom sur les tendances de la profession.
Comment se portent les entreprises d'architecture en France ? C'est à cette question qu'a répondu la dernière enquête-baromètre du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc). Ce dernier a interrogé 3.060 représentants d'agences d'architecture en France via un questionnaire en ligne* entre septembre et octobre 2023. Il en ressort "qu'un tiers des agences a enregistré en 2022 un chiffre d'affaires inférieur à 50.000 euros", indique Marianne Bléhaut, directrice du pôle data et économie du Credoc, lors de la présentation des résultats à la journée annuelle de l'Observatoire de l'économie de l'architecture ce mardi 14 novembre 2023 à Paris.
Les agences ne sont que 9% à avoir atteint un chiffre d'affaires de plus de 500.000 euros. Une grande majorité a cependant réalisé un bénéfice, "mais celui-ci est inférieur à 10% du chiffre d'affaires pour la moitié des cabinets", pointe Marianne Bléhaut. Parmi toutes les entités interrogées, un tiers estiment que leur chiffre d'affaires aura augmenté en 2023, un tiers qu'il sera stable par rapport à 2022 et un autre qu'il aura baissé.
Rémunération et ressources humaines
Les auteurs de l'enquête se sont aussi penchés sur le mode de rémunération des agences ; celui s'effectuant au pourcentage est le plus répandu. Et, pour une agence sur deux, cela représente même la moitié du chiffre d'affaires. D'autres acceptent une rémunération au forfait, mais très peu au temps passé.
Retard des opérations, diminution du nombre de nouveaux projets et de leur marge… Les cabinets d'architecture affirment subir, comme le reste des acteurs économiques, les effets de l'inflation sur leur activité. La menace la plus grande pour les cabinets, pour les cinq prochaines années, est la hausse des coûts de construction.
Ressources humaines
En ce qui concerne les effectifs, la moitié des sociétés emploient des salariés, et 35% accueillent des stagiaires ou étudiants en HMO. "Les professionnels les plus recrutés en dehors des architectes sont les profils administratifs (finance, comptabilité, ressources humaines et secrétariat), puis les dessinateurs et graphistes", continue la porte-parole du Credoc. A contrario, les urbanistes, géographes et paysagistes sont très peu embauchés.
Un quart des entreprises assure vouloir augmenter ses effectifs en 2024, en se tournant vers des diplômés en architecture, des architectes, ou bien des dessinateurs et graphistes. Surtout, une part importante souhaite faire croître l'activité (chiffre d'affaires et effectifs) l'an prochain.
Diversité des pratiques
"Les pratiques des agences sont très variables", observe Marianne Bléhaut. Plus d'un tiers a recours parfois ou toujours au BIM. Un peu moins affirme réaliser des projets incluant de la préfabrication hors-site, et une minorité seulement engage des activités de recherche et développement.
Réutiliser l'existant
Le travail sur les bâtiments existants est une réalité pour l'écrasante majorité des agences interrogées. Les répondants anticipent une stabilité ou une hausse des opérations sur existant en 2024. Ces projets représentent d'ailleurs plus de 75% du chiffre d'affaires de 42% des agences. Les sociétés considèrent comme une opportunité pour ces prochaines années le développement du marché de la rénovation-réhabilitation, notamment énergétique, mais aussi le développement des matériaux biosourcés et géosourcés, ainsi que le cadre réglementaire incitatif en matière de transition écologique (certifications énergétiques, réglementation environnementale 2020, etc.)
Profils des agences
La moitié des agences sont situées dans des zones rurales et sont sur-représentées en Île-de-France. Elles sont tournées vers des projets individuels, ayant pour maîtrises d'ouvrage des particuliers et copropriétés. Les projets de logements dominent leur activité et les agences exercent majoritairement en libéral, à titre individuel.
Un peu plus d'un quart des agences ont pour maîtrises d'ouvrage des entreprises hors immobilier et construction, et mènent des projets dans le tertiaire, l'administratif et les bâtiments industriels. Elles comptent jusqu'à deux salariés et sont basées dans des villes moyennes et surreprésentées dans les Hauts-de-France. Le reste des agences travaillent pour des bailleurs sociaux, des collectivités territoriales et d'autres maîtrises d'ouvrage publiques. Situées dans des métropoles (hors Paris), elles comptent plus de trois salariés et conçoivent des bâtiments scolaires, des projets patrimoniaux, des équipements sportifs et des projets urbains.
*L'enquête-baromètre sur la santé économique des entreprises d'architecture a été réalisée entre le 14 septembre et le 2 octobre 2023 via un questionnaire en ligne. Au total, 3.060 représentants d'agences d'architecture ont répondu.
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