DRAME. Alors que des voix se sont élevées pour dénoncer la vétusté du bâtiment, le bailleur de l'immeuble où est survenu le violent incendie du 19 août 2023 rejette cette cause pour expliquer le drame qui a coûté la vie à 3 personnes. Les élus se veulent tout aussi prudents, attendant les conclusions de l'enquête en cours pour "adapter" la réaction de la municipalité.
Le 19 août 2023, un violent incendie survenait dans un immeuble d'habitation de la cité Maurice-Thorez, sur l'Ile-Saint-Denis. Le bilan est lourd : 3 personnes ont perdu la vie, une vingtaine d'autres ont été blessées dont deux pompiers. Un drame qui choque les habitants de la ville de 8.600 habitants, et met en colère certains d'entre eux. Car il y a deux ans, un autre incendie avait eu lieu dans ce même immeuble, sans faire de victime.
La vétusté du bâtiment a rapidement été mise en cause par certains. Le maire, Mohamed Gnabaly, a conscience que "de nombreuses questions restent sans réponse suite à ce drame et les Ilodyonisiens ne pourront pas reprendre le cours de leurs vies tant que des réponses claires n'auront pas été trouvées", comme il l'indiquait dans un post Facebook peu après le drame. "Le plus frustrant est de ne pas savoir quelle en est l'origine et cette attente génère beaucoup de peur", a-t-il insisté le lendemain au micro de BFM TV. Mais il a aussi appelé à la prudence, demandant de ne "pas forcément corréler la question de l'entretien du bâtiment et l'origine du feu".
Un contrôle effectué il y a peu
Contacté par Batiactu, son adjoint au cadre de vie, Jacques Paris, est tout aussi prudent. "Nous sommes suspendus aux conclusions de l'enquête en cours, un temps qui n'est pas celui de l'information. De cela découlera la réaction de la ville, nous l'adapterons en fonction des retours que nous aurons. Mais pour le moment, tout est encore très flou."
L'élu rappelle qu'un nouveau bailleur, Seine-Saint-Denis Habitat, avait repris le patrimoine de la cité Maurice-Thorez, mais également celui de Marcel-Paul et Marcel Cachin en février 2022. La Ville a émis une exigence lors de ce rachat : "le bailleur devait engager une rénovation lourde du patrimoine récupéré. Les travaux sont en cours sur Marcel-Cachin. Ils étaient programmés pour 2025 à Maurice-Thorez". A sa connaissance, il n'y avait pas de souci de sécurité majeur à déplorer sur les immeubles de cette dernière résidence. "Un contrôle autour de la sécurité incendie a été effectué il y a peu, me semble-t-il. Si le bailleur nous dit que tout va bien, nous le croyons, car nous sommes dans une relation de confiance", fait-t-il savoir.
"Un patrimoine ancien ne veut pas dire vétuste"
Ce que confirme d'ailleurs Seine-Saint-Denis Habitat. Bertrand Prade, son directeur général, a ainsi assuré au micro de France 3 Ile-de-France que l'immeuble ne présentait "pas de défaut de sécurité. Sinon, nous les aurions corrigés et aurions avancé la rénovation". Car oui, a-t-il reconnu, "c'est un patrimoine ancien, ce qui ne veut pas dire vétuste, se défend-il. Il a besoin d'être rénové, modernisé. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'est pas conforme." Le maire compte malgré tout demander au bailleur "d'accélérer son calendrier" de travaux, pour "déminer" la crainte des habitants.
Si certains d'entre eux ont pu récupérer quelques affaires à leur domicile, impossible pour le moment de retourner vivre dans leur logement. Sans compter que les quatre derniers niveaux (du 9e étage, où s'est déclaré l'incendie, jusqu'au 12e) sont de leur côté totalement inaccessibles, car l'escalier et ses attaches métalliques ont été fragilisés par l'incendie.