INVESTIGATION. Un câble de précontrainte du pont de l'île de Ré s'est rompu, il y a quelques semaines. Une information faisait état d'un défaut d'étanchéité dû à une injection de mousse de polyuréthane. Christian Tridon, spécialiste des infrastructures, fait le point sur la situation pour Batiactu.
Inquiétante coïncidence : en septembre 2018, quelques semaines après le dramatique effondrement d'une partie du viaduc de Gênes (Italie), la nouvelle tombait, l'un des douze câbles de précontrainte du pont de l'île de Ré avait cédé. Depuis, certains ont pointé un problème de corrosion, possiblement dû à une injection mal placée de mousse de polyuréthane.
Christian Tridon, président du Syndicat national des entrepreneurs spécialistes de travaux de réparation et de renforcement des structures (Sttres), et spécialiste reconnu des ponts, a bien voulu faire le point pour Batiactu sur cet incident.
Un câble extérieur au béton
"Les informations dont je dispose vont à l'encontre de certains éléments parus dans la presse précédemment", nous explique-t-il. "Le câble qui a rompu est ainsi à l'intérieur du pont et extérieur au béton, non pas coulé à l'intérieur. Il est constitué de 19 torons de 15 mm, enfilés dans une gaine en polyéthylène haute densité (PEHD), le tout injecté de ciment." Le diamètre de ce câble de continuité est de l'ordre de 18 à 20 centimètres, et il mesure plusieurs centaines de mètres.
"Ce genre de câble est monté à la fin du chantier, pour resserrer l'ensemble", continue Christian Tridon. "La rupture a eu lieu dans un déviateur, ce qui est assez normal puisque c'est sur ces points que les contraintes et les frottements sont les plus importants." Quid du rôle supposé joué par de la mousse de polyuréthane ? "Ce n'est pas le point-clé", assure l'expert. "Il devait y avoir au droit des ancrages de la mousse PU, peut-être mal injectée."
Les services du Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema) sont actuellement à pied d'œuvre pour comprendre les raisons de la rupture. Mais aussi pour connaître l'état des autres câbles de précontrainte, ce qui constitue un travail "difficile" selon Christian Tridon. "Quant à remplacer le câble défaillant, cela peut être fait rapidement."