Près de 30 entreprises de BTP de la Vienne et des Deux-Sèvres réclament entre 4 et 5 millions d'euros d'impayés à l'ex-région Poitou-Charentes. Une ardoise laissée au nouveau président de la région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, qui dénonce une "dérive financière" de ses prédécesseurs et a commencé à régulariser la situation. Le point sur l'affaire.
Les factures en retard de l'ex-Région Poitou-Charentes provoquent des remous chez les entreprises du BTP, notamment du département de la Vienne et des Deux-Sèvres. Depuis le mois de janvier 2016, la fédération départementale du bâtiment (FFB) de la Vienne et son homologue des Deux-Sèvres, ont fait remonter les vives inquiétudes de leurs entreprises adhérentes : 19 entreprises pour le département de la Vienne ont été victimes de factures d'impayés et 9 PME dans celui de la Vienne. Le délai réglementaire de paiements sous l'ordre de moins de 30 jours a été largement dépassé...
Une situation connue par la nouvelle Région Aquitaine/Limousin/Poitou-Charentes, présidée par Alain Rousset (PS) qui dénonce une "dérive financière" de l'ex-région Poitou-Charentes qu'il entend bien régulariser.
Dans son discours inaugural en début d'année, il précisait ainsi avoir découvert "Des impayés depuis juillet 2015, pour plus de 130 millions d'euros (Ndlr :132 millions d'euros, c'est-à-dire 62 millions d'euros en investissement et 70 millions d'euros en fonctionnement), qui pénalisent nos partenaires, nos entreprises, nos lycées, qui ont légitimement le droit d'être payés en temps et en heure, mais qui pénalisent également les finances de la grande région puisque ces impayés viennent directement impacter le budget 2016", rappelant bien que "c'est l'ex-région Poitou-Charentes qui avait interrompu tout ou partie des paiements à compter du mois de juillet de l'année 'n' pour les acquitter les deux premiers mois de l'année 'n+1'..."
"A l'heure, où je vous parle 46 millions d'euros ont déjà été payés", précisait le président de Région, Alain Rousset, le 21 février 2016, dans un entretien à nos confrères des quotidiens Sud-Ouest et La Nouvelle République du Centre-Ouest.
Une créance de 893.000 euros dans la Vienne
Quelle est la situation pour les entreprises du BTP ? "Nous avons été alertés en début d'année par 19 entreprises, soit l'équivalent de 450 salariés sur des chantiers réalisés notamment dans des lycées, qui n'avaient toujours pas été payés depuis fin 2015, nous explique Jérôme Beaujeaneau, président de la Fédération du bâtiment de la Vienne. Des créances au profit d'entreprises allant de 10 à 200 salariés et remontant à octobre ou novembre 2015."Pas de quoi les mettre en péril, reconnaît le président de la FFB Vienne, mais cela représente pour elles des décalages de trésorerie conséquents. "Nous sommes toutefois confiants, les règlements ont déjà bien commencé afin que l'enveloppe soit définitivement réglée à nos entreprises au plus tard le 15 mars prochain",complète le président de la fédération.
"A ce jour, nous enregistrons encore 893.000 euros de retard sur les 4 et 5 millions d'euros réclamés à l'ex-région Poitou-Charentes seulement dans le secteur du bâtiment", détaille le responsable de la fédération, précisant bien qu'aucune démarche juridique n'a été enclenchée par la FFB contre la Région.
"Plus le délai s'allonge, plus on va enregistrer des entreprises défaillantes !", la FFB des Deux-Sèvres
Du côté des Deux-Sèvres, la situation est plus délicate et la Fédération départementale reste inquiète. "Nos neuf entreprises qui accusent un retard de paiement de 255.645 euros n'ont toujours pas été régularisés à ce jour, malgré un appel d'assurance ce lundi de la part du commissaire du Redressement productif, nous signale une représentante de la Fédération du département de la Vienne, interrogée par Batiactu mardi 1er mars. Plus le délai s'allonge, plus on va enregistrer des entreprises défaillantes ! "
"Lorsque des entreprises ont appelé la Région mi-décembre, pour des retards, on leur répondait que les versements étaient bloqués et qu'ils reprendraient mi-janvier...", poursuit-elle.
Une créance de plus de 100.000 euros pour des travaux sur trois lycées
La fédération nous donne ainsi l'exemple d'entreprises adhérentes qui accumulent des décalages de 13.500 euros et 17.500 euros pour des travaux réalisés au 30 octobre 2015 dans des lycées. Sans compter une créance de plus de 100.000 euros pour une entreprise de 15 salariés sollicitée pour des chantiers sur trois lycées !Dans le cadre des marchés publics, les entreprises ont la certitude d'être réglées. Mais la seule question qui se pose c'est toujours, "Quand ?", ajoute-t-elle.
De son côté, la région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, interrogée ce mardi pour faire le point sur les régularisations nous indique préférer s'exprimer dans les prochains jours.