INFRASTRUCTURE. Vinci Autoroutes mène des travaux d'élargissement et d'aménagement de l'autoroute A10, en construisant notamment un viaduc qui viendra compléter un ouvrage existant. Batiactu s'est rendu sur ce chantier qui utilise une technique peu répandue en France.
L'Indre-et-Loire se pare d'un nouvel ouvrage routier. Pour accueillir correctement les 35.000 véhicules qui roulent quotidiennement sur l'autoroute A10, Vinci Autoroutes mène des travaux d'ampleur. L'autoroute est réaménagée en 2x3 voies sur 24 kilomètres, entre Sainte-Maure-de-Touraine et Veigné, et deux viaducs complémentaires, celui d'Indre et celui du Courtineau, un peu plus au nord, sont reconstruits. Débuté en septembre 2019, le chantier devrait durer 22 mois, dont 4 mois de préparation et 18 mois de travaux.
Long de 210 mètres et large de 16 mètres, le viaduc du Courtineau s'élève à 30 mètres de hauter. Il contient 9.000 m3 de béton et 1.200 tonnes d'acier. La particularité de cet ouvrage, que Batiactu a visité, est son mode de construction, peu répandu dans l'hexagone. 52 voussoirs sont nécessaires à cette infrastructure.
La technique des voussoirs choisie pour ce chantier
"C'est un ouvrage en béton précontraint", explique lors de la visite Christophe Couturier, chef de projet Vinci Autoroutes. "Cela signifie qu'il n'y a pas de poutres en acier. Les voussoirs sont fabriqués à l'aide d'un équipage mobile et d'un moule. On vient ensuite accrocher un voussoir au voussoir précédent." La succession de ces voussoirs constituera deux fléaux, qui, quand ils seront reliés, formeront le tablier du viaduc.
La construction de poutres métalliques n'était pas possible sur ce site, par manque d'espace à l'installation d'une plateforme de lancement des poutres. "La technique des voussoirs se fait ponctuellement, dans des vallées encaissées comme celle-ci, où on a un peu de mal à venir et où on n'a pas de place", ajoute le chef de projet.
Assurer une homogénéité
Trois viaducs se font face, à quelques mètres les uns des autres. Les deux viaducs existants, qui ne peuvent être élargis, servent au sens Paris-Province et inversement. "Le nouveau portera le sens de Poitiers vers Tours, avec trois voies et une bande d'arrêt d'urgence", précise Christophe Couturier. "Les deux existants serviront à aller de Tours vers Poitiers."
"La raison pour laquelle nous élargissons l'autoroute est que nous sommes arrivés à un fort taux du trafic moyen journalier annuel, avec environ 35.000 passages de véhicules, dont 20% de poids lourds. L'État a acté l'élargissement de cet axe majeur français en 2015. Ainsi, la sécurité et la fluidité de la circulation vont être améliorées."
Pour ressembler à l'ancien ouvrage en béton, construit dans les années 1970, l'Association nationale des architectes des bâtiments de France (Anabf) a conseillé à Vinci de construire un ouvrage qui ressemble, architecturalement parlant, aux précédents. "Nous veillons à avoir une certaine homogénéité afin que le paysage ne soit pas marqué par la nouvelle construction", commente Michel Busone, assistant à la maîtrise d'ouvrage chez Vinci Autoroutes. "Il faut que cela soit discret et qu'on ait l'impression que le viaduc a toujours existé", opine Christophe Couturier aux propos de son collègue.
Trois grues nécessaires au chantier
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L'installation des voussoirs devrait être terminée en septembre, selon le chef du chantier. La prochaine grande étape des travaux consistera à s'occuper des finitions, notamment de l'assainissement, de la première couche d'étanchéité, du dispositif de retenu et de la chaussée, avec la couche d'enrobé.
Si les deux professionnels n'ont pas relevé de problèmes majeurs durant la construction du viaduc, le site est néanmoins contraignant. Très étroit, "il y a peu de place pour travailler", fait remarquer Michel Busone. La petite route déjà existante, dans la vallée, a dû être maintenue en service et déviée de quelques mètres. "Une fois les travaux finis, on déplacera la route vers son tracé initial et on la refera car elle a été abîmée par le passage des poids lourds, qui ont notamment amené les trois grues dont nous avions besoin", raconte Christophe Couturier.
Prendre en compte l'environnement alentours
L'équipe a également dû se coordonner avec l'autre chantier de l'autoroute qui mène les travaux d'élargissement et de terrassement de l'A10. "Ce sont deux chantiers séparés mais interdépendants, c'est pourquoi on ne peut pas neutraliser une voie si l'autre chantier a besoin de passer", note Michel Busone.
Le site où se trouve le viaduc est également le lit majeur d'un cours d'eau. L'entreprise, qui doit limiter l'impact sur la faune et la flore, a installé des mises en défens pour empêcher que les animaux, notamment les batraciens, ne pénètrent dans la zone de chantier. Aussi, vingt gîtes à chauves-souris ont été installés en mars dernier, à quatre mètres de hauteur sur les arbres, pour loger ces chiroptères de la vallée. Cette opération a été réalisée en partenariat avec la Sepant, association départementale de protection de l'environnement.
La livraison de l'ouvrage est prévue pour la fin 2022. Les raccordements de l'autoroute vont être menés durant le premier semestre 2023 et les automobilistes pourront rouler sur le viaduc d'ici l'été ou l'automne 2023.
Si le coût du chantier global est estimé à 204 millions d'euros, celui du viaduc du Courtineau, plus particulièrement, se chiffre à 15 millions d'euros. Vinci Autoroutes sera locataire du viaduc jusqu'en 2034, date à laquelle les concessions autoroutières reviendront dans le giron de l'Etat ou seront de nouveau privatisées.
Détails du chantier :
Maitre d'œuvre : Ingerop
Constructeurs à la manœuvre : ETPO mandataire du groupement avec NGE Génie Civil
Date de début des travaux : septembre 2019
Estimation de la fin des travaux : été à automne 2023
Aménagement de 10 passages supérieurs
Elargissement de 4 passages inférieurs
Construction de 26 bassins pour préserver les nappes phréatiques et les cours d'eau situés près de l'autoroute