POINT DE VUE. Patrick Vrignon, président-fondateur de BTP Consultants, a rédigé une tribune en réponse aux annonces faites par la ministre de la Ville et du Logement, Julien Denormandie, concernant le plan BIM 2022 et l'absence d'obligation de la maquette numérique.
Dans un texte publié le 3 décembre 2018, Patrick Vrignon, président de BTP Consultants, interpelle le Ministre de la Ville et du Logement, Julien Denormandie, suite aux annonces sur le plan BIM 2022, révélées le 15 novembre 2018 aux Assises du logement. "Fallait-il rendre le BIM obligatoire ? Non, de trop nombreuses entreprises auraient raté des marchés publics", expliquait alors le ministre. Un point de vue partagé par le président de BTP Consultants, qui regrette toutefois l'absence d'une éventuelle obligation à terme de l'usage de la maquette numérique. "La France, seul pays n'affichant pas une obligation BIM pour ses futurs projets publics ne risque-t-elle pas de se retrouver à la traîne ? Pourquoi tant de précautions ? Certainement en partie parce que le politique, par méconnaissance du monde de l'entreprise, sous-estime la capacité des entrepreneurs à s'adapter aux contraintes du marché", regrette Patrick Vrignon, qui pointe également le manque d'ambitions des organisations professionnelles, "trop soucieuses de laisser de côté une partie de leurs adhérents".
"Faire du BIM pour faire du BIM n'a aucun sens si au bout du compte nous n'en tirons pas des avantages pour nos bâtiments et notre industrie", déplore le président de BTP Consultants. Il reproche notamment aux pouvoirs publics de ne donner, ni de ligne directrice à la transition digitale du secteur, ni suffisamment d'informations sur les bénéfices du BIM pour le secteur. "Prenons l'exemple de l'Allemagne, une structure dédiée au BIM a été créée et développée sur fonds privés. L'objectif affiché par le gouvernement est de demander au secteur d'intensifier ses efforts pour définir des normes et des nouveaux processus dans les prochaines années", explique Patrick Vrignon. Il estime qu'il serait bénéfique de donner des objectifs ambitieux aux maîtres d'ouvrages qui les déclineront aux différentes équipes sur les chantiers. Il cite notamment l'Allemagne, qui veut rester "leader dans le nombre de brevets européens déposés dans le secteur", et la Grande-Bretagne dont l'objectif est de réduire de 20 % les coûts de construction. Il conclut son texte en interpellant Julien Denormandie : "Oui, Monsieur le ministre, la grande majorité des acteurs du bâtiment est prête à relever le défi de la transition digitale. Elle n'attend plus que vous fixiez des objectifs à la hauteur du rang tenu par notre pays".
Pour rappel, le ministre de la Ville et du Logement a confié le plan BIM 2022 à Yves Laffoucrière. Le projet, qui s'articulera autour de deux axes : généraliser la maquette numérique et donner aux acteurs l'accès à ses outils pour travailler, sera doté d'une enveloppe de 10M €. Julien Denormandie estime que la digitalisation permettra de construire et rénover plus vite et moins cher.