Après trois années consécutives de baisse, la consommation de ciment a connu une reprise en 2011 dans l'Hexagone. Mais la tendance repart à la baisse en 2012 dans un contexte morose pour le bâtiment et les travaux publics. Rachid Benyakhlef, le président du SFIC, revient sur les chiffres du secteur.
L'embellie aura été de courte durée. « Alors que l'industrie cimentière avait connu un rebond de son activité en 2011, après plusieurs années de baisse, la tendance positive ne se confirme pas en 2012 », explique Rachid Benyakhlef, président du Syndicat français de l'industrie cimentière (SFIC). « L'an dernier, le bâtiment et la construction neuve en particulier avaient bien soutenu la demande, avec une progression de la consommation de ciment de +8,6 %. Mais cette année, la tendance est à nouveau à la baisse, avec un recul attendu d'environ 7 % qui fera repasser la production en dessous de la barre des 20 millions de tonnes ». Plusieurs facteurs expliquent cette situation : la crise économique et financière tout d'abord, qui réduit les investissements publics et régionaux, ce qui impacte directement les travaux publics. Les mises en chantier de logements ensuite, devraient être moins nombreuses en 2012, passant de 420.000 à 380.000. « Les conséquences de la fin du dispositif Scellier et du resserrement des conditions de crédit notamment », ajoute le président du SFIC.
Dans ce contexte, la part de marché des ciments multi-constituants, à faible empreinte environnementale, devrait continuer à croitre. Rappelons que ces ciments nécessitent moins de clinker grâce à l'apport de matériaux comme le laitier de haut fourneau ou les résidus de centrales thermiques lors de l'opération de broyage. D'où un bilan carbone plus intéressant. Ils représentent aujourd'hui 65 % du marché (+3,5 % en 2011). Les économies d'énergie préoccupent également les industriels de la filière qui souhaitent passer de 30 % de combustibles de substitution (déchets, pneus, farines animales) à 50 ou 60 %, à l'image de ce qui se fait outre-Rhin. « Une démarche qui réduirait les coûts, qui conduirait à une plus grande indépendance énergétique et qui participerait à l'écologie industrielle par la valorisation des déchets », s'enthousiasme Rachid Benyakhlef.
Réduction des coûts
Une réduction de 10 % des coûts permettrait de diminuer la distorsion observée avec des pays comme la Turquie. « Mais si les quotas de CO2 devenaient payants, comme ce pourrait être le cas au-delà de 2014, alors cette distorsion passerait à 35 ou 40 % ! » prévient le responsable du SFIC, également directeur général de Lafarge Ciments. « Les importations se maintiennent à 8 ou 9 % de la consommation nationale, principalement en ce qui concerne des ciments moins élaborés type mono-constituants ». Pour le Syndicat, la profession se trouve aujourd'hui face à quatre enjeux principaux : l'accompagnement nécessaire dans la construction d'un million de logements pour faire face à la pénurie française ; la préoccupation de l'urbanisme durable en poursuivant la mise en phase avec les réglementations liées au Grenelle de l'environnement ; la recherche de l'efficacité énergétique avec la remise à niveau d'installations et un travail sur les filières de collecte et de traitement des déchets ; et enfin, la compétitivité équitable avec le maintien de l'activité en France pour produire localement de la valeur ajoutée.
Mais, alors que le marché français est déjà en surcapacité de production et que la demande devrait légèrement décroître au niveau national, deux industriels, Kercim et Holcim annoncent l'ouverture de nouvelles unités de broyage à Saint-Nazaire et à La Pallice. La guerre des prix devrait donc se poursuivre.
Cinq acteurs principaux (Lafarge, Kernéos, Holcim, Vicat et Ciments Calcia) ;
2,4 Mrds € de CA (2011) ;
42 sites industriels ;
4.900 emplois directs ;
25.000 emplois indirects (55.000 emplois « filière » en comptant le béton) ;
300.000 entreprises de maçonnerie.