Les sociétés Theolia et Vol-V viennent d'inaugurer le parc éolien des Gargouilles situé aux portes de la plaine de Beauce, non loin d'Etampes. Il comprend 16 éoliennes d'une puissance totale de 36,8 MW. Elles produiront ensemble suffisamment de courant électrique pour la consommation de plus de 34.000 personnes. Un projet de très longue haleine dont les concertations avaient débuté dès 2003.
Le parc éolien des Gargouilles vient d'être inauguré, à cheval sur les régions Île-de-France et Centre, à mi-distance de Paris et d'Orléans. Le projet a débuté au cours de l'été 2003, avec des échanges entre les municipalités de Gommerville, Oysonville (Eure-et-Loir) et Pussay (Essonne), situées aux portes de la plaine de Beauce. Une situation idéale pour des éoliennes du fait de la topographie uniforme et dégagée qui permet d'éviter les phénomènes de turbulence et les perturbations locales liées au relief du terrain. D'autant que les vents dominants d'ouest-sud-ouest et est-nord-est sont stables tout au long de l'année avec une vitesse moyenne de 27 km/h. En janvier 2004, une rencontre avec les propriétaires et exploitants est organisée ainsi que plusieurs réunions publiques. Les élus locaux visitent le parc éolien de Clastres dans l'Aisne au mois de novembre afin d'appréhender les implications d'une telle installation. Tout au long de l'année et en 2005, des études environnementales (avifaune, chiroptères, impact acoustique et visuel) et techniques (analyse du gisement et choix des implantations) sont réalisées.
La demande de permis de construire est déposée en novembre 2005. Puis, une enquête publique est menée à l'automne 2007, afin de consulter l'ensemble de la population avant la fin de l'instruction du dossier. Grâce à la participation active de l'ensemble des parties, un consensus est finalement trouvé quant à l'implantation des éoliennes. Le site se caractérise par une très faible densité, l'agriculture étant l'activité dominante. La ferme la plus proche du parc se trouve à plus de 900 mètres. Entre décembre 2007 et mars 2008, la préfecture autorise la construction du parc mais il faut attendre janvier 2011 pour que les travaux débutent réellement. Seize éoliennes Enercon d'une puissance unitaire de 2,3 MW sont installées par groupes de quatre. Chacune nécessite d'importantes fondations : 311 m3, pour un poids de 717 tonnes (dont 33 de ferraillage) afin de stabiliser le pylône de 78 mètres de haut. Cette étape dure jusqu'au mois d'avril, moment du levage des éoliennes.
Près de 24.000 t. de CO2 économisées
Les tours de 78 mètres (214 t.) sont montées, entre avril et juillet 2011, afin de supporter les nacelles de 71 tonnes (dont 54 t. pour la seule génératrice) et les rotors de 82 mètres de diamètre (50 t.). A la fin de l'année, l'ensemble des éoliennes est installé est le parc peut entrer en service. Les trois éoliennes implantées sur la commune de Pussay sont d'ailleurs les trois premières installées dans la région Île-de-France. Aujourd'hui, la société Theolia exploite le parc pour son compte propre et pour celui de Vol-V. La production électrique des 16 génératrices est envoyée vers quatre postes de livraison raccordés au réseau public par le poste source de Monnerville (Essonne). L'électricité produite est consommée par les villes et villages à proximité, jusqu'à Etampes ou Chartres. Il a été estimé que le parc représente une économie d'émissions de 23.700 tonnes de CO2 par an par rapport à des sources énergétiques fossiles. Quant à la durée d'exploitation, elle sera de 20 à 25 ans au terme desquels les éoliennes seront remplacées ou démantelées, une opération à la charge des propriétaires du parc. L'investissement total s'est finalement monté à plus de 48 millions d'euros. Après dix années de travail, les différents intervenants du projet soulignent qu'un allègement des contraintes administratives pour la réalisation de tels projets restait nécessaire afin de poursuivre le développement du secteur éolien en France.
L'ascension d'une éolienne
Si on aperçoit souvent les éoliennes de loin, il est rare d'avoir la chance de les approcher et plus encore, d'y grimper. Mais une telle opération n'est pas anodine : avec 80 mètres de vide sous les pieds, toutes les mesures de sécurité s'imposent. L'ascension débute par l'enfilement de tout l'équipement d'escalade : baudrier, système Stop chute, longes, casque et gants de protection. Ainsi harnaché, on se dirige vers le pied du pylône où l'on gravit une première échelle de quelques mètres. Mais hors de question de gravir les 70 mètres restant à la seule force des bras et des mollets : un minuscule monte-charge d'une capacité de 240 kilos emmène au sommet en 3 minutes dans un bruit d'enfer de crémaillère et de moteur électrique.
Une fois arrivé, et après avoir grimpé une dernière échelle, on est surpris par le volume intérieur de la nacelle - beaucoup plus vaste qu'il n'y paraît quand on se trouve 80 mètres en contrebas - et par la chaleur qui y règne. En été, les installations électriques peuvent faire monter le thermomètre à 55 °C. Un supplice pour les techniciens chargés d'y intervenir. « Surtout en hiver, raconte Mickael de la société Eneria. A l'intérieur il fait 20 ou 30 °C mais si on sort de la nacelle, on fait face à des vents qui font chuter la température à -15 °C. Sacré chaud-froid ! ». Des conditions qui à la longue s'avèrent usantes, surtout lorsqu'il faut entreprendre la descente, avec le matériel et toutes les étapes de sécurisation.